En Afghanistan, les américains redécouvrent la Lune (8)

par morice
mercredi 10 juin 2009

La saga de la famille d’orthodoxes vendeurs de mort n’est pas encore terminée. Chez AEY, il y avait trois dirigeants. Efraim était le patron, le vice-président s’appelait David Packouz et le directeur général Levi Meyer. Si le dernier ne présente pas beaucoup d’intérêt pour la suite de notre enquête, le second est une véritable mine de renseignements. Masseur de formation, il tente de se faire passer depuis son inculpation pour un doux hippie irresponsable, fan de musique et de produits interdits, devenu bon père de famille. En réalité, ses activités passées de vendeur d’armes le relient comme son patron à une famille tout aussi juive et orthodoxe, celle-ci reliée à un sectarisme encore plus prononcé semble-t-il. Un sectarisme que nous avons déjà évoqué ici, qui relie religion et armée et dont nous avons vu les effets dévastateurs récemment à Gaza. L’histoire du dépôt de Gerdec va en effet nous y amener par une voie indirecte. Celle de David Packouz, personnage fantasque manipulé ou bien utilisé, comme l’a été Efraïm Diveroli.

Diveroli avait un "assistant" ou un "second" au sein de son entreprise, un "associé" qui répondait au nom de David Packouz, et dont la profession était "masseur". Pas beaucoup plus âgé que Diveroli et fan de guitares et de musique paraît-il : c’est sa nouvelle "profession"...en tout cas. En attendant son procès qui doit se tenir en septembre 2009. Il fait profil bas, en fait, il y a tout intérêt, risquant toujours 5 années de prison au total pour son trafic. Le gag, c’est que n’était pas non plus un total inconnu. Ou plutôt sa famille ne l’était pas, inconnue. "He appears to be the son of Rabbi Kalman Packouz (a.k.a., Kenneth M. Packouz) of Miami Beach, author of How to Prevent an Intermarriage. Rabbi Kalman is Executive Director of Aish HaTorah Jerusalem Fund". Un lien qui n’est pas le fuit du hasard. C’est donc le fils d’un rabbin ultra-orthodoxe, lui aussi, qui s’oppose aux mariages entre juifs et non juifs et a même pondu un livre sur la question. Un père qui en même temps crée un site de contacts entre juifs célibataires, le premier du genre : le "Jewish Computer Dating Service", un club de rencontres dédié. Les rabbins ultra-orthodoxes s’intéresseraient-ils au sexe ? Un fils, en tout cas, qui est bien allé en israël pour se faire remettre dans le droit chemin : "Packouz’s experiments with drugs during high school had led his family to ship him off to Israel. After his return, he attended college for two semesters, then left to become a massage therapist" dit une bio : qu’est-il donc allé faire ou apprendre là-bas après avoir tâté de la marijuana ??? Mais pas que de ça, en fait : il cite aussi ses expériences avec le LSD et les champignons hallucinogènes.. Mais en quoi donc a consisté son "redressement" ?
 
Une rapide recherche nous apprend ce qu’est en réalité la Aish Ha Torah : un mouvement juif orthodoxe extrêmiste, tout simplement : son nom l’indique, ça signifie "le feu de la Torah".  Son fondateur, le rabbin Rabbi Noah Weinberg, est décédé le 6 février dernier. Dans sa biographie, on apprend quelle est la philosophie religieuse de son mouvement récent (ll l’a créé en 1974 seulement), et à quoi elle correspond pour ses adeptes. Essentiellement une "formation" de retour à la spiritualité "oubliée", par l’intermédiaire de sa fondation, qui se vante d’avoir reçu comme soutiens célèbres "Steven Spielberg, Mikhail Gorbachev and Margaret Thatcher". Ouh là, on ne fait pas dans le détail. Comme Weinberg ne faisait pas dans le détail en parlant d’un "nouvel holocauste", à venir, celui de la méconnaissance des jeunes juifs de leur propre judaïcité. Les termes utilisés sont bien ceux d’un fondamentaliste extrémiste : "Weinberg believed the greatest challenge facing Jewry today was the loss of Jews to ignorance, apathy and assimilation. He spoke of a spiritual holocaust that was depriving the world of more Jewish souls than the actual Holocaust. His disciples at Aish headquarters in Jerusalem would frequently invoke war metaphors to describe the struggle they were engaged in to save the Jewish people". Evoquer la guerre ? Sauver à nouveau les juifs ? Mais en faisant quoi ? La guerre ? Et en quoi "l’assimilation" serait une "erreur " ? le "peuple élu" ne doit pas se fondre dans la plèbe ? Y aurait-il dans ce sectarisme des relents évidents de racisme ? et qu’est ce-donc bien que cet holocauste spirituel ?
 
