En dépit des scandales sarkozyens : Les Africains ont le destin de la France entre leurs mains

par Alexandre Gerbi
samedi 28 août 2010

Dans un pays et dans un monde qui ne seraient pas complètement débiles et dépoulpés, face à la menace d’implosion qui s’amplifie en France – de l’ultraviolence des « jeunes » à l’obscurantisme politique et religieux en passant par la neurasthénie collective – au point que même les plus aveugles et les plus hypocrites ne peuvent plus la nier, on serait en droit d’espérer :

1 – Que l’Etat français lève le voile sur la plus grande imposture de l’Histoire de France, fondatrice de la Ve République, qui permit au général de Gaulle, il y a cinquante ans, de larguer la moitié africaine de la population française sous prétexte de « décolonisation » (qui n’eut d’ailleurs jamais lieu dans les faits, et pour cause…), en réalité pour éviter le métissage racial et culturel de la France et relancer la machine colonialiste (« néocolonialisme », « Françafrique » sous couvert d’« indépendance » et de « coopération »).

2 – Que les médias arrêtent de manipuler les Français, en faisant régulièrement l’apologie sans nuances de Charles de Gaulle, père du détestable régime actuel. Car en coulisses, tout le monde sait désormais parfaitement que si le De Gaulle de la France libre fut un héros parce qu’il incarna la France résistante anti-vichyste et anti-nazie, en revanche chacun sait aussi que le De Gaulle du largage de l’Afrique (abusivement qualifié de « décolonisation ») fut un monstre de duplicité et de cynisme doublé d’un traître à la République, à la démocratie, à l’Afrique et à la France.

3 – Que les intellectuels français fassent leur mea culpa pour leurs collusions avec le Système de la Ve République blanciste. Car ce régime a trahi les droits de l’Homme, la démocratie et les principes les plus fondamentaux de la République, sucé le sang de l’Afrique après l’avoir infiniment méprisée, et abruti les Français à grands coups de mensonges. Les intellectuels français seraient bien inspirés, en particulier, de cesser de se pâmer devant le souvenir du Général, de Jean-Paul Sartre et de Raymond Aron. En retrouvant les voix d’Albert Camus, de René Char, de Léopold Sédar Senghor, d’Alioune Diop et de Claude Lévi-Strauss.

4 – Que les Français cessent d’être dupes et se révoltent enfin contre un Système (Etat, médias et intellectuels) qui les traîne en permanence dans la boue en les traitant de racistes et de collabos, pour mieux masquer ses propres turpitudes sur ces chapitres.

5 – Que les Français issus du monde ultramarin, en particulier ceux d’origine africaine, comme leurs pères jadis combattants de l’Armée d’Afrique, montent en première ligne pour défendre la France agonisante que les Français « de souche » sont manifestement incapables de défendre.

Malheureusement, aucun de ces cinq événements ne risque de se produire, puisque la France entière est en voie de décomposition très avancée. Qu’il s’agisse de l’Etat, des médias, des intellectuels ou encore du peuple, qu’il soit blanc ou noir, chrétien, musulman, juif ou athée, plus aucune foi dans le pays, plus aucun amour, plus aucune envie de se battre pour lui, plus aucune envie de plaider sa cause.

Reste à espérer en les Africains. Non seulement parce que la France fut naguère leur pays, pour le meilleur et pour le pire. Mais aussi car la France fait partie du patrimoine nègre historique, puisqu’avant d’être trahie et défigurée par Charles de Gaulle et ses complices notamment états-uniens, la France était historiquement la première défenderesse du monde noir (sans pour autant être, il est vrai, une petite sainte, loin s’en faut…) et déjà, depuis longtemps, une nation en partie nègre. Si d’aventure la France achevait de mourir, c’est le monde noir, et par conséquent l’Afrique, qui perdrait un pan important de son patrimoine. En disant tout cela, j’ai conscience de parler chinois aux oreilles de beaucoup.

Au demeurant, comme en 1939-45, le salut de la France viendra-t-il du dehors de l’Hexagone, à savoir du continent noir ? La prochaine révolution française, nécessaire au pays agonisant, surgira-t-elle des cieux d’Afrique ? A défaut, il faut craindre que c’en soit fini de la France, qui du reste est peut-être déjà morte à l’heure qu’il est.

Au bord du gouffre, s’ils échappent encore à la loi d’affaissement et d’autodestruction française, les Africains doivent avoir conscience de cette responsabilité qui, comme il y a 70 ans, pèse sur leurs épaules : ils ont le destin de la France, une nouvelle fois, entre leurs mains.

A ceux que mon discours effare, je le répète : j’ai conscience de parler chinois aux oreilles de beaucoup.

Alexandre Gerbi

Auteur de Histoire occultée de la décolonisation franco-africaine (Ed. L’Harmattan), Alexandre Gerbi anime le blog Fusionnisme. Il est également membre cofondateur du Club Novation Franco-Africaine.



Lire l'article complet, et les commentaires