Eric Zemmour, le « principe de Kissinger » et Tariq Ramadan

par L’apostilleur
lundi 23 octobre 2017

Eric Zemmour, le « principe de Kissinger » et Tariq Ramadan.

Il y a quelques temps, un soir pendant l’émission ONPC de Ruquier, à la question de Francis Huster adressée à Eric Zemmour « vous vous sentez juif français ou français juif ? » ce dernier répondait presque sans hésiter : « je suis un juif français ».

Sans vouloir flatter Eric Zemmour par la comparaison qui suit, il se différencie d’Henry Kissinger qui avait été très clair quant à la prévalence de sa nationalité sur le reste. Il répondait à Golda Meïr Premier ministre israélien qui faisait alors pression sur lui en sa qualité de Secrétaire d’Etat, pour qu’il fasse d’Israël une priorité majeure de la politique américaine.
En réaction, et fort mécontent, Kissinger lui répondit par une lettre, dans laquelle il explicitait "son principe", sa hiérarchie des priorités :
« Je dois vous informer que je suis d’abord citoyen américain, puis, Secrétaire d’Etat, enfin, Juif. ».

Eric Zemmour n’aurait pas dû rater le coche ce soir-là. En effet, il ne manque pas une occasion de vilipender les 25% de musulmans français (soit 1 500 000 personnes selon l’Institut Montaigne), au motif qu’ils font prévaloir les règles de l’islam avant celles de la République. Il rejoint sur ce point, ce que pense la majorité laïque des français. On aurait apprécié l’entendre s’appliquer à lui-même le principe de Kissinger ;

 « Je suis d’abord citoyen français, puis, journaliste, enfin, Juif. ».

Quelle importance ?

Il doit lui échapper que son animosité envers un grand nombre de ceux qui ignorent ou refusent cette hiérarchie des priorités (le principe de Kissinger), pourrait se retourner contre lui, si derrière son discours se révélait la tromperie d’un croyant qui ne s’appliquerait pas à lui-même ce qu’il reproche aux autres.

Ce « je suis un juif français » soulève questions. Quelles priorités accorde-t-il à sa judaïté sur sa nationalité ? Est-ce la simple manifestation d’un communautarisme, la prééminence religieuse de ses opinions dont il ne parle guère qui se révèle ou les deux ?

Si le doute s’avérait, il en résulterait un rejet de sa personnalité devenue malhonnête ou partisane et le discrédit de son discours.

Le pire pour lui serait qu’il soit comparé à son « ennemi », l’islamologue Suisse Tariq Ramadan, qui lui aussi, usant d’une sémantique bien maîtrisée, ne s’applique pas non plus le « principe de Kissinger ». Bien que se déclarant respectueux des règles de la République il souhaiterait remettre en cause une loi laïque en instillant son point de vue religieux au motif de valeurs occidentales qu’il prétend partager :

  « le vrai féminisme c’est de laisser à une femme le choix de ce qu’elle veut être …et qu’il est contraire aux droits de l’homme d’interdire le port du foulard, y compris pour les enfants à l’école »

Il nous laisse terminer son syllogisme ...donc si les français son féministes ils doivent laisser les enfants porter le voile à l’école. CQFD.

On perçoit donc, derrière une façade républicaine respectueuse de la laïcité, s’immiscer les commentaires partisans des commis religieux.

Voilà pourquoi il convient de rappeler en toute occasion et à chacun, la hiérarchie des règles républicaines. Evitez, Monsieur Zemmour que les soupçons que vous avez laissé naître à votre endroit puissent être comparés à ce que l’on sait de Monsieur Ramadan.

Nous entendons votre point de vue quant à la compatibilité de la religion juive avec la République laïque alors que celle de l’Islam des 1 500 000 musulmans français cités plus haut, ne l’est pas. Mais, vous êtes-vous demandé ce que deviendrait cette compatibilité si la communauté juive était aussi importante que celle des musulmans ? Sauriez-vous nous assurer que de nouveaux Mea Shearim ne se développeraient pas ? (https://www.youtube.com/watch?v=zSyA5HkK5UU) Ne concédons donc à personne de déroger à nos valeurs laïques et républicaines, sans aucun doute.

La cohérence nationale passe par l’engagement permanent de tous, y compris des minorités religieuses, à appliquer le « principe de Kissinger ».

Et cela commence par le dire sans ambiguïté ? 


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