Étienne Chouard, le dernier lycanthrope à abattre

par Elliot
lundi 31 décembre 2018

« Le peuple ne demande que le nécessaire, il ne veut que justice et tranquillité, les riches prétendent à tout, ils veulent tout envahir et tout dominer. Les abus sont l’ouvrage et le domaine des riches, ils sont le fléau du peuple : l’intérêt du peuple est l’intérêt général, celui des riches est l’intérêt particulier ; et vous voulez rendre le peuple nul et les riches tout-puissants ! »

Robespierre, Discours contre le marc d’argent (suffrage censitaire), avril 1791.

Avec le concert d’indignations qui touchent jusqu’à certains élus de la France Insoumise que l’on devrait trouver pourtant à cent lieues de ces grotesques ornières, on tente de discréditer le Référendum d’Initiative Citoyenne sous le prétexte qu’il aurait été porté par Étienne Chouard, un personnage, diplômé de l’Université de Paris-Nanterre, enseignant dans un lycée à Marseille, que la grande presse et la petite qui est à sa remorque ne porte pas en odeur de sainteté, certaines de ses positions humanistes donc fatalement occasionnellement anti-israéliennes n’ayant pas l’heur de plaire à ceux qui contrôlent quasi tout l’univers médiatique et qui sont biberonnés au sionisme depuis leur naissance.

On mesure la liberté de la pensée dans certains organes à l’unisson des cris de réprobation qui accompagnent la moindre évocation de ce monsieur assimilé à Soral au prétexte qu’il a partagé des positions communes avec le réprouvé sur certains sujets dont il n’est pas du meilleur usage d’évoquer la réalité.

Par osmose avec Soral, si j’ose dire, il est accusé d’hérésie, ce qui est bien commode pour évacuer sa pensée politique qui n’a rien à voir avec d’éventuelles thèses complotistes mais ainsi va la vie au pays qui sanctifia naguère la raison et le libre arbitre.

Il se fait que ce fameux RIC était présent dans le programme présidentiel de la France Insoumise « L’Avenir en commun » et que ses rédacteurs ne pouvaient pas ne pas savoir qui en avait la paternité officieuse : ce qui n’a au fond aucune importance mais rend encore plus navrantes les mines renfrognées des élus de la France Insoumise lorsque Ruffin a osé citer en conférence de presse le nom de celui qui s’inscrit dans la longue liste des proscrits.

Comme si une idée somme toute la plus démocratique possible devrait souffrir d’avoir été portée par quelqu’un que ses positions passées ( et peut-être même encore présentes ) sur le sujet tabou entre tous, à savoir la sujétion de fait à Israël que les exploitants de la Shoah font peser sur tous les esprits libres en assimilant la critique d’Israël à un antisémitisme forcené.

Comme, par leur attitude, ces excités font davantage pour la résurgence de cette doctrine raciste que quelques imams vaseux à qui prêteraient l’oreille de trop crédules fidèles, il faut croire qu’elle répond à des desseins cachés. En tout cas l’exploitation victimaire a encore de beaux jours devant elle.

Je ne connais pas bien Étienne Chouard, ne l’ayant jamais vu et entendu que chez Taddei il y a quelques années et j’en sais encore moins sur le fonctionnement de son cerveau et les ressorts secrets de sa pensée intime sauf donc ce qu’il veut bien en laisser apparaître.


D’après certains bien-pensants, il ferait donc partie de ces cerveaux malades ( terminologie que l’on doit à l’ineffable Patrick Cohen qui sévit en son temps sur France Inter et participe aujourd’hui au naufrage d’Europe 1) que l’on ne saurait voir ni entendre, frappant d’indignité tous ceux qui leur prêteraient écoute.

Cela suffirait à me le rendre sympathique.

Pour la pensée unique uniformisée et à la solde des maîtres du monde qu’importent la valeur du message transmis, sa réalité, le fait qu’il soit la reproduction de ce que tout un chacun peut découvrir dans son environnement, il est nul et non avenu, ainsi l’ont décidé nos censeurs. Amen !

Et l’on s’étonne alors que des gilets jaunes ou d’autres manifestants particulièrement remontés contre la presse hurlent leur dégoût de ses représentants voire en arrivent à des voies de faits si l’on peut ainsi qualifier des molestations somme toute potaches.

Encore une fois les journalistes en tant que tels, payés au lance-pierre pour la plupart, exercent leur métier dans des conditions difficiles, j’en suis conscient : il leur faut éviter les sujets qui fâchent et, si l’on ne peut les éviter, les traiter au mieux avec un détachement perplexe au pis en donnant sur les événements l’éclairage qui est celui qu’attendent d’eux les dirigeants d’entreprise.

Certains, comme sur Fr 3, poussent cependant la flagornerie jusqu’à masquer sur des images des slogans ou parties de slogans qui risqueraient de déplaire à l’Élysée anticipant prudemment d’éventuelles remontrances du personnel dirigeant de l’état.

On voit le même procédé de maquillage en œuvre pour l’ultime avatar de l’affaire Benalla avec ces fameux passeports dont on essaye de nous faire croire que, dûment réclamés, ils n’ont pas été rendus sans que cela inquiète outre mesure ceux qui sont chargés de la bonne marche des services de l’état. Soit l’incompétence est abyssale et je ne puis me résoudre à y croire soit il y eut là une manière de passe-droit détourné mais c’était sans compter sans des informateurs trouvant écho chez Médiapart.

De toute manière, pour rassurer Margot dans sa chaumière, l’ancien conseiller homme de main sera vite dépeint comme un mythomane auquel il ne faut accorder aucun crédit des révélations qu’il pourrait avoir l’idée saugrenue de divulguer si l’on continuait à lui chercher des poux sur la tête.

Ce sont ces médiocres jeux de pouvoir qu’en son temps Étienne Chouard a dénoncés et auxquels il a proposé d’apporter une réponse par le RIC mais ce sont aussi ces médiocres jeux de pouvoir qui vont s’évertuer à enliser le principe de ces demandes citoyennes dans un système de relais poussiéreux où elles seront dénaturées si l’on n’y prend garde.

Qu’on le veuille ou non, qu’on l’admette ou qu’on le rejette, Étienne Chouard est incontournable dans la réflexion sur la démocratie.

Le tirage au sort de militants chargés de participer à l’élaboration du programme de la France Insoumise pour les Présidentielles a été inspiré par ses travaux.

Dans sa réflexion il part du principe vérifié par notre expérience à tous qu’il est dans la nature humaine de préférer promouvoir ses propres intérêts au détriment de l’action collective : tout groupe humain secrète au bout du bout un ou des leaders et ces derniers livrés au pouvoir sans garde-fou finissent par défendre leur ambition personnelle et non plus la cause du groupe.

La seule manière d’éviter que les dérapages ne tuent définitivement l’action publique, c’est de se donner les moyens institutionnels de révoquer les élus en cas de manquements graves et répétés.

Le RIC vise aussi à institutionnaliser une clause révocatoire.

On peut exciper de leur caractère utopique pour condamner à l’échec ces revendications, c’aura été en tout état de cause une utopie créatrice comme le furent toutes celles qui émaillèrent de victoires les conquêtes sociales qui sont aujourd'hui l’enjeu du détricotage rêvé par le pouvoir

 

L’autogestion ouvrière qui fut à la mode dans les années 70 poursuivait une utopie de cette nature. La victoire de la Gauche en 81 et le mésusage qui en a été fait a tué dans l’œuf ces sympathiques rêveries ouvrières.

 


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