« Entre l’Islam de l’Arabie Saoudite et l’Islam du Canada »

par Samir MOUSSA
jeudi 16 août 2018

« Gare à ceux qui s’attaquent à l’Arabie Saoudite ! »

Ainsi le message que le prince héritier Mohamed Ben Salman tente de passer depuis sa prise du pouvoir, le nouvel homme fort du royaume pétrolier, des fois modérateur, d’autres conservateur, des fois dictateur, d’autres rêveur, ne se laisse pas affaiblir depuis que Trump a mis les pieds dans la maison blanche, pourtant c’est le même prince héritier qui a offert à Trump des chèques bien garnis et une entrée triomphante au pays de la Mecque, avant de partir victorieux à Jérusalem pour la reconnaitre capitale de l’état d’Israël.

Leader d’une coalition arabe contre le Yémen, chef d’orchestre d’un embargo sur Qatar, exécuteur de l’opposition, et collecteur des fortunes des autres princes, l’Arabie Saoudite de Mohamed Ben Salman ne perd pas le temps et se montre dure face à toute tentative de remise en cause, le dernier épisode n’est d’autre que la crise diplomatique avec le Canada !

C’est impressionnant, surtout que cet épisode cache un débat profond, très profond même, que personne n’ose en parler, et d’ailleurs la raison de cette crise en est la preuve, il s’agit des droits d’hommes, que le Canada, ce pays qui interprète à merveille l’Islam -Sans même se rendre compte- et défend ses valeurs, face à un pays qui se proclame gardien de l’Islam -sans même respecter ses fondements et la raison d’envoi du message au prophète Mohamad-.

Cette crise pourra servir de mobile pour revoir notre compréhension de cette religion, qui n’est d’autre que la religion dont Moises a fait le rappel, tout comme Jésus, tout comme les autres prophètes et messagers, l’Islam tel qu’il est définit par le Coran, et non par la lecture de ceux qui l’ont interprété depuis des siècles, l’Islam dont Mohamad était le dernier messager et dont le message est adressé à tous les humains, et qui vient compléter les valeurs humaines, et annoncer le début de la législation humaine, sans intervention divine directe.

L’islam aujourd’hui, vit une crise d’identité, la communauté dite musulmane n’arrive pas à sortir de la bulle des règles mises en place par des hommes « de religion », tout comme le christianisme et le judaïsme bien avant, des règles en parfaite contradiction avec le message si on se réfère au texte coranique, un message clair et destiné à tout le monde, même aux non-croyants, d’ailleurs un message qui preuve sa véracité de jour en autre, et on le retrouve dans des pays qui ont rendu les valeurs humaines leur pilier pour bâtir des sociétés qui garantissent la liberté et la justice à leurs concitoyens, des pays qui ne font pas Ramadan, qui ne prient pas cinq fois par jour, mais qui respectent la liberté de croyance, et l’égalité à tous, tel que le Canada avec sa diversité et son esprit ouvert, malheureusement une liberté et ouverture qui ont heurté les sentiments de l’Arabie Saoudite de Mohamed Ben Salman.

L’islam qui a refait surface sur la terre de la Mecque, et qui a abolit l’esclavage et l’enclave des droits de la femme, l’Islam qui a remédié à la prise du pouvoir en le rendant une affaire gérée par le peuple selon le système qui leur convient, tout en respectant les droits de tout le monde.

Cet Islam, que nous avons du mal à le voir aujourd’hui dans les sociétés et les pays qualifiés de musulmans, alors qu’il s’agit d’une affaire personnelle qui concerne chacun, car ce n’est pas à l’Etat de ramener les gens au paradis ou à l’enfer, mais ceci reste entre l’humain et son créateur, par contre, le rôle de l’Etat est de s’assurer que les valeurs humaines soient respectées, et que les relations entre les citoyens soient régies correctement et convenablement.

L’Islam que les arabes ont du mal à comprendre même si le texte coranique est révélé en leur langue, et cela dure depuis 14 siècles déjà, n’est pas une religion de haine, de guerre, ou de discrimination, mais une religion de paix et de développement humain, on le voit bien vivant chez des gens qui ne le reconnaissent pas, on le voit déformé et vidé de son âme par ses propres partisans.

La crise entre l’Arabie-Saoudite et le Canada, n’est d’autre qu’une confrontation entre une civilisation qui a entre les mains toutes les réponses, et refuse de voir les choses en face, et n’admet pas que la pensée humaine est discutable, et que la religion n’existe pas pour rendre la vie compliquée, mais pour rendre l’humain heureux et pour faciliter sa vie, une civilisation qui a trouvé dans l’Islam une couverture pour soumettre les peuples, pour rendre leur vécu infernal, pour s’emparer du pouvoir et prétendre une légitimité divine de gouverner et manipuler les gens à leur guise, et la preuve n’est d’autre que la situation actuelle de la quasi-totalité des sociétés dites musulmanes, et une civilisation qui a décidé de prendre les choses en main, de favoriser la diversité et le changement, qui a misé sur les valeurs et le progrès, et a réussi à offrir un minimum de dignité à ses membres, même ceux venus de chez l’autre civilisation.

Cette crise remet en cause tout ce qui était avancé depuis des siècles, et montre à quel point l’Arabie Saoudite tend à garder la situation telle que nous la voyons aujourd’hui, et s’acharne contre tout ce qui pourra réveiller les esprits et ouvrir les yeux des populations qui souffrent sur terre, et pratiquent des rituels ou des croyances, qui n’ont aucun lien avec l’Islam.

D’où vient la nécessité d’ouvrir le débat, de relire le Coran autrement, en se référant au Coran même non pas à l’interprétation et l’explication des autres, un débat capable de rapprocher les distances entre les humains, et réduire l’écart intellectuel devenu flagrant à cause d’une volonté de stopper toute tentative de l’embrasser différemment.

Un débat qui ne concerne pas seulement les suiveurs du prophète Mohamad, mais toute la race humaine, tant que le prophète lui-même a dit qu’il est envoyé à tout le monde sans exception, alors c’est le droit de tout le monde de le lire, le comprendre, et le débattre.

L’islam cette religion qui a accompagné l’humain dans son processus d’apprentissage, et a été progressif depuis Noé jusqu’à Mohamad, qui a passé des centaines d’interdictions dans le message de Moises, à une dizaine dans celui Mohamad, et qui se rapporte dans la plupart des directives divines aux valeurs humaines, ce qui le rend légitime même à nos yeux aujourd’hui, et qui n’a rien de commun avec l’image véhiculée ou les jugements avancés à son propos.

Pour finir, et avec cette crise, allons-nous assister à une séance d’éducation musulmane assurée par le Canada afin d’apprendre à l’Arabie Saoudite et tous les pays - musulmans de parole- le vrai sens de leur religion ? Sera-t-il temps que le débat devient public, et que la réforme de la compréhension de la religion s’impose ? L’Arabie Saoudite continuera-t-elle à se mentir et nuire à l’héritage du prophète Mohamad ? ou sera-t-il le moment de la tombée des masques et le réveil des peuples ?

Des questions que seul l’avenir nous en révélera les réponses, mais pour le moment, une chose est sure, le prince héritier joue la carte de l’économie, et zappe entre les vœux d’être un royaume ouvert et qui attire les investisseurs, et la fatalité de la dictature exercée sur son peuple et sur ses voisins.

 

Samir Moussa


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