Enseignants : c’est leur tour !

par Marcel MONIN
lundi 19 septembre 2022

 

Enseignants : c’est leur tour !

 

Quand le haut parleur d’une gare annonce un train, il dit d’où le train vient et où il va.

Quand le président de la République en activité annonce une réforme, il ne dit pas dans quel contexte s’inscrit ce qu’il raconte ou ce qu’il propose. Avec la technique Macron, relayée par les médias qui travaillent pour éviter la curiosité, tout se passe comme si la population française était incitée (pour reprendre l’image ci-dessus) à prendre un train. Et comme si, une fois arrivée, elle se rendait compte, que ce n’était pas là où elle voulait aller. Et que ce n’est pas ce qu’elle avait compris des exhortations à monter dans le train. Mais c’est trop tard : c’est l’astuce !

 

Annoncer une réforme dans laquelle les enseignants travailleront plus s’ils veulent gagner plus -, outre le ré - emploi de la ficelle grossière à tous points de vue (1) mise au point par les équipes Sarkozy - s’inscrit nécessairement dans un cadre.

Qui est le cadre des traités européens, qui sont conçus et rédigés pour mettre en place une société d’un nouveau genre, dans laquelle l’enseignement -notamment- (comme la santé et diverses autres services et activités, y compris des services conçus jusque là comme administratifs, voire régaliens) sont des produits « marchands ».

Et dans laquelle, un fonctionnaire est un employé comme un autre … et dans laquelle le lien contractuel est le lien normal entre l’employeur et le salarié.

 

Quand E. Macron annonce qu’il va mettre en place un mécanisme selon lequel les enseignants (appartenant actuellement encore pour la plupart à des corps de fonctionnaires) pourront gagner plus, s’ils acceptent des tâches supplémentaires (non prévues dans les obligations statutaires), il s’inscrit parfaitement dans cette logique (2).

Les enseignants seront en effet dans une sorte de situation contractuelle pour ces activités supplémentaires.

Situation qu’il suffira d’amender et de perfectionner pour que les enseignants puissent être recrutés librement par les établissements (idée dans les cartons assortie évidemment d’un argumentaire ad hoc), lesquels soumettront l’embauche à des conditions identiques à celle du commerce ou de l’industrie.

 

Mais évidemment, l’objectif (transformer l’enseignement -public- en activité marchande et gérée comme telle) est occulté. Comme il a été dit ci-dessus, ces techniques font partie du système de management de la population.

 

Marcel-M. MONIN

m. de conf. hon. des universités

 

( 1) « Si vous n’êtes pas assez payé pour donner à manger correctement à vos enfants, c’est que vous êtes un fainéant ». Appliqué aux enseignants : « S’ils ne consentent pas à consacrer du temps supplémentaire aux enfants, c’est qu’ils sont (en plus) des ‘sales types’ ».

(2) On peut multiplier les exemples de la méthode utilisée : les universités ont été rendues propriétaires de leurs locaux, se sont fait déléguer la gestion de la masse salariale ; l’accès à l’université a été petit à petit transformé ( avec un pas supplémentaire avec l’astucieuse procédure « parcours sup ») ; les montants des droits d’inscription sont de plus en plus laissés à la discrétion des établissements … Id. dans les autres secteurs ( santé, etc…)


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