Et s’il n’y avait pas de seconde vague épidémique de Covid-19 ?

par Bernard Dugué
mercredi 12 août 2020

1) En ce mois d’août 2020, l’épidémie de Covid-19 n’est pas finie et nous ne devons pas être étonnés. Des nouvelles parviennent depuis les nations du monde. Dans beaucoup de pays, l’inquiétude règne. On ne connaît pas l’issue de la pandémie et surtout, on ignore quel sera l’impact de la terrible crise économique qui s’annonce et qui risque de balayer un certain nombre de pays, surtout ceux dont les Etats sont corrompus. Bien que plus solide que la société, l’Etat s’effondre parfois puis reprend du service. Les observateurs craignent le pire pour le Liban, avec une onde de choc pouvant affecter d’autres pays du Moyen-Orient déjà fragilisés par les interventions occidentales. Par ailleurs, on ne sait pas ce que vont devenir les pays d’Amérique ; du nord étasunien au sud argentin et chilien. L’Europe tangue. Tout cela suscite un étrange sentiment d’anxiété diffuse. Nous craignons l’avenir sans savoir ce qui risque d’advenir. Les bases solides pour se raccrocher à la confiance se sont effritées. Le monde a connu des tas de catastrophes. La plus terrible étant la guerre de 39. Mais une fois la guerre terminée, l’ennemi était anéanti, la reconstruction pouvait commencer sans craindre qu’un kamikaze japonais ou un SS nazi ne viennent troubler le labeur des hommes. Après un séisme ou un ouragan, des villes et des régions sont dévastées mais le calme est revenu et la reconstruction est possible. En 2020, le coronavirus fauteur de trouble n’est pas parti. Il n’est pas question de reconstruire, sauf à Beyrouth, mais de relancer et juguler un effondrement généralisé dans un contexte où des tas d’obstacles s’opposent à cette relance. La présence du coronavirus s’ajoute à la chute de PIB. Le monde se dirige vers une dépression plus ou moins longue avec une ampleur inconnue et imprévisible.

Néanmoins, les mécanismes économiques sont connus et les mesures protectrices sont accessibles, alors qu’en revanche, le coronavirus échappe aux prévisions et prédictions. Si l’épidémie court dans le monde, elle s’est calmée en Europe. Quelques signes de reprise sont annoncés par les ARS et relayés sur un mode panique par les médias de masse. Il fallait bien s’attendre à un retour mais de quelle intensité ? Les experts nous alertent. Nous voilà menacé par la SECONDE VAGUE. Et les médias de sonner l’alerte en sommant les experts de dire qu’il faut renforcer le port du masque et s’inquiéter. Quel étrange sentiment. On dirait que les médias attendent cette seconde vague, et même s’en délectent, pour faire de l’info et continuer à diffuser la série sur la pandémie de la peur. Les contaminations augmentent, c’est logique, puisque des clusters se forment dans les réunions privées, festives, professionnelles ou familiales. Et que les tests sont pratiqués en plus grand nombre. Le taux de prévalence du virus serait de 1 à 2 %. Pour l’instant, les patients en réanimation restent stables, avec une augmentation minime, quelques dizaines de cas sur une semaine, rien d’inquiétant pour l’instant et le sentiment pifométrique que cette étrange épidémie faiblit en France. L’incertitude est scientifique certes, mais elle est aussi médiatique, entretenue par des avis divergents et propagée par des médias parfois malveillants.

2) Le virus est stabilisé disent les uns, il circule et ne prend pas de vacances disent la plupart. En réalité, des angles morts dans la connaissance persistent. Deux options sont plausibles pour la fin de l’automne et l’hiver 2020. Une seconde vague ou une circulation à bas bruit. Avec un paramètre inconnu mais très important, l’ampleur de la vague et dans le second cas, le niveau de circulation. On s’aperçoit que l’on ne sait pas beaucoup de choses sur la transmission du virus et ce qui se passe une fois les virions entrés dans les voies respiratoires. Il faudrait pour cela traquer les premiers virions pénétrant dans les muqueuses des infectés. Pendant des jours, l’infection est silencieuse, puis asymptomatique ou alors bégnine (pouvant être confondue avec un rhume), avancée (là il n’y a pas de confusion) et parfois grave.

Depuis le déconfinement, il se passe des choses bizarres. Le nombre de cas a augmenté mais il est sans doute fonction du nombre de tests effectués. Après presque trois mois de déconfinement, une fête de la musique, d’innombrables réunions de famille, rassemblement de jeunes et moins jeunes, fêtes, transits dans les transports publics, reprise du travail, le nombre d’admission n’a fait que diminuer même si l’on observe un léger frémissement. Ce silence épidémique surprend. Est-ce l’effet des mesures de distanciation et protection ou alors une évolution épidémique échappant aux explications disponibles ? Ou alors un calme avant la prochaine tempête ? Lorsqu’il est à l’air libre, le virion ne dépend que des supports matériels qui le transportent, surface, peau et surtout gouttelettes en suspension, entre 10 et 100 microns. L’épidémiologie est face à un angle mort et une question. Faut-il un nombre minimum de virions pour que se développe la réplication virale massive ?