Et en quoi cela aurait-il permis à David Packouz, flls de rabbin orthodoxe, d’obtenir une "immunité", réclamée par son avocat, avant d’aller témoigner devant la commission du Congrès qui réclamait sa comparution ? "Marc D. Seitles, the lawyer who represents David M. Packouz, the licensed massage therapist who is AEY’s former vice president, said he had sent a letter to Congress saying Mr. Packouz would speak publicly only if he was granted immunity from prosecution"  ? fallait-il qu’il s’estime à ce point protégé, mais par qui pour oser une telle affirmation ? Sur sa bio de guitariste, sa "nouvelle voie", il a tenu à noter ceci : "David Packouz was born in St. Louis, Missouri, the third of nine children of pioneering ’Internet Rabbi’ Kalman Packouz. While living in Jerusalem and Miami he became fascinated by science, studied chemistry and philosophy and practiced massage therapy and international business". .... Kalman Packouz, un pionnier de l’Internet ? Avec un site, le Shabbat Shalom Weekly, qui venait encenser des livres comme celui-ci ? Pendant que le père prie, le fils voyage, il est vrai, comme à Abu Dhabi (à l’IDEX 2004) : "By then, Diveroli was 21 years old and ran the company from an unmarked office, according to Packouz. AEY had only a few employees. Most were twentysomethings. Packouz doesn’t say much about the job. He mentions traveling to arms expos in Abu Dhabi and Las Vegas. In a photo on his MySpace page, buried among others of him playing the guitar and standing over a massage table, he smiles in front of a tank draped with a corporate slogan. In another picture, he poses with a gun in one hand and a steel briefcase in the other. The caption reads,"We only have the finest AK-47s in stock." Les meilleures Kalachnikovs ? Des armes dont Packouz ne souhaite plus parler ? Mais pourquoi donc ?
 
A moins que ce ne soit pour d’autres activités, beaucoup plus intéressantes : Packouz dirigeait aussi depuis 1999 (il est né en 1982 et avait donc à peine 17 ans !!!) une société de récupération de métaux : "In addition to his position at AEY, David M. Packouz is the president of Intelliteran, a "world class metal commodity trader specializing in metal scrap." Intelliterran’s principal place of business is 3150 Sheridan Ave, in Miami Beach, according documents filed with the Florida Secretary of State". Dynacore est en Floride, à Miami même : "Dynacore Industries was established in 2005 in Miami Beach, USA as a small trading company. Our specialties are medical supplies, linens, electronics and metal scrap - though we have a wide range of business interests and dealings. Please feel free to contact us with your offers." C’est à deux pas de chez Efraïm Diveroli.
 
