Entrons en RÉSISTANCE contre le « globish », vecteur de la colonisation étazunienne
par VICTOR Ayoli
mardi 31 mars 2015
France Inter étant en grève, et voulant à tout prix éviter les facilitateurs du transit intestinal que sont RMC, Europe 1 ou RTL, je me réfugie sur Radio Classique. Et qu'est-ce que j'entends ? Des mots comme « streaming », comme « buzz » et autres estrons vocaux. Alors je reviens sur la radio locale et j'ai les portugaises agressées par des sous-merdes sonores appelées « musiques » et qui ne sont que des dégueulis bruyants : à savoir les horreurs de « musiques » anglo-saxonnes que nous déversent à plein tombereaux les programmateurs « musicaux » de ces stations de radios dites généralistes. Même les chanteurs français beuglent maintenant en "globish" et…sont récompensés par des « victoires de la musique ». Et encore j'évite comme la vérole les stations genre NRJ ou Skyrock !
Bref, pour dire que cette colonisation linguistique et « culturelle » me gonfle les aliboffis à les faire éclater ! Mais dans quel pays vivons-nous ? La loi Toubon impose encore 40 % de musiques francophones sur les ondes. C'est bien le moins, non ? Mais la sinistre de la culture (Fleur Pellerin, celle qui ne lit jamais de livre) n'y voit qu'une « loi controversée » et le CSA (chargé pourtant, entre autres missions, de réprimer l'anglicisation des médias) « réfléchit » à un assouplissement des quotas de chansons françaises. Mais si encore les machines à bruits nous faisaient entendre ce qui se chante en Espagne, en Italie, en Allemagne, en Hongrie, en Pologne, en Lituanie, en Russie ? Mais non, on nous abreuve jusqu'à plus soif de ces merdes anglo-étazuniennes... Probablement parce que c'est la même chose dans ces pays... Désespérant. Ce qui se passe au niveau des musiques, c'est une substitution galopante de l'anglais au français, et ce mouvement se retrouve dans la pub, le cinéma, les enseignes commerciales (Carrefour « market », « Simply », etc.). Il y a plus de mots anglais dans nos rues que de mots allemands pendant l'occupation !
Mais ça, ce n'est que la façade. Derrière, c'est bien plus grave. Nos gouvernants, actuels comme passés, s’acharnent sur la « langue de la République » (art. II de la Constitution). La loi Fioraso a récemment institué l’anglais langue de l’enseignement universitaire, dans le sillage de la LRU de Valérie Pécresse, qui aligne nos universités sur le « modèle » néolibéral anglo-saxon. Et que dire de l’Europe qui, sournoisement, impose l’anglais dans ses communications et même ses directives ?
Faut-il le craindre cette officialisation d’un fait déjà accompli ? Sur le plan pratique, pas trop, et même non. Mais sur le plan humaniste oui, car cela marque un véritable abandon de pans importants, voire essentiels de ce qui fait notre civilisation, notre manière de vivre ensemble, et jusqu’à notre mode de penser. Car on ne pense pas pareil dans toutes les langues.
La langue, instrument de communication, véhicule aussi une culture, un mode de vie, un système économique et politique, et force est de reconnaître qu’aujourd’hui l’anglais est devenu la langue de la financiarisation du monde. Quand on parle économie ou finances, c’est soit en anglais, soit en utilisant une multitude de termes anglo-étazuniens souvent incompréhensibles pour la plupart d’entre nous. Le langage des milieux financiers est, si l’on peut dire, un véritable charabia.
Car la langue que l’on prétend nous imposer « pour notre bien » évidemment, n’a pas grand-chose à voir avec celle de Shakespeare ; il s’agit du « globish », un sabir appauvri d’un millier de mots environ. Sabir capable, c’est vrai, de faciliter la communication de base (celle des aéroports, des hôtels, des offices de tourisme, des banques). Mais peut-il véhiculer un véritable savoir ? Surtout dans les matières scientifiques, ou de droit ? Peut-être, mais en mettant le plancher très bas. Quels sont les étudiants francophones aptes à intégrer toutes les finesses d’une langue étrangère ? Peu, très peu, voire aucun. Donc le langage de ces cours est obligatoirement pauvre, sans la richesse des nuances que permettent les synonymes, les tournures de phrases dans leur langue maternelle. Or l’université ne doit pas dispenser un savoir au rabais, ce qui sera fatalement le cas ; laissons cela aux « écoles de commerce », pétouillets de margoulins. Les Anglais lettrés sont d’ailleurs bien conscients de l’appauvrissement dramatique de leur langue, salopée par les Zétazuniens.
