États-Unis vs Iran : Les non-dits d’un « Armageddon » évité de justesse et dont l’Iran sort grand vainqueur

par Abdelkarim Chankou
lundi 13 janvier 2020

Ali Khamenei a eu un commentaire plus laconique mais plus moqueur encore. « Le peuple iranien a filé une baffe aux États-Unis » s’est délecté le guide suprême de la révolution islamique.

La chaîne CNN a publié des images satellites montrant les dégâts causés par la frappe iranienne sur des baraquements américains dans une base militaire irakienne.

« Hermann Gessler ordonne alors à Guillaume Tell de percer d'un carreau d'arbalète une pomme posée sur la tête de son propre fils. En cas d'échec, l'arbalétrier sera mis à mort. Malgré ses supplications, le bailli impérial de Schwyz et d'Uri — au service des Habsbourg — reste intraitable. Tell s'exécute et coupe le fruit en deux sans toucher l'enfant. » Ce petit détour via une légende célèbre pour dire que tirer une flèche sur une cible humaine en faisant mouche mais sans la tuer ni la blesser relève de l’exercice de haute voltige qui demande plus d’adresse et de maitrise que d’encastrer une flèche entre les yeux ou droit dans le cœur. C’est ce qui s’est passé à quelques détails près dans la nuit de mardi à mercredi quand une douzaine de missiles iraniens sol-sol de haute précision ont atteint les deux importantes bases militaires irakiennes. Celle d'Aïn al-Assad située dans la province d’al-Anbar et une autre en territoire kurde à Erbil, sans faire ni morts ni blessées sauf des dégâts matériels dont des drones. Grand ouf de soulagement du côté américain et de la coalition internationale anti-Daech dont les soldats utilisent ce deux bases. L’absence de pertes humaines a été en effet confirmée mercredi par le président Donald Donald Trump himself sur Twitter ainsi que par de hauts responsables du Pentagone. Autrement, le monde aurait commencé cette nouvelle année 2020 par une troisième guerre du Golfe beaucoup plus dévastatrice : un combat entre le bien que pense représenter Trump et ses alliés et le mal que ce dernier pense que l’Iran incarne avec ses soutiens. En somme une sorte d’Armageddon — Mortal Kombat, bien en chair et en os. Juste après le tir des missiles sur les deux bases, de hauts responsables iraniens annoncent que la vengeance promise à l’assassinat, jeudi 2 janvier, par les Américains du général iranien Qassem Soleimani , chef du corps Al Qods en compagnie d'Abou Mahdi al-Mohandis, un chef de milice chiite irakien (né d’un père irakien et d’une mère iranienne), près de l'aéroport de Bagdad, a été faite et qu’il n’y aura pas d’autres réponses sauf si les Américains commettent d’autre agressions contre l’Iran.

LA HONTE

Mais le plus étonnant dans cette histoire est non pas le fait que les missiles iraniens aient fait mouche sans tuer ni blesser personne (ce qui a désamorcé une violente colère américaine) mais le fait que ces missiles ont atterri sur les deux bases comme entre le fil dans le beurre, autrement dit le système de défense anti-missile américain, supposé étanche, n’y a vu que du feu ! La honte. Un bide que de hauts dirigeants iraniens se sont hâtés de mettre en relief en affirmant que les États-Unis ne peuvent pas nier qu’ils ont été humiliés. Ali Khamenei a eu un commentaire plus laconique mais plus moqueur encore. « Le peuple iranien a filé une baffe aux États-Unis » s’est délecté le guide suprême de la révolution islamique. Bref, sans cet incident dramatique de l’abattage « par mégarde » d’avion ukrainien par la DCA iranienne qui selon Téhéran l’aurait pris par un missile de croisière américain dans un contexte d’extrême tension, on peut dire sans médire que l’Iran a su tel un champion des échecs ou de judo tourner une situation a priori défavorable à son grand avantage en faisant mordre de la poussière à son ennemi juré tout en le roulant dans la farine. Constat partagé par Le Monde. « Le conflit ouvert entre les États-Unis et l’Iran, le 27 décembre en Irak, se conclut, le 8 janvier, par une incontestable victoire de Téhéran. La République islamique a en effet pu ce jour-là tirer une bordée de missiles contre deux bases américaines en Irak sans s’attirer la moindre riposte de Washington. Que ce bombardement n’ait pas fait de victime importe moins que la défaite ainsi acceptée par l’administration Trump (…) » relève le Quotidien français dans son édition électronique du 12 janvier 2020. Fin d’Armageddon — Mortal Kombat saison 1.

http://chankou.over-blog.com/2020/01/etats-unis-vs-iran-les-non-dits-d-un-armageddon-evite-de-justesse-et-dont-l-iran-sort-grand-vainqueur.html


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