A l’époque, il n’a donc pas 20 ans... c’est donc difficilement crédible, et on en revient au même focntionnement que pour son associé Efraïm : ces deux-là servent bien de paravent aux véritables responsables de la famille Botach-Diveroli. Sa société fournissait alors Dynacore : "Intelliterran also does business as Dyna Core Industries (Also spelled "DynaCore"), according to its profile on Manta.com..." Or Dynacore est bien elle aussi.... une société d’armements : "DYNACORE  Industries is a global provider of material and logistical defense solutions. Our services include procurement, logistics, and custom manufacturing of defense materials. We are a major supplier of critical defense equipment specializing in the production and distribution of custom built and hard-to-find defense related commodities". Avec un catalogue d’acheteurs assez remarquables :

"We  have successfully supplied critical defense materials to the following  organizations :

  • US  Army
  • US  Air Force
  • US  State Department
  • Afghan  National Army
  • Afghan  National Police
  • Iraqi  Security Forces
  • Iraqi  Police
  • Colombian  National Army
  • Colombian  National Police"
Et ce n’est pas tout : elle vend aussi à l’OTAN, dans la catégorie "Individual Equipment"
Comme le note la fine bloggueuse qui relate ses liens "notice that Dynacore claims to have many of the same clients as AEY, including the Afghan National Police and the US State Department. (DynaCore Industries should not be confused with well-known private security firm DynCorp, a totally separate entity.)" Et tout cela géré à partir de la maison familiale Diveroli ! (car c’est toujours la même adresse qui apparaît !) : "the house itself is a single family residence owned by Kenneth M Packouz and Rhonda W Packouz. The elder Packouzes use the their two-story single family home as an address for several non-profit ventures. We can assume the Packouzes also live there because they claim a $25,000 homestead exemption on their Miami Dade County property taxes". Le fils de rabbin qui prêche contre les mariages hors-religion n’est autre qu’un jeune paravent... à des activités plus que douteuses d’exportateur d’armes empruntées au dépôt de Gerdec... déguisées en "récupération de métaux"... Le rabbin prêche l’amour, et vend en même temps, au Pentagone, sous le nom d’emprunt de son propre fils des objets de mort. Et ce n’est pas un hasard quand on va lire la suite de ces aventures...
 
Les propos du rabbin Weinberg sont des propos essentiellement guerriers, donc... car l’un des programmes de "formation" de Weinberg s’intitule justement la "Hesder Yeshiva" ("l’arrangement" en hébreu). Un programme plus que controversé, car il s’adresse exclusivement aux.... militaires israëliens. Si une Yeshiva est un cente de formation talmudique classique, une "Hesder Yeshiva" ne s’adresse qu’aux militaires : "Hesder is an Israeli yeshiva program which combines advanced Talmudic studies with military service in the Israel Defense Forces, usually within a Religious Zionist framework". On peut aussi résumer ça à cinq années de lavage de cerveau dans une secte, vu de l’extérieur, une secte de futurs combattants : "Hesder service usually lasts a total of five years, within which participants are officially soldiers in the IDF. Through those five years, 16 months are dedicated to actual army service, comprising both training and active duty. In some Hesder Yeshivas service lasts six years of which 24 months are dedicated to actual army service. Almost all Hesder Yeshiva students serve in the army as combat soldiers. The remainder of the time in Hesder is designated for full time Torah study". Les militaires d’une Hesder Yashiva sont dans des régiments "à part", même si un controverse récente a souhaité les verser dans d’autres bataillons "normaux". Un lavage de cerveau sectaire, car fondamentalement, le mouvement est d’extrême droite, soutenant avant tout la colonisation. "As the organization has drifted into Israel advocacy work, in North America principally through its Hasbara Fellowships, it also has been branded as right wing and a supporter of Israeli settlements. Aish is “just about the most fundamentalist movement in Judaism today,” Jeffrey Goldberg of The Atlantic wrote in October." "le mouvement le plus fondamentaliste d’aujourd’hui"... lié à l’armée israëlienne et lié... aux commerce des armes ? Avouez que c’est complet là !!! Cela nous rappelle bien trop les invectives du rabbin Avichaï Rontzki délivrant son message de haine à ses soldats, avant de les lancer sur Gaza.. !!! 
 
Il nous reste en ce cas à affiner notre enquête ; la famille Diveroli a-t-elle bénéficié de ses liens avec un extrémisme orthodoxe pour hériter de contrats ?
 

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