Et alors, tong ou espadrille ?

par Fabienm
mardi 30 juillet 2013

C'est un peu LE choix de l'été (une fois résolu l’épineux problème de la destination).

L’on peut même considérer cette interrogation fondamentale comme l'équivalent plantaire de « cravate ou nœud pap’ ? », « blonde ou brune ? », « thé ou café ? », ou même « avec ou sans vaseline ? ». Plus qu'un simple choix de chaussures, c'est assurément un choix de vie.

Petit tour d’horizon de la pompe coolos pour que vous puissiez choisir sans vous tromper (et dormir sur vos deux orteils entre une blonde diaphane et une brune sapiosexuelle).

Qu'est ce qu'une espadrille ?

Franchement, quand on voit cette espèce de chose informe au pied (et surtout quand on l’essaye), et que l'on a compris que l’aficionado de la paresse qui les porte n'est ni sdf (on aurait pu lui pardonner), ni Robinson Crusoë (qui préfèrera marcher pieds nus et personne ne lui jettera la première sandale pour ça), la chose immédiate que l'on a envie de faire après s'être passé les yeux au bec benzène façon Michel Strogoff du camping, c'est d'aller sur wikipodia voir qui a osé inventer cette bouse chaussante.

Bon alors c'est catalan. Moi j'aurais plutôt dit catastrophique, mais non il semblerait que cela vienne d’en bas, genre près des Pyrénées, entre un berger et trois bérets. C'est-à-dire que les mecs, ils ont inventé deux trucs (*) dans leur vie : la crème et puis l'espadrille (pas trop sûr de l'ordre chronologique, mais si la crème est arrivée en premier, ils auraient dû s’arrêter là, entre nous). En tout cas, ça en dit long sur leur niveau de créativité.

Qu'est ce qu'une tong ?

Les avis sont partagés. Certains pensent que c'est en essayant de chausser un string que le créateur du Queen s'est dit "purée, cool, on voit encore mon vernis", d'autre disent que c’est en découpant sa paire de Van’s, déjà pleine de trous, que le premier SDF de l’histoire (qui était égyptien) s’est dit qu’on était mieux les pieds à l’air et que c’était quand même sympa que les grains de sable puissent tomber tout seul sans enlever sa chaussure toutes les trois pyramides. Au début, c’était un peu dur à porter – surtout qu’on marchait de profil à l’époque –, mais avec les différentes évolutions technologiques au fil des siècles, c’est devenu mettable (on peut donc en déduire que cela a suivi l’évolution inverse de Brigitte Bardot). A vrai dire on s'en fout, ce qui compte c'est quand même de pouvoir foutre un bout de plastoque au pied et de dire qu'on est chaussé.

Une différence de philosophie.

La tong, c’est l’exposition du pied, c’est le contact avec la nature, c’est les pieds sales au bout de cinq minutes mais on s’en cogne, c’est l’aération des membres inférieurs, c’est le refus du carcan. En un mot la liberté (par le bas).

L’espadrille, elle, cache le bout du membre porteur, habille le petit peton, se fait plus trendy, plus « classe » (enfin… si on veut, ça reste quand même un bout de tissu tout pourri). L’espadrille se porte avec un pantalon blanc et un livre de Paul Auster à la main, tandis que la tong s’accommode mieux à la planche de surf. On est donc pas dans la même catégorie socioculturelle. Il est d’ailleurs assez clair qu’un porteur d’espadrille qui enlèverait le talon façon joueur de boules serait, de suite, déclassé dans la catégorie des « tongistes ». On ne plaisante pas avec l’harmonie vestimentaire de ses extrémités impunément.

En gros, c’est donc un match entre deux cultures que je vous propose aujourd’hui.

Les plus, les moins.

Oui, cet article est très sérieux (du haut niveau). Petit compar-hâtif (c'est que j'ai pas que ça à faire).

Aspect extérieur :

A part Francis Tatanne (ha ha), je crois pas que quelqu’un un oserait défendre l'aspect esthétique d'une espadrille. C'est un peu l'équivalent du moule bite pour les pieds. Tu sens bien que les orteils manquent de place, t’as trop envie de les libérer, mais tu peux pas, c'est comme ca, papa avait qu'à acheter un caleçon (on attend encore la tong du 21ème siècle : la tong kangourou pour laisser s’aérer l’orteil central).

