Les noms des quatre prisonniers, donc, finissent par tomber, le 23 juillet, une semaine après l’échappée : il s’agirait de Malik Nazzal, Hussein Ahmed, Qais Azmi, et... Mohammed Hamid... un homonyme de celui incarcéré à vie en Angleterre, une autre personne, mais dont il conviendrait aussi d’expliquer le rôle... au sein du fameux Londonistan : car lui aussi est un élément douteux. Condamné à vie en 2008 pour l’organisation de la deuxième vague ratée des attentats de Londres et est surnommé pour ça "Osama Bin London"... l’homme était "le diable personnifié" selon la presse anglaise. Un homme ayant un profil assez extravagant et... plutôt parfait comme agent des services secrets anglais : c’est un drogué au crack, avant tout, qui avait ouvert une librairie coranique en Angeterre à Chatsworth Road, à Clapton, banlieue Nord de Londres, et qui s’est retrouvé au Pakistan en 2002 à faire dans l’humanitaire avec l’envoi de containers d’aide. Le profil complet, avec même la connaissance des envois par containers ! On le retrouve en 2003 à Londres à Finsbury Park en train d’écouter les prêches incendiaires d’Abu Hamza, le capitaine crochet de l’histoire. Devenu lui-même prédicateur, il devient évidemment recruteur de préposés au suicide... tout en continuant sa double vie de leader islamique et de drogué à la coke... les deux étant incompatibles, selon le texte du prophète de l’Islam, parait-il (qui condamne l’usage de l’alcool et de la drogue). Qui était-il donc et dans quel jeu est-il apparu, voilà qui nous rappelle aujourd’hui pourquoi certains, au lieu de pourrir en prison en sortent discrètement... en Irak comme à Londres, il semble bien y avoir eu une foultitude d’islamistes privilégiés, bénéficiant largement de la sollicitude des services secrets du pays qui les héberge. A Londres, ils ont servi à "vendre" un concept invendable au départ : celui du petit chimiste passager de gros porteur....
Hamid, ou l’homme qui intrigue fort dans les tentatives d’attentats de Londres (dans la tentative de la deuxième vague des attentats, précisons). Car son cinéma djihadiste avait été découvert en détail bien avant qu’ils ne fasse sa tentative d’attentat, grâce au hasard et à la la sagacité d’un simple policier se baladant en forêt un dimanche... "
Le 2 mai 2004, un policier britannique hors service du nom de Paul Burke, en faisant du jogging à travers la campagne, découvre par hasard un camp d’entraînement d’activistes dans près d’un lac dans une région de la Grande-Bretagne. Il voit un homme criant des ordres à un groupe d’environ 20 autres en tant pour s’aligner et se mettre des sacs à dos. L’homme à la tête du groupe est un prédicateur islamique nommé Mohammed Hamid. Une équipe de surveillance est amenée sur place, observe et filme. Burke voit un groupe similaire d’hommes au même endroit le 29 mai, et une deuxième équipe de surveillance les prend en filature." L’équipe s’entraîne aussi grâce au Paintball :
"Ibrahim Muktar (Muktar Said Ibrahim
), Omar Yassine, Ramzi Mohammed, et Osman Hussain -Les quatre hommes qui, plus tard passeront à la phase des attentats de Londres du 21 juillet 2005), à la tentative d’imitation du 7 juillet 2005), sont parmi les stagiaires qui sont surveillés. Ils sont vus en tenue militaire de manœuvres typique, y compris avec des "maquettes" de fusils. Le MI5 enregistre un autre week-end de formation à l’endroit même en août. Muktar Ibrahim, le poseur de bombes leader du 21 juillet, est de nouveau vu là-bas. Atilla Ahmet, un imam qui a succédé à Abou Hamza al-Masri en tant que chef de la mosquée de Finsbury Park après qu’ Abou Hamza ait été condamné pour incitation à l’assassinat, parfois aussi participe au camp d’entraînement." Bref on tient là quand même du beau linge semble-t-il...qu’on laisse s’entraîner, semble-t-il en plein air sans effectuer au départ de filature ? Sans l’intervention d’un policier local, en effet, personne ne l’aurait su. Sauf les services secrets anglais... qui, effectivement les suivaient depuis toujours. Trop voyants, trop démonstratifs, totalement inconscients et sans aucun souci de protéger leurs activités, les djihadistes du dimanche étaient de trop belles proies. Savamment entretenues, et même choyées par un MI5...
