Encore une macro-connerie économique sur le développement de l’Afrique
par Pr ELY Mustapha
lundi 9 juillet 2018
Si les français sont libres d’élire qui ils veulent à leur présidence, ils doivent solennellement lui demander de se taire. Cela aurait dû être le cas depuis « le casse-toi pauvre con », qui a sonné le glas du verbiage présidentiel intelligent qui depuis De gaulle donnait de l’élégance à la magistrature suprême. Ainsi si le fameux « Alors Dejean....On baise ! » du Général, tenait de l’esprit historique, le « Alors chez ces gens, on baise…trop ! » (autrement exprimé) de Macron tient de l’ineptie politique
Comment peut-on s’adresser à tout un continent, soit 54 pays africains, en justifiant son sous-développement… par la fertilité de ses citoyennes.
Les pays africains subissent des reprochent de tous bords, quant à leur développement, leur croissance et la corruption de leurs dirigeants. On aura tout entendu, sur tout et sur n’importe quoi mais si toutes les analyses se rejoignent sur un point - l’Afrique ne se développant pas, malgré ses potentialités et ses richesses – il n’en reste pas moins que certaines analyses, pour aboutir au même résultat, ont cette caractéristique de friser le ridicule.
Lorsque Macron déclare que le sous-développement de l’Afrique est dû aux taux de natalité élevé dans ces pays, il n’a pas échappé au ridicule. Bien que ne tuant pas, le ridicule n’empêche cependant pas, hélas, d’être président. La fertilité des femmes africaines, ou la forte libido des hommes africains, serait la responsable de la misère des peuples africains.
Macron, ne sait-il pas que certains pays africains avec moins de 5 millions d’habitant, ont plus de richesses naturelles, que la France ? Que les richesses d’autres pays africains sont telles qu’elles dépassent des centaines de fois celle de l’Europe tout entière et qu’elles pourraient l’approvisionner en matières premières, en énergie et en ressources naturelles, forestières, arboricoles et agricoles durant des siècles. Et que pourtant ces pays n’arrivent pas à se suffire en main-d’œuvre suffisante et/ou qualifiée.
La Mauritanie en est un exemple. Avec moins de 4 millions d’habitants, des richesses minières (fer, or pétrole, gaz etc.) et halieutiques faramineuses, sur 1,03 million km² de territoire, ce pays vit dans la pauvreté et la misère. Est-ce la faute à sa surpopulation et à sa fertilité galopante ?
Les exemples pourraient être démultipliés, toute une littérature y est consacrée, il suffit simplement de jeter un coup d’œil à la densité démographique du continent pour constater que ce n’est pas la démographie qui plombe l’Afrique, c’est le pillage de ses richesses, la corruption de ses dirigeants, la confiscation des ressources nationales par des minorités et une répartition calamiteuse du revenu national. La sous qualification, l’analphabétisme, les tares de l’éducation et les politiques publiques désastreuses réduisent les populations au chômage, à la mendicité et conduisent au détournement de ressources dont les peuples ne profitent pas et qu’ils contrôlent encore moins.
Si l’on parle souvent des 10 pays les plus peuplés d’Afrique (Nigéria, Egypte, RDC etc…), sur une cinquantaine en Afrique, on comprend bien qu’il ne peut s’agir d’un exemple démonstratif de la pauvreté due à la fertilité des populations, mais d’une pauvreté due à la mauvaise gouvernance et aux fléaux, cités plus haut, qui gangrènent le développement en Afrique et auxquels d’ailleurs la France, par sa politique de colonialisme économique et monétaire, n’est pas étrangère. Ces dix pays sont parmi les plus riches en Afrique et leur démographie rapportée à leurs richesses (si celles-ci profitaient aux populations), réduirait à néant tout l’argumentaire de la fertilité féminine cause de misère humaine.
Ce qui devrait être entrepris ce n’est pas de stigmatiser la fertilité africaine mais de souligner que l’évolution démographique en Afrique doit s’intégrer dans les politiques publiques des pays africains matérialisées par des plans de développement économique et social, sur le moyen et le long terme, afin de maîtriser pour le futur cette évolution et la mettre en adéquation avec le développement économique de ces pays.
Avec une population jeune et dynamique, l’Afrique ne subit pas les contrecoups économiques du vieillissement en Europe, elle profiterait bien de ce potentiel de ressources humaines extraordinaire, si ce n’était que le malheur de sa jeunesse vient de la sénilité de ses dirigeants et de leur maintien au pouvoir avec la complicité de pays occidentaux, dont la France.
Pr ELY Mustapha