Mais le processus s’accompagne d’une volonté de conquête, à la fois économique, politique et culturelle. D’où le terme d’impérialisme justifié notamment par les propos de divers responsables politiques anglo-saxons. On pense évidemment à Margaret Thatcher, qui déclarait en 2000, lors d’une conférence donnée aux États-Unis, que « le pouvoir dominant est l’Amérique, le langage dominant est l’anglais, le modèle économique dominant est le capitalisme anglo-saxon » lien.On connaît moins les propos tout aussi brutaux mais plus détaillés de David Rothkopf, un ancien responsable de l’administration Clinton, qui valent pourtant leur pesant de cacahuètes : « Il y va de l’intérêt économique et politique des États-Unis de veiller à ce que, si le monde adopte une langue commune, ce soit l’anglais ; que, s’il s’oriente vers des normes communes en matière de télécommunications, de sécurité et de qualités, ces normes soient américaines ; que, si ses différentes parties sont reliées par la télévision, la radio et la musique, les programmes soient américains ; et que, si s’élaborent des valeurs communes, ce soient des valeurs dans lesquelles les Américains se reconnaissent… Les Américains ne doivent pas nier le fait que, de toutes les nations dans l’histoire du monde, c’est la leur qui est la plus juste, la plus tolérante, la plus désireuse de se remettre en question et de s’améliorer en permanence, et le meilleur modèle pour l’avenir » lien. Tafta est là pour accélère les choses.
On assiste là à une offensive impérialiste étazunienne. Le but est, en fait, d'éliminer tout statut officiel des langues autres que l'anglais dans les secteurs où une concurrence menacerait les intérêts commerciaux des pays anglophones, seule et unique motivation de ces derniers. La réalisation de ce programme est déjà fortement avancée dans les sciences, où les nomenclatures (y compris celles de la botanique, jusqu'ici latines) deviennent anglaises, accroissant la suprématie des chercheurs anglophones aux dépens de tous les autres. Le protocole de Londres entérine définitivement la mort de la diversité culturelle et linguistique qui a fait (et qui fait encore, mais pour combien de temps ?) la richesse de l'Europe.
La sous ministre Fioraso – qui a maintenant libéré le territoire politique - arguait du fait que cette « ouverture » attirerait en France des étudiants indiens ou chinois. Belle connerie ! Les étudiants anglophones préféreront toujours l’original à la copie. Par contre les enseignants francophones seront éliminés au profit de mercenaires de la doxa ultra libérale anglo-saxonne, comme les étudiants francophones seront défavorisés par un enseignement dans une langue qu’ils ne maîtriseront jamais comme les natifs.
Certaines écoles privées, en France, donnent maintenant leurs cours uniquement en anglais. Est-il tolérable, du point de vue de l’intérêt national comme du point de vue de l’accès de tous au savoir, que des colloques universitaires à la Sorbonne soient convoqués en anglais et se déroulent exclusivement dans cette langue ? Est-il sain pour l’avenir de la démocratie que les élites soient formées exclusivement, non dans la langue du peuple, mais en anglo-américain ? Nous sommes en présence d’un projet de domination sans partage et de discrimination sans précédent. La logique d’oppression qui prédomine conduit à l’aliénation, à la substitution d’une langue à l’autre par le gavage linguistique.
On assiste à la volonté de mise à mort non seulement du français mais de la plupart des langues du monde. Responsable : l’impérialisme étazunien qui sévit à tous les niveaux : industriel, commercial, militaire mais aussi et surtout culturel. On nous abreuve jusqu’à l’écœurement de ces sous-merdes des séries télévisées étazuniennes, qui – largement amorties au USA - arrivent par pleins cargos à prix cassés, ruinant ainsi la création française qui n’existerait plus sans les subventions gouvernementales. On nous emmerde jusqu’à en dégueuler de ces collections de bruits abrutissantes que les programmateurs – véritables collabos - déversent à pleins seaux dans nos pauvres oreilles et qu’ils ont le culot d’appeler « musique ».
Nos députés sont-ils seulement conscients de cette situation ? Accepteront-ils la colonisation de la France ? (Pays qui, par ailleurs, a fait subir à bien des langues africaines et régionales le même sort !) Les déferlantes d’américonneries qui encombrent les programmes des lucarnes à décerveler et des boites à bruits laissent supposer qu’ils s’en branlent comme de leur première magouille…
Eh ! Citoyen président François, lorsque tu vas faire acte de soumission devant les charlots de la Commission européenne, tu t’exprimes en français ou en anglais ?
Entrons en RÉSISTANCE. Disons NON au Tout anglais et MERDE au "globish !"
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