Extinction de l’espèce humaine, peut-on ne pas y croire ?

par Alain Alain
mercredi 23 septembre 2020

Tour de France cycliste à la télé : paysages majestueux, paisibles, immuables.
Retour de congés.
Les vacances : découverte de superbes panoramas impérissables, vestiges historiques, empreintes du passé, guidés par le GPS, le Bluetooth, promesses d’un avenir encore plus performant, constructions époustouflantes résultats de prouesses techniques, comme le viaduc de Millau, etc., témoignages de l’éternel génie des humains, plus prolifique que jamais.

Ainsi.
Difficile de croire aux prémices d’un cataclysme écologique planétaire.
Difficile de se convaincre de l’urgence d’une prise de conscience et plus encore de l’impérieuse nécessité d’actions et de bouleversements impératifs.
On ne voit pas où il y a péril en la demeure.

Agaçant quand même ce mois de septembre plus chaud que les meilleurs juillets d’il y a dix ans ; jusqu’à 15° en plus certains jours par rapport aux normales de saison. Et ça dure. Partout en France. Ailleurs aussi.
Déconcertant ces gigantesques incendies immaîtrisables sur la côte ouest des États-Unis jusqu’à plonger dans une nuit rougeoyante des villes entières.
Encore un épisode cévenol dévastateur et meurtrier.

 Alors.
Comment un ordinaire homo sapiens sans compétences particulières peut essayer de savoir. Comment aller au-delà des documentaires, débats, reportages trop succincts, forcément superficiels, sans garantie d’expertise indéniable et de bonne foi.
Justement en se fiant à ceux qui ont les capacités et qualifications pour chercher et élaborer les meilleures réponses possibles compte tenu des moyens techniques et scientifiques dont ils disposent.
Ceux-là, bien souvent écrivent des livres, chacun dans son domaine d’excellence, pour essayer de mettre à la disposition de tous, toutes les connaissances disponibles et établies.
On peut donc faire confiance à leur expertise et à leur objectivité.
Les lire demande du temps. Ce n’est pas toujours plaisant bien qu’accessible.
Cet article propose un recueil d’extraits des livres en langue française que j’ai lus sur le sujet. Certes sa lecture complète demande un peu de temps. Aussi, pour l’écourter sans perdre l’essentiel du message, on peut choisir de concentrer son attention sur certains passages seulement. Quitte à y revenir, si l’envie d’en savoir plus vous y pousse.

Les premiers extraits traitent des questions de l’imminence et de la gravité des dégradations du climat, de la pollution, de la biodiversité, etc.
Ensuite ils décrivent des conséquences dont on ne parle pas habituellement.
Les derniers évoquent les pseudo-arguments des climatosceptiques sur l’aspect naturel et récurrent du phénomène.

 Les délaissés
 Thomas Porcher,
 Docteur en économie de l'université Paris Panthéon-Sorbonne, professeur associé à la Paris School Business.
Grâce au green washing* permettant à tout le monde de se donner bonne conscience sans rien changer, nos dirigeants nous font courir le plus grand risque que l'humanité ait jamais connu, et la possibilité de rectifier le tir se rétrécit année après année.
* procédé de relations publiques utilisé par une organisation dans le but de se donner une image de responsabilité écologique trompeuse. Source : wikipedia.
Le temps de la discussion est terminé, il faut agir, très vite. (…)
On peut donc légitimement se demander combien de rapports et de catastrophes il faudra pour que nos dirigeants (politiques comme PDG) décident de changer radicalement notre modèle économique qui depuis 1850 est corrélé aux émissions de CO2.
 

