Encore un p’tit effort, M’sieurs, M’dames !

par Elliot
vendredi 26 février 2016

De la métamorphose des cloportes à la métempsychose des âmes...

On fait beaucoup de cas ces derniers temps d'une tribune cosignée par Martine Aubry, mégère griffue, sortant de sa tanière lilloise et envoyant à l'équipage apostat en charge du bateau France la facture de ses renoncements…

Les réquisitoires circonstanciés déclinés dans cette bafouille ne souffrent aucune contestation, ils ont d'ailleurs déjà comme un parfum d'au-delà.

On veut bien croire à la sincérité des auteurs quand ils constatent avec effroi la submersion qui s'annonce de cette Gauche institutionnelle qui a pendant si longtemps bénéficié de leurs contributions zélées sans qu'ils se rendissent compte ( ou en fussent du moins autrement affectés ) qu'ils tissaient le garrot qui allait servir à les étrangler.

Car, c'est fou, par gros temps, ce que les regards se dessillent au PS. Et ailleurs, comme Daniel Cohn-Bendit pareil au phare d'Ouessant pour sauver de la noyade la social-démocratie en capilotade.

Las ! Ils sont maintenant comme ces spectateurs involontaires qui assistent, hébétés, figés, tout à leurs déplorations, à l'arrivée du tsunami qui va les engloutir ou du cyclone qui va les emporter.

Ils psalmodient leurs incantations en s'en remettant - tout comme les objets de leur ressentiments - à la Providence qui persiste à se dérober à tous ceux qui font appel à elle depuis la fin des trente Glorieuses.

La lucidité dans l'analyse de la catastrophe annoncée les glacent et comme le pélican de Baudelaire, leurs ailes de géant les empêchent de voler vers la recherche de nouvelles routes.

En effet, c'est toujours la même timidité à se libérer de la gangue du conformisme, c'est toujours la même pusillanimité à dégager les chemins d'un renouveau qui ne consiste pas dans le retour aux règles débridées qui ont favorisé la naissance, l'épanouissement et la domination du capitalisme et qui paradoxalement font figure aujourd'hui de nouveautés : le retour vers le passé d'arbitraires dont les luttes ouvrières avaient atténué les effets délétères. 

L'antésocialisme comme solution à la crise du socialisme ! La régression est bien dans l'air du temps, elle devient l'air du temps !

La loi ( par définition un ensemble de règles obligatoires ) El Khomry consiste à détricoter la loi et à l'affranchir peu ou prou des règles.

L'évolution vers une société libertarienne peut évidemment se concevoir mais qui ne voit l'abus de langage si on la situe dans un cadre idéologique socialiste.

On félicitera donc Martine Aubry et quelques autres d'avoir théorisé en Une du Monde ce que n'importe quel quidam ressent intuitivement en promenant son regard sur son environnement où il faut avoir une sacrée dose d'optimisme ou de relativisme pour ne pas être agressé par la misère.

Jusqu'à preuve du contraire l'initiative est plus politicienne voire tacticienne que politique quoi qu'en donnent à penser les feuilles de chou - appelées grands médias- qui ont pour métier de taire les grandes informations mais aiment à se gargariser de mots pour grossir démesurément les petites, c'est si bon pour la gorge de ceux qui se rengorgent !

Il est à craindre qu'elle ne se limite à ça, qu'elle consiste en fait à organiser consciemment ou inconsciemment ( cela dépend de la malice de chacun des cosignataires ) une course contre la montre, un coupe-feu pour empêcher tout le système de s'embraser.

On peut penser que pour eux la solution soit moins dans la guérison de la France crevant du chômage, de la désespérance sociale, du retour de la mythologie du sacrifice du bouc émissaire à la fureur des Dieux que dans l'administration de soins palliatifs pour permettre au malade de passer de la révolte inaboutie à l'indolence résignée.

On ne voit pas l'ébauche d'un projet sinon la fidélité à celui caduque que Hollande et Valls ont été contraints d'abandonner, enfin contraints, on se comprend !

 

En tout cas, les frondeurs pensent toujours s'épargner la douleur d'une intervention chirurgicale en usant de la pharmacopée traditionnelle réformiste et essaient de nous persuader de l'intérêt de changements cosmétiques pour préserver leur image en direction de cette Gauche populaire qui les a abandonnés et qu'ils s'obstinent à vouloir représenter sans vouloir la rejoindre dans sa dissidence.

 

Pourtant inévitablement les cartes seront distribuées mais quand et à la suite de quelle catastrophe ? La coexistence dans une même formation politique écartelée sur les valeurs, sur les voies et moyens et sur la finalité même des engagements n'est plus tenable et tout ce beau monde concentré sur son dilemme de résolution de la quadrature du cercle risque d'être renvoyé à ses chères études par les citoyens excédés.

 

Il n'est pas illégitime de penser que l'avenir de la France passe par le social-libéralisme qui est une euphémisation assez grossière du libéralisme tout court, cette opinion est respectable tout autant qu'une autre et ce courant n'est pas si novateur que ça .

Elle fait partie du grand bouillonnement intellectuel qui règne dans le champ doctrinaire de la Droite depuis la IIIe république, quand sont en fait apparues les diverses formes de la gouvernance bourgeoise, orléaniste, bonapartiste et libérale avec les différentes nuances qui les distinguaient et les passerelles qui les reliaient, le gaullisme étant en fait une parenthèse incongrue auquel les successeurs du général n'eurent de cesse de faire un sort.

 

Et question passerelle aujourd'hui entre une partie importante des LR et une autre ( qui ne l'est peut-être pas moins ) du PS, c'est un boulevard qui les relie.


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