Des djihadistes avérés, qui font la prière sur les lieux de Paintball, comme on pourra le voir dans leurs propres vidéos !
"Les quatre poseurs de bombe assistent aux prières de la mosquée de Finsbury Park, et deux d’entre eux y sont photographiés Al-Ramzi Mohammed en Janvier 2004 et Ibrahim en août 2004. Tous les quatre sont également photographiés une autre fois avec Ahmet . Hamid et Ahmet tiennent des réunions tous les vendredis à la maison d’Hamid où ils encouragent les nouvelles recrues à assister le week-end aux camps d’entraînement du New Forest, Lake District, en Ecosse, et des séances de paintball dans le Berkshire et Kent". Plusieurs jours de formation consécutives, le week-end." Ces entraînements seront
filmés par eux-mêmes. Bref, on a une équipe complète dont les intentions ne font aucun doute.
Une vidéo sera retrouvée filmant leurs "exploits" bien ridicules : sauter un ruisselet d’un mètre de large en criant "Allah Akbar"... A voir les compte-rendus de la police, on se demande si l’initiative du policier local n’a pas plutôt embarrassé le MI5, qui se retrouve alors à devoir les suivre partout, alors que visiblement on se doutait de ce qu’ils préparaient. Car toute l’opération ne servira qu’à une seule chose : accréditer l’idée de bombes constituées d’une nouvelle sorte d’explosif qui est en fait inopérant : le groupe a semble-til été manipulé de bout en bout !
Leur attaque du métro, que les services qui les surveillent laisseront aller jusqu’au bout, preuve que les bombes ne marchaient pas, sera donc obligatoirement un flop magistral, de l’amateurisme complet. C’est
Al-Ramzi Mohammed qui se fera prendre en train de courir dans les couloirs du métro après avoir tenté d’y activer une bombe à la Station Oval. Sa bombe ne se déclenchera pas. Tous leurs déplacements avaient été filmés par les caméras de surveillance(ils n’avaient pris aucune protection en ce sens), et leurs bombes au péroxyde
ne marchaient pas (aucune n’a jamais marché, comme cela a été démontré au tribunal dans une autre affaire où des islamistes ont été également lourdement condamnés). Les bombes sont en effet pour le moins... surprenantes : les engins, conçus pour pouvoir être transportés dans des sacs à dos, sont faites d’un mélange de péroxyde d’hydrogène (de l’eau oxygénée) et de farine de
chapatti (le pain indien !). Or personne n’a jamais réussi à faire sauter ce mélange : lors des reconstitutions en laboratoire ça ne marchera vraiment jamais, le mélange étant bien trop instable, à moins de plusieurs tentatives successives et de dosages précis. L’artificier de la police devra s’y reprendre à plusieurs fois pour amener une vidéo d’explosion au tribunal. Le 21 octobre pourtant, l’histoire du chapatti remonte à nouveau à la
surface en Angleterre : des prisonniers "islamistes" auraient tenté d’en refabriquer une dans une prison anglaise, paraît-il : bien entendu, on ne la verra jamais.
Dans la prison où était détenu Abu Hamza... puis la découverte d’une autre filière à "bombes liquides" à base de Fanta cette fois... la fabrication d’un tel engin fera dire aux spécialistes venus témoigner au procés que cela restait très, très hasardeux : l’un d’entre eux affimant sans sourire "comment n’ont-ils pas mis le feu partout juste en utilisant une casserole ou une poêle et une cuisinière électrique, pour concentrer la solution de péroxyde d’hydrogène reste est un mystère." La concentration de l’eau oxygénée en est un autre, tout aussi sans réponse : selon la police anglaise, les comploteurs de 2006 auraient acheté la bagatelle de 443 litres de ce produit, en bidons de 4 litres pour le concentrer. Le péroxyde mélangé à la farine aurait été ensuite disposé dans des bidons de 6,25 litres. Le détonateur étant un tube de TATP ou tri-péroxyde d’acétone. Selon les labos de la police anglaise, ces détonateurs étaient "fonctionnels".
