Espagne, un suicide relance le débat sur l’euthanasie
par Laurette
vendredi 26 janvier 2007
« La mort est à moi, elle m’appartient. » Voilà ce qu’a déclaré Madeleine Z. au quotidien espagnol « El Pais » avant de se donner la mort, entourée de militants favorables à l’euthanasie.
Cette Française, âgée de soixante-neuf ans, relance la polémique autour de l’euthanasie et de la mort assistée. Elle vivait en Espagne depuis quarante ans. Atteinte de la maladie de Charcot, elle a décidé d’abandonner la vie avant d’être totalement paralysée et de perdre son indépendance.
Le gouvernement socialiste espagnol (PSOE) venait, ces derniers mois, d’écarter toute règlementation en faveur d’une dépénalisation de l’euthanasie. Il avait pourtant promis le contraire pendant la campagne électorale de 2003.
Madeleine souhaitait ainsi créer un débat de société et provoquer un changement culturel sur la question du droit à mourir dignement.
Je veux cesser de ne plus vivre, ceci n’est pas la vie.
C’est aussi ce qu’aurait pu dire Ramon Sampedro. Cet Espagnol avait ému tout le pays dans les années 1990. Devenu tétraplégique à l’âge de vingt-cinq ans, il avait convaincu ses amis de l’aider à mettre fin à ses jours le 12 janvier 1998, après trente ans d’immobilité. Il s’était longtemps battu auprès de la Justice espagnole pour faire reconnaître son droit à mourir ou tout au moins sa volonté de le faire. Ainsi, il avait fait émerger la question de l’euthanasie dans le débat public. Mais la Justice avait toujours refusé de lui accorder cette liberté.
Alejandro Amenabar avait choisi de raconter cette histoire dans Mar Adentro, son film aux multiples récompenses. Il avait su montrer la complexité du problème et les différentes sensibilités face à ce combat pour la mort.
Ce débat universel sur le droit à disposer de la vie et de la mort ne touche pas que l’Espagne. En France, Marie Humbert a accédé à la demande de son fils tétraplégique, aveugle et sourd, en mettant fin à ses jours.
Le mois dernier, en Italie, Piergiorgio Welby est mort à l’âge de soixante ans, aidé par son médecin. Il était atteint d’une dystrophie musculaire et d’une paralysie généralisée. Le médecin a débranché l’appareil respiratoire qui le maintenait en vie artificiellement. Un tribunal civil de Rome venait de rejeter son recours. Il réclamait depuis des mois « le droit de mourir » en invoquant le « droit à refuser des soins » reconnu dans la constitution italienne. La Justice avait prétexté un « vide juridique » et renvoyé la responsabilité d’agir aux politiques. Cette tâche semble difficile, dans ce débat encore passionné.