Etre socialiste et voter Sarkozy ?
par Eddy667
mardi 20 mars 2007
C’est hélas possible... La faute à ses adversaires qui n’ont su prouver qu’une chose : leur médiocrité.
Merci Mme Royal d’avoir trahi une espérance qui s’était portée sur vous...
On regarde en arrière et on se dit "quel gâchis !" Je suis au siège du PS le soir de votre élection, je suis ravi d’assister en catimini à cette soirée que je crois alors historique. Les jours ont passé et votre campagne n’a fait que me décevoir, jour après jour, entre cacophonie, bourdes, posture de femme offensée, cavalier seul, mépris du parti et de ses 40% de militants qui n’ont pas voté pour vous. Aujourd’hui je n’ai que ce mot à la bouche en pensant à cette élection si proche maintenant : quel gâchis !
Une espérance gâchée par une ambition plus démesurée que celle que vous dénoncez chez vos adversaires, une ambition qui vous fait oublier le parti que vous représentez. Vous faites exactement la même erreur que votre mari lors du vote interne, lors de la consultation sur la Constitution européenne : d’ailleurs et c’est troublant le résultat est le même, 60% pour le oui, comme ces 60 % qui vous ont mené à la tête du combat pour les présidentielles. Or la grosse erreur c’est de penser que parce qu’une majorité a voté pour l’Europe, les 40 % allaient se taire et voter également pour. François Hollande a fait la grave erreur de penser que les 40 % qui avaient voté contre dans la consultation interne ne comptaient plus puisque la majorité pour le oui l’avait emporté. Il aurait fallu, à cet instant, créer un projet de synthèse plus intelligent qui prenne en compte le refus de 40 % des militants. Ce sera la même chose pour vous, car, si vous avez gagné le droit de représenter le parti socialiste à l’élection, cela ne vous a pas dispensée de vous ouvrir aux 40 % qui restaient. Faire la synthèse tout de suite au lieu de colmater plus tard.
Et puis vint l’épisode Besson, la manière et surtout le mépris total de sa vie privée mise en pâture comme explication de son coup de sang par Julien Dray était non seulement dégueulasse, il n’y a pas d’autres mots, mais surtout symptomatique de cette courette de bénis oui-oui trop contents d’avoir misé sur le bon cheval. Au lieu de vous ouvrir, non seulement vous avez fermé l’accès à ceux qui, un jour, ont fait l’honneur du parti, mais en plus de leur fermer l’accès vous les avez exclus. Triste avant-goût d’un possible mandat n’est-ce-pas ? J’avais voté pour vous parce que j’estimais aussi ceux qui vous entouraient. Mais lorsque j’entends qu’aucun d’entre eux n’ose vous contredire, que tous baissent les yeux devant vous, c’est la peine qui remplace cette admiration. On ne voit finalement qu’une bande de revanchards aigris d’avoir un jour été exclus.
Je vous ai regardée ensuite à chaque fois, pour ne pas perdre l’envie qui jusque là ne m’avait jamais quittée lors des élections présidentielles. Et je n’ai vu dans chacune de vos interventions que des généralités, des messages identiques matraqués comme des slogans bon marché, une élocution terne, monocorde comme une récitation de CM2, une empathie permanente sans solutions crédibles. Et puis une gauche qui reproche à Sarkozy de citer Jaurès et Blum alors que vous-même dans votre discours de Villepinte vous n’avez cité que... De Gaulle, c’est plus qu’un comble, c’est hallucinant.
J’ai ensuite essayé de porter une attention à votre discours sur l’économie et force est de dire que la démagogie est permanente. D’une part votre équipe est essentiellement formée de personnes issues de la fonction publique et qui n’ont absolument aucune idée des enjeux d’une économie mondialisée. Ensuite, le mépris dont vous et votre mari faites preuve à l’égard du patronnat, des salariés qui gagnent correctement leur vie, bref en opposant une France à l’autre alors que c’est exactement ce que vous reprochez à Sarkozy, là encore l’hypocrisie prend le pas sur l’humilité. Quand j’entends Mme Taubira, que j’apprécie pourtant, dire qu’il faut recapitaliser EADS de 20 milliards, les bras m’en tombent. Et cette réponse incroyable que vous fites à un journaliste économique qui vous demandait comment financer les mesures et le budget : "ce sera la mission du ministère du Budget", bref se défausser par des pirouettes de ce genre n’est pas digne d’un responsable qui aspire aux plus hautes fonctions. (Et, dernière chose, entre nous, croyez-vous que les ménages modestes qui réussissent à financer la constuction de leur nouvelle maison sur 25/30 ans pourront payer un surplus de plus de 10/30 % pour y intégrer les énergies renouvelables puisque vous dites que désormais les permis de construire devront les intégrer pour être autorisés ?)
Alors voilà, après une période de désarroi, j’ai décidé de ne pas voter pour vous. Et c’est définitif. Maintenant pour être cohérent et citoyen jusqu’au bout, il va bien falloir choisir.
Je ne pourrais jamais voter pour les extrêmes dont les solutions radicales seront radicalement dangereuses pour la stabilité dont a besoin un pays. Adieux veaux, vaches, Bové, Besancenot, Le Pen, de Villiers.....
Le cas Bayrou est intéressant mais promis à un échec cuisant tant l’instabilité institutionnelle à laquelle il conduit est terrifiant. Voyez plutôt : un 49.3 supprimé, c’est le début de sessions parlementaires interminables ; l’ouverture de la proportionnelle à l’Assemblée, c’est l’instabilité permanente. Faire croire que tous ces partis puissent gouverner ensemble c’est comme croire que Le Pen et Besancenot puissent se pacser....
Alors il ne reste à mes yeux de crédible que le programme de Sarkozy et vraiment ça me fend le coeur de dire ça. Il y tant de gens que je déteste dans son équipe : Raffarin le tartarin, Douste la chiffe molle, Minc le plagiaire, Nadine Morano le pitt bull, etc. Et puis il y a autour de lui tout un ensemble d’intérêts divergents qui me laisse perplexe sur sa capacité à réformer.
Mais il y a aussi dans son programme et son équipe de bonnes choses, des personnes de qualité et d’expérience, comme Borloo, Fillon, Juppé. Dans son programme : un plan Marshall pour les banlieues, une conférence salariale sur l’égalité homme/femme, les heures sup sans charges.
Bref voilà où j’en suis, très déçu mais la déception a fait place à un pragmatisme, je voterai pour le moins pire et le plus crédible.