Or là encore, le TATP posait problème pour être un déclencheur efficace : "
le TATP se sublime à la température ambiante, et doit être conservé au froid, car avec le temps il disparaît tout simplement. C’est sa fabrication qui doit faire en dessous 10’C. Il est très sensible aux chocs et aux frottements et ne peut être entreposé dans des contenants métalliques ou des récipients avec capsules à vis. Il est tout à fait impropre à l’usage allégué," note un intervenant spécialisé dans le site expliquant le détail du procès.
"Il vaut beaucoup mieux utiliser comme composant un fulminate, un tétradécane ou de la diamine. Quant à la farine chapatti comme substrat le moins étant le pire, car même la bouse de vache vaut mieux que la farine de chapatti et donnerait une meilleure déflagration, tout est vraiment risible, et montre juste que les gens vont croire tout ce qu’on leur dit le pouvoir en place". Cette histoire de "bombe liquide", rappelons-le, était arrivée comme un cheveu sur la soupe directement de la CIA, sous l’égide de
Porter Goss, et sera reprise en 2006 avec l’histoire de
la boisson Tang, cette fois comme comburant. Goss, un des pires faucons existants, l’homme derrière la Baie des Cochons le spécialiiste des coups tordus, directeur de la CIA du 24 septembre 2004 au 5 mai 2006 : en plein dans la période "bombes liquides" !
Cette fois encore, des bloggeurs avaient relevé l’impossibillité de faire des bombes avec ça :
"le problème ici est que, bien que l’énergie latente est là, cela nécessite une assez grande quantité de catalyseur pour une décomposition explosive. Le péroxyde d’hydrogène n’est tout simplement pas un assez bon oxydant pour produire une explosion dévastatrice, sauf dans des expériences très contrôlées. Là, vous avez besoin de l’oxygène en forte concentration, ou de l’oxygène liquide (que vous ne seriez pas en mesure d’obtenir dans un avion !) comme composant de l’explosif lui-même". Par deux fois, on a
largement désinformé sur le sujet. Sur le site de Register, on trouvait même que c’était davantage un scénario d’Hollwood digne de la série Jack Bauer qu’un phénomène chimique "réalisable".... selon lui, l’article pointu de l’étude de
2004 dans le "Journal of the American Chemical Society (JACS)" intitulé
"Decomposition of Triacetone Triperoxide is an Entropic Explosion" montrait que c’était quasi impossible à réaliser chez soi et encore moins dans ce cas dans un avion ! Le jugement était sans appel :
"nous avons demandé à Jimmie C. Oxley ; professeur de l’University of Rhode Island Chemistry , qui a une réelle expérience pratique du TATP, s’il s’agissait d’une hypothèse raisonnable, et elle nous à dit que le simple fait de mettre en contact les éléments créerait « une violente réaction », mais pas une détonation".
Register, dans cet
article définitif, tordra le coup à cette gigantesque fable des bombes liquides. "
Nous avons accordé un crédit extraordinaire à une collection de djihadistes wahnabites ayant une connaissance très pauvre des mécanismes réels pour s’attaquer à un avion, et dont le seul espoir de succès auraient été un pur accident. Ils auraient dû réussir, en dépit des leur propre ignorance et de leur incompétence, et en dépit d’être sous surveillance policière pendant un an. Mais le mythe hollywoodien des explosifs liquides simples se déplace maintenant vers la politique des gouvernements et vers les lectures du public. Nous avons en fait réagi à une intrigue policière. Les liquides sont désormais interdits dans les cabines d’avions (à la place, il eût fallut bannir les poudres blanches en cristaux si quelqu’un était vraiment en charge de la sécurité). Presque tout maintenant doit aller en soute, là où des quantités suffisantes d’explosifs peuvent facilement être déclenchées à partir de la cabine avec des téléphones cellulaires, qui ne sont généralement pas interdits".
