Etre jeune gaulliste, c’est refuser le FN

par Romain Naudin
jeudi 26 avril 2018

Romain Naudin, secrétaire-général et porte-parole de l'Union des Jeunes pour le Progrès (UJP), mouvement officiel des jeunes gaullistes, et Aubry Le Bouar, Président des LR Assas, appellent la droite républicaine à éviter le piège d'un rapprochement avec le FN, dont le dicours n'a rien de gaullien. 

 

De plus en plus de voix, au sein même des Républicains, plaident pour un rapprochement entre le parti de la droite classique et le FN de Marine Le Pen. L’appel d’Angers, co-signé par Thierry Mariani et plusieurs élus LR et FN, en est l’exemple le plus récent et le plus frappant. De manière moins spectaculaire et moins médiatisée, des rapprochements officieux se font également au niveau local. Enfin, au-delà de la question des alliances proprement dites, de nombreux observateurs accusent Laurent Wauquiez de tenir un discours singeant celui de Marine Le Pen et de faire basculer ainsi idéologiquement la droite républicaine dans les bras de l’extrême-droite. 

En tant que jeunes gaullistes, il est de notre devoir de nous opposer à toutes formes d’extrémisme politique et d’appeler la droite à éviter à tout prix de tomber dans le piège d’une alliance avec le mouvement lepéniste. 

Une telle alliance serait à la fois contre-nature et contre-productive. 

 

Un rapprochement contre-nature

 

Contre-nature déjà, car LR et FN sont deux partis aux origines, à l’histoire et à l’héritage idéologique très différents. Tandis que LR se veut rassembler les courants gaulliste, chrétien-démocrate et libéral de la droite parlementaire et s’inscrit dans le sillage des partis qui se revendiquent de l’oeuvre gaullo-pompidolienne, le FN est, quant à lui, issu des mouvances traditionalistes et fascisantes d’une droite nationaliste et révolutionnaire qui s’est historiquement opposée - et de manière parfois violente, au-travers de l’OAS notamment - aux politiques mises en oeuvre par de Gaulle et Pompidou. Rappelons-nous qu’Ordre nouveau, ce groupuscule qui participa de façon décisive à la création du Front National en 1972, n’était rien de moins qu’un mouvement se revendiquant des idées néo-fascistes… Rappelons-nous que Jean-Marie Le Pen, l’ancien Président du FN qui, dans ses Mémoires parues récemment, décrit le Maréchal Pétain comme un héros, a toujours affiché une certaine proximité avec l’OAS et s’est constamment montré critique envers le Général de Gaulle. Comment un parti qui, par son histoire et ses militants, incarne l’héritage gaullien pourrait-il fusionner ou s’allier à un parti qui, par ses origines et sa trajectoire, s’inscrit dans une ligne inverse ? Si des militants ou des cadres FN se disent gaullistes ou pensent appartenir à la droite parlementaire et républicaine, qu’ils quittent leur parti et viennent nous rejoindre. 

Contre-nature ensuite, car LR et FN n’ont pas vocation à porter le même projet pour la nation et la société française. Le FN, en digne héritier des ultra-nationalistes d’Ordre nouveau, défend une vision radicale et identitaire. Son projet est fondamentalement tourné, non pas vers le futur, mais vers un passé idéalisé : à l’image de ceux qui ressassent sans arrêt que « c’était mieux avant », les nationalistes croient pouvoir revenir à la France des années 1950, lorsqu’il n’y avait pas l’Europe politique, lorsque nous fonctionnions en économie fermée et que le monde rurale et agricole était encore dominant. Cette vision irréaliste et pessimiste, qui pousse le FN de Marine Le Pen à formuler des propositions aussi absurdes que l’encadrement du prix du pain ou le « zéro immigration », et à se contredire sur la construction européenne - sujet sur lequel nous avons vu qu’elle ne maitrisait pas grand chose aux dernières élections présidentielles -, n’est pas et ne doit pas être la vision d’une force politique à la fois républicaine, patriote et gaullienne. S’il est vrai que, ces derniers temps, les Républicains semblent avoir quelques difficultés à préciser et défendre une ligne et un projet clairs et novateurs, l’élection d’un président fin 2017 et la nomination d’une nouvelle direction rajeunie font naître l’espoir que la droite se dote enfin d’un véritable projet qui ne se résume pas à quelques économies budgétaires ou à quelques baisses d’impôts. Mais, quoi qu’il en soit, le projet que portera LR, sans être celui d’Emmanuel Macron, ne devra en aucun cas copier la vision nostalgique et nationaliste du FN. En tant que jeunes gaullistes sociaux, nous plaidons pour que la droite républicaine propose une vision d’avenir qui rassemblerait des Français de toutes tendances politiques, de toutes classes sociales et de toutes origines autour d’un objectif commun. Cet objectif n’est pas celui de revenir à la France rêvée d’antan. Cet objectif, c’est au contraire la modernisation du pays : modernisation technologique, modernisation économique, modernisation sociale. Il ne s’agit pas de simplement faire une « Start-up Nation » comme le veut notre Président de la République. Il s’agit de faire avancer notre pays dans l’histoire, en l’ancrant dans une Europe protectrice forte, sans abandonner ce qui a fait le succès de notre République, sans abandonner nos racines culturelles ni notre éthique. 

