En marche vers le 19ème siècle, avec Macron ou Fillon

par Bernard Dugué
jeudi 8 décembre 2016

En 2017, un choix de société (parmi d’autres) est proposé entre le projet de François Fillon et la vision d’Emmanuel Macron. Mais rien de bien neuf. Fillon veut redresser la France, ce qui suppose qu’elle fut droite il y a des décennies et nous en sommes tous convaincus (éclats de rire dans la salle). Revenir à cette France debout s’exprime avec une notion, celle de restauration. En face, la marche en avant peut prendre un avatar assez conventionnel, celui du progressisme adossé au progrès industriel. Avec comme référence historique le positivisme, doctrine forgée par Saint-Simon prônant le volontarisme industriel et la gouvernance basée sur les aptitudes entrepreneuriales des chefs d’industrie sans oublier les scientifiques. La restauration a occupé une modeste période après la Révolution et l’Empire, de 1815 à 1830. C’est pendant cette période que Saint-Simon élabora la doctrine positivisme conçue comme un nouveau christianisme alors que son secrétaire particulier Auguste Comte perfectionna l’œuvre en inventant une religion de l’humanité et en faisant du positivisme une doctrine philosophique.

Le choix entre Fillon et Macron s’inscrit dans une alternative jouée avec des références historiques. Ce choix ressemble à la confrontation entre deux intellectuels du début du 19ème siècle, Joseph de Maistre et Saint-Simon, ou alors pour citer deux figures politiques historiques, Charles X et Louis-Philippe, surnommé roi des barricades par les chancelleries européennes. Qui sait si Macron n’a pas reçu de son épouse la sympathie des barricades, celles de 68 ? Mais quel que soit le choix, Fillon et Macron risquent de finir impopulaires comme par le passé les anciens monarques ayant oscillé entre les traditions et le modernisme. Fillon et Macron sont soutenus ; le premier par les héritiers des aristocathos ayant gouverné les monarchies modernes ; le second par les héritiers des bourgeois entrepreneurs et les capitaines d’industrie ayant façonné la révolution industrielle avec la connivence des cercles maçonniques, en Angleterre, en France, en Italie. Fillon et Macron ont un point commun, ils sont tous deux candidats de la bourgeoisie mais pas la même.

Fillon est dans un univers politique éclairé par la queue de la comète ayant traversé l’Histoire de la France et de sa religion sous l’égide de la Compagnie de Jésus. Macron serait plutôt dans la queue d’une autre comète, celle des Carbonaris et autres templiers laïques oeuvrant dans le secret. Il ne manque que le docteur d’Encausse pour donner un peu de couleur exotique à notre Macron en marche, pour l’instant plutôt fade mais excellent tribun et nouveau gendre idéal après Michel Drucker. Macron pourrait être un personnage de roman. Philippe Sollers pourrait le croquer comme un avatar de Lucien Leuwen. Quant à Fillon, il ne monte pas à cheval comme Philippe d’Orléans mais tel un François du Mans, il sait chevaucher les 500 chevaux d’une Ferrari en circuit fermé. Avec une nouvelle compétition pour les travailleurs, les 48 heures du Mans ! Finalement, on nous rabat les oreilles avec la rupture, le changement, le progressisme, mais rien n’a changé depuis Balzac et Stendhal. Que tout change pour que rien ne change !

Ce clin d’œil porté sur la politique ne se substitue pas aux analyses sérieuses. Il offre un éclairage avec quelques similitudes historiques qu’il faut prendre avec distance mais qui résonnent d’un sens certain. Le débat démocratique nécessite une discussion sur les programmes des candidats. Mais si l’on admet que les programmes ne sont appliqués que dans une proportion limitée, le débat démocratique reste du vent et une question de nuances envers des sensibilités politiques. Alors bon vent chers concitoyens, vive la république, vive la France !


Non, non, rien n’a changé

Tout, tout a continué

Non, non, rien n’a changé

Tout, tout a continué

Hey ! Hey ! Hey ! Hey !


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