Eloge de la désobéissance

par Caramelle
mardi 28 octobre 2008

« Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire », A. Einstein.
Lorsque l’on s’intéresse un tant soit peu à ce que l’homme fait effectivement sur terre, à la manière dont il a notamment façonné notre époque (XXe et début du XXIe siècle), on en vient inexorablement à se demander comment on a pu en arriver à diffuser de telles horreurs sur la planète...
Si j’ai bien suivi mes cours de statistiques, de démographie, de psychologie... la population « suit une loi normale », selon l’expression consacrée.
Cette loi nous apprend qu’à peine 2 à 5 % des hommes sont affublés de diverses pathologies notoires et dévastatrices (sadisme, paranoïa et autres joyeusetés).
On peut s’interroger alors sur les raisons qui font qu’à des moments de notre histoire (très fréquemment) ceux-là mêmes que la morale de la grande majorité des hommes désapprouvent, gagnent la partie et font subir aux autres leurs délires dont ils ont seuls le secret - les bêtes ne s’adonnant pas à de tels divertissements...
 
Depuis mon plus jeune âge, je me suis toujours demandé comment moi-même j’aurais réagi pendant la Seconde Guerre mondiale...
Je me demandais quel « supra pouvoir » étrange était le leur pour ainsi imposer leur vision maladive.
Je me disais bien que, compte tenu du nombre finalement minime d’« hallucinés », ce n’était pas tant eux le problème si on savait les circonscrire, que ceux qui les ont portés au pouvoir, ceux qui ont cru pouvoir les manipuler dans leurs propres intérêts, tous les « schizophrènes » en herbe qui les ont suivis sans prétendre renier leur propre morale, ceux qui s’en sont désintéressé et qui ont laissé faire, tous ceux qui ont regardé la menace enfler en se disant – souvent consciemment, mais sans volonté de nuire – qu’ils n’étaient pas concernés ou qu’ils n’y pouvaient rien... bref, que c’est cette passivité assourdissante qui génère les enfers...
 
Je me disais confusément que cela devait toucher quelque part à quelque chose d’intouchable, d’inaccessible, peut-être de « sacré » pour arriver à surpasser toutes les philosophies et les commandements religieux ! Je savais bien que certains appelaient cela la « nature humaine », mais je n’ai jamais perçu 95 % de l’humanité comme irrémédiablement démoniaque et tortionnaire.
 
Loin de vouloir donner des leçons à quiconque, cette interrogation est devenue tour à tour et même simultanément obsédante, déprimante, intéressante, intrigante, déroutante...
 
Les lectures d’Hanna Arendt, de Primo Lévi, de Stanley Milgram, de Michel Terestchenko, d’Alexandre Soljenitsyne, les expériences relatées de Philip Zimbardo m’ont beaucoup apporté, mais sans me donner pour autant toutes les réponses à mes questionnements.
Une amie m’a récemment parlé d’un livre : L’Eloge de la désobéissance de Rony Brauman, je ne l’ai pas encore lu, mais son titre nous renvoie à l’urgence de déconditionnement et de désintoxication de toute propagande...
 
Aujourd’hui « LA crise » et les élections américaines (en ce qu’elles pourraient potentiellement mettre fin aux dérives de la « guerre contre le terrorisme ») de ce début de XXIe siècle nous offrent l’opportunité une fois encore d’essayer de comprendre ce mécanisme et surtout de nous pencher sur ce qui nous permettrait à l’avenir de nous prémunir de cette terrifiante apathie.
 
Pour ce faire, il me semble devoir – avec le maximum d’honnêteté et de recul humainement possibles – faire un premier travail d’introspection collective en identifiant nos croyances et les conséquences qui en découlent, en permettant de détailler les discours manipulatoires et en proposant des pistes d’amélioration dont la plupart relèvent de l’éducation et de la transmission tant il est vrai que cela reste le moyen privilégié de passer du stade de « barbare » à celui de « civilisé ».

Lire l'article complet, et les commentaires