Avancer, et non pas reculer. Nous ne pourrions être soluble, dans ce cadre, avec un mouvement qui ne regarde qu’en arrière et qui ne propose rien d’innovant pour que nos structures survivent et s’adaptent au monde qui vient - et qui bouleversera tout !

 

Un rapprochement contre-productif

 

Contre-productif, pour des raisons à la fois électorales et techniques. 

Pour des raisons électorales de prime abord, car il serait faux de croire qu’une alliance entre LR et FN aurait pour résultat l’addition automatique des scores que réalisent en l’état chacun de ces deux partis. Si une minorité active et bruyante de militants LR fait valoir qu’un tel rapprochement renforcerait la droite, une grande partie - la majorité - des militants et sympathisants LR est contre tout rapprochement et, si ce dernier se produisait, ne voterait pas pour le bloc politique ainsi formé, qu’elle percevrait avec raison comme absurde voire dangereux d’un point de vue idéologique. De même, chaque échéance électorale montre que les électeurs rejettent massivement les extrémismes, et, en particulier, le FN. Se jeter dans les bras de Marine Le Pen équivaudrait, pour la droite républicaine, à jeter une large partie de son électorat dans ceux d’Emmanuel Macron, qui serait perçu comme davantage sérieux et gaullien. 

Pour des raisons techniques ensuite, car se battre pour la grandeur de son pays et pour la richesse de son peuple nécessite un minimum de compétences. Le dernier débat présidentiel, désastreux à tous points de vue pour Marine Le Pen, a prouvé que cette dernière n’avait pas les capacités pour diriger et faire briller une nation. Incompétente sur les sujets économiques, inaudible sur l’euro, caricaturale sur des sujets qu’elle était pourtant censée maitriser comme l’immigration ou l’islam, Marine Le Pen ne peut valablement se présenter comme l’avenir de la France. Son incompétence a même surpris et inquiété jusque dans son propre camp, où elle parait de plus en plus contestée… Serait-il sérieux, pour la droite, de marcher main dans la main avec des individus qui, par leur absence de maitrise des dossiers et leur amateurisme, couleraient un peu plus leur pays si, par malheur, ils parvenaient au pouvoir ? 

 

Etre jeune gaulliste, c’est refuser le FN

 

Cet exposé de motifs explique donc en quoi il serait incohérent idéologiquement et absurde politiquement pour la droite républicaine de penser que son avenir résiderait dans un rapprochement ou une fusion avec un parti qui s’est construit autour du rejet de l’oeuvre gaullo-pompidolienne de modernisation de notre pays. La question de l’immigration peut certes donner à croire que les deux partis sont compatibles. Toutefois, un projet de société ne saurait être ramené à cette seule question. Et, concernant l’âme du projet qu’il faudra défendre et porter pour notre société, afin que notre pays soit le moteur d’une Europe en construction, la droite ne devra pas adopter les mêmes postures simplistes et nostalgiques que celles du FN si elle souhaite faire réellement avancer sa patrie. 

Pour finir, nous devons préciser que, si un rapprochement ou des accointances trop fortes venaient à être constatées sur le terrain entre LR et FN, nous ne pourrions, en tant que jeunes gaullistes, rester affiliés à un parti qui abandonnerait ainsi son ADN gaullien pour se vendre à des nationalistes sans vision d’avenir. Etre jeune gaulliste, c’est refuser les extrémismes politiques qui nuisent à la France. Tous les extrémismes. 

 

Romain Naudin, secrétaire-général et porte-parole de l’Union des Jeunes pour le Progrès (UJP), et Aubry Le Bouar, Président des LR Assas. 


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