Epargne ŕ la dičte

par walden
lundi 8 juillet 2013

En lisant un article d'arrêt sur image sur la réception médiatique des partisans du retour au franc (http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=5946), j'apprends avec délice quelques détails flous du programme du fn, je me permets de vous en faire part de manière partiale en les commentant.

Par crainte de la solution chypriote qui a amputé l'épargne d'une partie de sa valeur, le parti d'extrême droite prône le retour au franc. Jusque là, tout va bien. Là où le bateau tangue, c'est quand on apprend d'une part que la parité avec l'euro serait maintenue (pourquoi alors quitter cette monnaie s'il faut la remplacer par ... la même) mais que la France aurait recours à une dévaluation compétitive de l'ordre de 20 à 25%.

Se pose alors une première question, comment maintenir une parité avec une monnaie devenue étrangère alors que la dévaluation va diminuer la valeur de la monnaie nationale ? Peut-être s'agit-il d'un point flou, peut-être le parti tribunicien a-t-il changé son fusil d'épaule ? En tout cas, une dévaluation compétitive, c'est précisément le fait de faire 'décrocher' une monnaie locale par rapport aux autres. Cette opération rend le coût du travail moins cher dans le pays qui dévalue et le rend plus compétitif pour exporter.

Le paradoxe de cette politique nationale est de faire bosser les nationaux pour ... les étrangers. Passons.

Une seconde question se pose. Si on dévalue la monnaie de 20%, la valeur des avoirs monétaires diminue de 20%. L'épargne est amputée de 20%. Alors, bien sûr, le chiffre sur le compte en banque demeure inchangé (voire est gratifié d'intérêts faméliques) mais la valeur qui correspond à ce chiffre, ce que ce chiffre permet d'acheter, baisse nettement. Via l'inflation. Car, si l'on procède à une dévaluation d'une monnaie, les prix augmentent mécaniquement (les importations deviennent plus chères). Par ailleurs, deux tiers de la dette française sont détenues par des étrangers. Ils sont libellés en euros. Le remboursement de cette partie de la dette deviendra, en francs dévalués, de plus en plus cher, ce qui, là aussi provoquera immanquablement de l'inflation.

Bref, à terme plus ou moins long, les épargnants sont ponctionnés de 20 à 25% de leur épargne par l'inflation, inflation induite par la dévaluation. Et c'est cette solution qui permet d'échapper aux mesures iniques de la troïka ? Pour éviter de taxer les dépôts de plus de 100 000 euros à 8%, on ampute l'épargne de tous de 20 à 25% ?

Autre chose, poire pour la soif, dirons-nous, si le francs ne vaut plus tripette, que feront les épargnants de ce pays devenu national ? Eh bien, ils iront mettre leurs sous ailleurs, n'importe où ailleurs, au Bahamas, en Belgique ou sur la lune s'il faut. Pensez : vous avez, mettons 20000€ de bas de laine qui vont devenir 15000€ (ou 16000€), vous allez attendre sagement en voyant fondre votre capital ?

Les épargnants vont être grégaires : la fuite des capitaux va provoquer un sous investissement dans tous les secteurs industriels, le sous investissement va diminuer une activité industrielle déjà atone. La diminution de l'activité industrielle va contracter la production, ce qui provoquera une ... gigantesque inflation.

Bref, je veux bien dire que l'euro est la cause de tous les maux. Pour moi, c'est plutôt le cadre politique dans lequel il est mis en oeuvre qui est calamiteux. Certains (Todd et Lordon) parlent d'une monnaie commune plutôt qu'une monnaie unique. La piste est intéressante mais elle présente les mêmes risques qu'une dévaluation unilatérale. Il est surtout impératif de changer le cadre économique : la concentration du capital et la diminution de la part relative des salaires dans l'économie amènent à une crise de surproduction (déjà là), laquelle ne peut se résoudre qu'en relançant les salaires et en modérant (ou en supprimant) les profits capitalistiques.

Et ne pas oublier que le pétrole est cher dans une monnaie dévaluée, ce pétrole qui est partout dans la production. Après tout, pourquoi pas ? On n'a pas de pétrole mais on a des idées ... et des vélos.


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