En 2002, Vladimir Poutine n’était nullement inquiet de voir l’OTAN s’élargir à l’Est

par Jean Dugenêt
samedi 17 décembre 2022

Le 12 mars 1999, la Pologne, la Hongrie et la Tchécoslovaquie ont rejoint officiellement l’OTAN au cours d’une cérémonie qui s’est déroulée à Indépendance, ville du Missouri.

Le 28 mai 2002, le Conseil OTAN-Russie a été établi, lors du sommet de Rome 2002, par la déclaration intitulée « Les relations OTAN-Russie : une qualité nouvelle ». Je reproduis ci-dessous un extrait de l’allocution prononcée à cette occasion par M. Vladimir Poutine afin de bien montrer, qu’à cette époque, il n’était nullement inquiet par l’extension de l’OTAN à l’Est.

 Extrait de l'allocution prononcée par M.Vladimir Poutine, président de la fédération de Russie, lors du sommet de Rome de 2002

 « Nous sommes réalistes et nous n'oublions pas que l'histoire des relations entre la Russie et l'Alliance de l'Atlantique Nord n'a pas été facile. Nous avons parcouru un long chemin - de l'opposition au dialogue, de la confrontation à la coopération. Et nous sommes pleinement conscients que la signature de la Déclaration de Rome n'est que le début de l'établissement de relations fondamentalement différentes. En effet, je peux confirmer ce que notre hôte distingué, le Premier ministre italien a dit, le Président Bush et moi-même en avons discuté longuement à Moscou.

Mais je dois vous dire que la décision de conférer une qualité nouvelle aux relations OTAN-Russie a été positivement perçue par des millions de Russes. Et je pense que les populations des pays d'Europe occidentale, des Etats-Unis et du Canada voient également dans cette mesure la preuve de notre volonté commune d'assumer la responsabilité du maintien de la paix et de la stabilité sur la planète. Notre point de départ, c'est la certitude que ni les missiles nucléaires, ni les engagements du temps de la Guerre froide ne sont plus et ne peuvent plus être le remède universel aux menaces modernes.

Nous signons une Déclaration qui définit clairement les principes de coopération, établit le mécanisme sous la forme du nouveau Conseil OTAN-Russie, et énonce déjà les domaines initiaux dans lesquels s'appliqueront nos efforts conjoints. C'est pourquoi nous croyons fermement que le document de Rome n'est pas une simple déclaration d'intentions, mais le solide fondement de travaux constructifs menés conjointement.

La Russie s'y intéresse principalement en tant qu'instrument de travail. Il est essentiel que notre coopération "à 20" soit établie sur la base solide du droit international - la Charte des Nations Unies, l'Acte final d'Helsinki et la Charte de sécurité européenne de l'OSCE. Ainsi, nous intégrerons le nouveau Conseil dans le réseau des actions complémentaires d'organisations mondiales et régionales œuvrant dans le domaine de la sécurité.

Pour la Russie, étant donné sa position géopolitique, le renforcement de la coopération avec l'OTAN, en tant que partenaires égaux, est l'un des aspects concrets de l'approche multiple, qui est la seule solution que nous puissions adopter, et que nous avons l'intention de mettre en œuvre résolument. Nous ne nous considérons pas comme étant en dehors de l'Europe mais, selon nous, il est également inconcevable que l'on sous-estime le rôle des mécanismes approuvés de coopération en Asie et dans la Communauté d'États indépendants.

Ce n'est qu'en combinant harmonieusement nos actions dans tous ces domaines que nous créerons de vastes possibilités qui permettront de bâtir une seule grande région où régnera la sécurité - de Vancouver à Vladivostok. Je pense que tous ceux qui participent à la réunion aujourd'hui partagent cet avis.

Aujourd'hui, nous tenons notre toute première réunion "à 20". Nous espérons que nos relations avec l'OTAN continueront de se développer et que la qualité de ces relations s'améliorera. Et notre tâche difficile, qui est importante pour nous tous, sera fondée non seulement sur le respect mutuel, mais aussi sur la volonté de chercher de nouveaux terrains d'entente. Ce n'est qu'ainsi que la logique des intérêts communs pourra se transformer en logique d'action conjointe. J'estime que c'est l'une des tâches essentielles du Conseil OTAN-Russie. »


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