Etats-Unis : une femme de 87 ans tasée par les policiers alors qu’elle cueillait des pissenlits

par Nicolas Kirkitadze
samedi 18 août 2018

 

Non, ce n'est pas un titre du Gorafi, mais la triste et ordinaire actualité dans ce pays qui, selon la sage maxime de Clémenceau, est passé "de la barbarie à la décadence sans connaître ce que l'on nomme ailleurs la civilisation".

Martha Al-Bishara n'est pas une terroriste, ni même une délinquante. C'est une citoyenne syrienne résidant aux États-Unis, où elle a rejoint sa famille il y a quelques années. Elle est une arrière-grand-mère de 87 ans coulant des jours heureux à Chatsworth, dans l'État de Géorgie, connu pour ses climats tempérés. Mais, vendredi dernier, sa quiétude a été brutalement rompue par un déchaînement de violence inouï. Non, cette violence n'est pas le fait de racailles cagoulées venues du Bronx pour tabasser de la vieille.

Déguster une salade, c'est tout ce que voulait la pauvre Martha qui, munie d'un couteau, s'est aventurée sur un sentier vicinal près de son domicile afin d'y cueillir des pissenlits, ingrédient nécessaire à sa préparation. Un passant, surement bien intentionné (ou intrigué par la vue d'une femme orientale couteau en main) a jugé bon d'avertir la police de la présence de cette dame qui "déambulait près des fleurs avec un couteau" (sic).

Arrivés sur place, les argousins auraient tenté "d'entrer en communication avec l'individu", selon les termes de John Etheridge, chef de la police de Chatsworth. L'octogénaire (non-anglophone) ne réagissant pas, Etheridge dit avoir donné l'ordre de l'appréhender. "Elle n'a pas compris ce qu'on lui disait, je pense qu'elle souffre de problèmes mentaux", dit-il à l'antenne de NBC. Un de ses policiers auraient alors sorti un taser et tiré sur la dame en pleine poitrine. Une fois la dangereuse criminelle au sol, les quatre policiers se seraient rués sur elle pour la menotter et l'emmener au commissariat où elle a passé plus de trois heures avant d'être récupérée par sa famille. "On a suivi les protocoles en vigueur", tente de se justifier le chef de la police locale : "Elle pouvait représenter un danger avec ce couteau et blesser un de nos agents. On a choisi d'utiliser le taser alors qu'on aurait pu avoir recours à la force létale".

De son côté, la famille de Mme. Al-Bishara dénonce une violence policière injustifiée. "Elle s'est fait tirer dessus […] elle n'a pas compris ce qu'on lui disait", fulmine sa petite-fille, Martha Douhne, sur l'antenne de NBC. Les policier ne risquent cependant aucune sanction pénale. La vieille dame est quant à elle citée à comparaître au tribunal pour "outrage à agent" : l'audience est fixée au 19 septembre.

De tels "incidents" ne sont hélas pas isolés au pays de l'Oncle Sam. En 2015, un enfant noir de douze ans avait ainsi été froidement abattu par deux policiers qui avaient pris son pistolet en plastique pour une vraie arme. En mars 2018, un jeune homme noir a quant à lui été abattu de vingt balles par des policiers de Sacramento qui le pensaient armé alors qu'il tenait simplement son smartphone en main. Ce ne sont là que quelques exemples. L'un des faits divers les plus tragiques est sans doute celui de Megdiel Sanchez, un homme sourd et muet abattu le 20 septembre 2017 par deux policiers d'Oklahoma City parce qu'il n'entendait pas leur sommation de s'arrêter : le premier l'a tasé pour le neutraliser tandis que l'autre vidait son chargeur sur l'homme sans défense. Les deux policiers ont été acquittés au motif qu'ils "ne pouvaient savoir que l'homme était sourd et ont donc appliqué le protocole d'usage". En tout, ce sont plus de 992 personnes qui ont été tuées par la police états-unienne en 2017.


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