Leur attentat aux bombes ratées éventé, les quatre se transformeront en fuyards. Omar Yassine sera arrêté à Birmigham,
déguisé en femme sous une burka ! Muktar Ibrahim et Ramzi Mohammed seront
arrêtés nus, réfugiés sur leur balcon, le 29 juillet 2005, cernés par Scotland Yard. C’est lors de leur recherche et celle de ses complices que la police anglaise tuera le brésilien
Jean Charles de Menezes, qui n’était pour rien dans l’histoire (et qui avait été taxé lors de son décès de
"dangereux terroriste abattu". A leur procès, où ils avaient été condamnés à vie, on
avait pourtant cité leur suivi depuis 2004. Pourquoi donc les avoir laissé aller jusqu’à le mise en place de bombes dont on savait qu’elles ne pouvaient pas marcher... mystère. Le MI-5 était au courant de tout, et l’homme le plus douteux de l’équipe était bien... Mohammed Hamid, toujours accroché à sa coke. L’informateur rêvé ! La condamnation du groupe avait été prononcée le 1
1 juillet 2007 : tous condamnés à vie ; avec au moins 40 ans incompressibles.
Etrangement, sur le site de la BBC, Hamid n’apparaît presque jamais, mais ces collègues ont droit à la pleine page....
même en photos.... lors de l’enquête, on avait pu voir des choses surprenantes, comme ces réactions de policiers qui ne semblaient pas du tout y croire eux-mêmes, en prenant en photo les comploteurs et
leurs poses d’amateurs : "un ancien des Royal Marine Commandos avait regardé le groupe effectuer des tractions, des sit-ups, un exercice anti-embuscade et même le fameux "leopard rampant, "le déplacement bas et à plat sur le sol. Mais l’équipe de surveillance de trois hommes semblaient prendre une attitude détendue en s’approchant de l’opération, au point à un moment de donner des signes au preneur de photos et de lui dire : "ce n’est pas une belle vue, les gars" ? Même ceux qui les pistaient n’y croyaient pas ! Au bout du compte de l’équipe de branquignols, quarante années incompressibles pour Mohammed Hamid, surnommé par la pre
sse l’Osama Bin London... à l’autre bout, un autre informateur a eu plus de chance encore une fois... en portant le même nom que lui : curieux télescopage de l’histoire !
Et ce n’est pas tout, en ce qui concerne la prison passoire : car un autre encore s’en est échappé. Un assassin cette fois... Ali Lutfi al-Rawi, l’assassin de l’admirable
Margaret Hassan, cette directrice anglaise de l’ONG Care International, mariée à un irakien et vivant depuis 30 ans dans le pays, enlevée en octobre 2004 et assassinée sans que son corps n’ait jamais été retrouvé. Qu’avait-elle donc vu pour qu’on la fasse disparaître ainsi ? Son assassin avait fini par être arrêté en 2008 (tiens, lui aussi, comme nos quatre échappés), en train d’essayer d’extorquer de l’argent à la famille en échange du corps, justement : l’homme avait obtenu d’être rejugé car il avait affirmé et prouvé avoir été battu et torturé à l’électricité lors de son premier interrogatoire. Par qui avait-il été torturé ? Ali Lutfi al-Rawi "
n’a pas été retrouvé dans la prison" lors d’un appel apprenait- on de la bouche encore une fois de ses dirigeants. L’homme était visiblement encore gardé par les américains lors de sa disparition. Evaporé, lui aussi de la prison passoire de Camp Cropper. Il avait tout aussi visiblement réussi à s’échapper... un de plus ! Comme pour les quatre autres, l’armée américaine n’a fait aucune remarque sur son évasion. La CIA a constamment eu besoin d’assassins à sa solde, et Ali Lutfi al-Rawi en est le prototype même. Une évasion très probablement également souhaitée et organisée... par les services secrets US, comme pour Oussama Ben London, si choyé par le MI5.