3) Si un scénario d’atténuation de l’épidémie est plausible, il faut en donner une explication scientifique. On sait que la vague épidémique a reposé sur une intensité virale importante et sur une contamination massive liée aux modes de vie, à la promiscuité, aux méga-clusters, à l’impréparation du système de santé pourtant doté d’agences en nombre suffisant, à un manque d’improvisation lié à l’esprit fonctionnaire des bureaucrates de la santé. Des supercontaminateurs ont été évoqués. Il s’agirait plutôt de supercontaminations liées à la promiscuité. Par ailleurs, l’impact de la contamination virale pourrait dépendre de la charge virale reçue par la médiation des particules en suspension dans l’air. Rester des heures en présence de contaminateurs augmente la dose virale reçue. En revanche, il n’est pas exclu qu’une charge minime puisse être contenue et au final, puisse produire une immunité cellulaire grâce aux cellules T mises en éveil ou réveillées. Le phénomène de réveil a été observé récemment par des immunologistes dans Nature. Des sujets ont montré une mémoire immunitaire sans avoir été en contact avec le virus si bien qu’une immunité croisée avec d’autres coronavirus a été envisagée. Une autre hypothèse n’a pas été évoquée, celle d’une immunité lors d’une charge virale mimine par le nouveau coronavirus qui aurait ainsi produit une immunité cellulaire devenue efficiente pour prévenir une nouvelle invasion virale. La population pourrait alors être plus protégée qu’on ne le calcule avec une immunité collective causée par les mécanismes connus mais aussi cette possibilité d’une primo-infection sans conséquence. Ce serait une partie de l’explication sur cette épidémie ne reprenant que lentement, avec peu de cas graves.

Une autre explication va dans le sens d’une atténuation et peut-être un achèvement de l’épidémie. Mais dans ce cas, c’est presque de la science-fiction. Le SARS-CoV-1 a disparu de la circulation après un premier cas clinique en novembre 2002 et quelque 10 000 patients diagnostiqués. L’épidémie a couru entre mars et juillet 2003. En 2004, quelques rares cas ont été répertoriés, notamment sur des chercheurs travaillant à Pékin sur un CoV atténué. Le virus a disparu. La seule explication rationnelle repose sur le fait que les cas asymptomatiques de SRAS étaient rares, ce qui conféra une longueur d’avance aux cliniciens. Mais cette explication ne suffit pas à rendre compte de la disparition de ce virus. Il reste une énigme irrésolue sur la propagation d’une épidémie virale. De là à penser à une disparition du SARS-CoV-2, le pas est trop grand à franchir. En revanche, une atténuation naturelle par des processus inconnus de la science est une éventualité à examiner. Ce phénomène sera accessible à l’observation d’ici un mois. En comptabilisant les cas cliniques sévères rapportés aux détections de contamination par les tests.

4) Que penser de tout ça ? Avant le pic épidémique d’avril 2020, les chiffres utilisés concernaient le nombre d’admissions dans les hôpitaux, signe objectif de l’intensité épidémique, le nombre de patients en réanimation, chiffre stratégique pour le système de soins et le nombre de décès, chiffre stratégique pour impacter l’opinion publique. A cette époque, il n’y avait que peu de données sur les cas testés positifs. En date du 12 août 2020, les autorités sont en alerte face à une seconde vague en se basant sur des chiffres de cas positif sans pouvoir les comparer avec une courbe témoin établie pour mars à mai 2020. Le politique n’est pas très scientifique lorsqu’il se base sur ces données. Les seuls chiffres fiables sont ceux des admissions et réanimations. Et pour l’instant, il n’y a pas matière à s’inquiéter. Il est impossible de stopper l’épidémie. Il faut donc la juguler en décidant du curseur arbitrant les nécessités sanitaires et les impératifs de la vie sociale. Imposer le port du masque sur tout le territoire relève d’une mutation anthropologique définissable comme la mise en place d’un parc humain qui pour l’instant ne sera pas qualifié pour ne pas choquer les consciences immatures. Le port du masque ne doit pas être la règle, contrairement à ce qu’a déclaré le président Macron !

Le scénario d’une seconde vague ne tient pas, à moins que l’on ne revoie le concept de vague épidémique. Il est possible que l’épidémie remonte à un « certain niveau » et se stabilise. Puis pourquoi pas s’atténue d’ici des mois voire des années. Cette possibilité est plausible mais reconnaissons que la situation en Amérique pose quelques soucis, pour l’instant du moins


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