Evidemment, a contrario, compte-tenu de l’exposition du pied, et un peu comme on s'épile le sif quand on met un string, on évitera de mettre des tongs quand on est un hobbit (dans ce cas-là, on mettra plutôt un moule-hobbit).

FAIL : ne pas être accordé entre vernis et couleur de tong.

Aspect pratique :

Bon c'est vrai que marcher avec des tongs, c'est merdeux, mais d'un autre côté c'est vite enlevé. Franchement, si tu te retrouves dans la jungle avec un mammouth au cul (on me dit que les mammouths ont disparu – en voilà un qui n’a jamais croisé ma gardienne au saut du lit), mieux vaut une bonne paire de tongs qui va exploser au premier virage que des espadrilles que t’arrives JAMAIS à enlever (seule paire de pompes ou t’as besoin du chausse pied pour les mettre ET les retirer bordel).

Ha oui, j'allais oublier. T’as déjà vu la couleur de tes pieds quand il pleut dans des espadrilles ? Je crois que ça se passe de commentaires.

FAIL : justement, mettre des espadrilles quand il pleut (sauf si tu veux connaître la sensation d'être chaussé de gants de toilettes qui déteignent)

Le prix :

On a encore jamais vu d'espadrille Quiksilver, donc là c'est plate couture (ha ha) encore pour la tong. Franchement payer des pompes moins de 5 euros, c'est quand même la honte.

FAIL : acheter des espadrilles de marque.

Durée de vie :

Les deux tiennent à peu près un mois je dirais (je sais pas trop en fait vu que je les viande assez régulièrement à la fin de l’été). Donc tout va bien, t’es pas emmerdé à la rentrée… rien de pire que de dépasser la date limite de conso des grognasses de vacances. Ha mince on parlait des pompes. Ben, pareil.

FAIL : mettre des tong ou des espadrilles en dehors des périodes estivales (est-ce qu’il te viendrait à l’esprit de mettre un jogging en dehors du 93 ou d’un gymnase ?).

L’aspect sécurité :

Même si on est assez loin de la chaussure de chantier, il est vrai que l’espadrille te protège un peu des agressions extérieures (genre moustique au ras du sol ou ortie des plages). Le problème vient quand on te marche dessus... Au moins avec la tong tu peux saigner en toute liberté, alors qu’avec l’espadrille, je te conseille pas trop les tâches de sang.

FAIL : courir un 100m en tongs (à moins de faire partie d’un orchestre brésilien).

Bon… a-t-on vraiment envie de voir l’espadrille gagner ?

Soyons honnêtes, il y a comme un problème de conception intrinsèque à l’espadrille. Cela ressemble de très très près à une fausse bonne idée. Non mais sans déconner, déjà le mec qui fait une pompe avec du chanvre, c’est qu’il a pas le cerveau à l’endroit (à croire qu’il avait fumé avant). Ensuite, tous ceux qui ont déjà essayé d’enfiler une espadrille savent qu’il manque une révolution technique indispensable à cette chaussure à la con : l’enfilage facile (cela s’applique aussi à ma voisine du 7ème). Ils ont bien fait l’ouverture facile pour les paquets de gruyère, ils devraient bien réussir à nous pondre un truc. Comment peut-on supporter de passer 5 minutes par pied à enfiler une paire de pompes censée représenter l’oisiveté, censée s’accorder à la glande estivale ? Où est la liberté du pied ? Où est le gain de temps indispensable à sa perte immédiate (ben oui, si tu gagnes pas de temps, tu peux pas en perdre, CQFD) ? Au moins avec la tong, la seule question qui t’occupe c’est de pas confondre pied gauche et pied droit.

Pour conclure sur ce score sans appel (et parfaitement objectif) de 5 à 0, j’ajouterai que la tong est quand même la seule chaussure avec laquelle tu peux :

Si ça c’est pas génial.

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Le plus culturel de Jean-Fabien :

Une tong, ça se dit « gougoune » au Québec et « slache » en Belgique.

Et là, je viens de t’en boucher un coin.

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(*) Allez, on va dire trois avec le terrorisme basque.

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