 Le plus grand défi de l'histoire de l'humanité
 Aurélien Barrau,
 Astrophysicien au CNRS et professeur à l'université Grenoble-Alpes. Membre honoraire de l'Institut universitaire de France, lauréat de plusieurs prix scientifiques et docteur en philosophie.
L'ONU estime que si nous ne changeons pas de cap de façon radicale d'ici 2 ans, nous allons devoir faire face à une « menace existentielle directe ». Les mots sont lourds de sens. Le système « planète Terre » étant non linéaire, il existe un certain nombre de paliers : si le prochain est franchi, même un ascétisme radical ne pourra plus inverser la tendance avant des temps considérables et des dégâts essentiellement irréversibles. De plus, l'ONU souligne que les objectifs affichés sont dramatiquement insuffisants. Ces objectifs ne sont eux-mêmes, pourtant, pas du tout atteints à l'heure actuelle. L'écart entre l'évolution réelle et celle identifiée comme nécessaire ne fait que croître. (…)
On sait que certains mécanismes physiologiques fondamentaux à l'œuvre dans notre cerveau ne poussent pas à la prévoyance à long terme. Sauver l'avenir ne génère pas beaucoup de dopamine. C'est sans doute pourquoi il faut marteler que le désastre est déjà en cours et ne relève pas d'une projection à long terme. (…)
Que la réalité soit effrayante ne la rend pas moins réelle. (…)
Voilà comment la grande histoire de la Terre se souviendra de nous : comme l'espèce qui a affaissé le vivant, dans des proportions qui n'avaient, en 4 milliards d'années d'existence de la vie, été possibles que suite à un cataclysme extérieur. (…)


Si l'on résume les trois derniers rapports du GIEC, les idées sont essentiellement les
suivantes :
1) le réchauffement sera drastique et le +1,5° n'est pratiquement plus tenable ;
2) la biodiversité est en effondrement brutal ;
3) la dégradation des sols menace l'équilibre alimentaire global.
Un nouveau rapport récent met l'accent sur les océans et les zones glacières. La trajectoire thermique actuelle mènerait à une élévation du niveau des mers de près d'un mètre. Cela induira mécaniquement la migration de plusieurs centaines de millions de personnes. Les inondations dues aux cyclones augmenteront notablement. Le dégel du permafrost (la quasi-totalité d'ici la fin du siècle) constituera une véritable bombe climatique qui se surajoutera aux effets par ailleurs en cours. (…)
Changer de paradigme n'est plus aujourd'hui une simple option. C'est la condition d'un salut.

 Le marché contre l'humanité
 Dominique Bourg
 Philosophe, professeur honoraire de l'Université de Lausanne. Directeur de la revue La Pensée écologique, président du conseil scientifique de la Fondation Zoein.
On n'arrête pas le progrès... En sommes-nous si sûrs ? La dynamique de transgression des limites planétaires et celle de la consommation de ressources sont telles, qu'elles ne sauraient être indéfiniment prolongées. Ce sont plutôt des effondrements en cascade qui nous attendent. (…)
S'ajoutent à ce tableau complexe les incertitudes qui pèsent sur notre devenir collectif en termes de disponibilité énergétique, de capacité à nous nourrir, et même concernant la part de la Terre que nous pourrons encore habiter en fonction du degré d'élévation de la température que nous atteindrons et du degré d'effondrement ou de basculement des écosystèmes que nous subirons ; sans compter les conflits militaires généralisés, voire nucléaires, que des leaders politiques plus border line les uns que les autres rendent possibles, sinon probables.

 Retour sur terre ; 35 propositions
 Dominique Bourg, 
 Gauthier Chapelle, biologiste - Johann Chapoutot, historien et professeur Sorbonne Université - Philippe Desbrosses, agriculteur et docteur en sciences de l'environnement - Xavier Ricard Lanata, ethnologue, philosophe - Pablo Servigne, agronome, docteur en sciences biologiques - Sophie Swaton, présidente de la Fondation Zoein, économiste et philosophe, Université de Lausanne.
La température moyenne au sol sur Terre est de 1,1° supérieure à ce qu'elle était dans la seconde moitié du XIXe siècle et, selon l'un des grands modèles au monde, celui de l'IPSL (Institut Pierre Simon-Laplace, Paris), elle devrait atteindre les + 2° dès 2040, en raison des émissions déjà émises pour l'essentiel. C'est considérable.
Rappelons qu'avec une augmentation de plus de 1°, nous connaissons désormais des cyclones qui flirtent presque systématiquement avec le plafond de la catégorie 5, des inondations hors normes et des méga-feux, des pics de chaleur jamais atteints et des méga-sécheresses. Les récoltes australiennes de riz et de sorgho à l'issue de l'été austral ont par exemple diminué de 66 %. Avec + 2°, certaines régions de la zone intertropicale pourraient déjà connaître plusieurs jours par an où l'accumulation chaleur et humidité saturerait nos capacités de régulation thermique : nous ne serions plus en mesure, sans refuge dans un endroit plus frais au bout de 7 à 8 minutes, de réguler et de maintenir la température de notre corps à 37°, et ainsi d'échapper à la mort. Avec une élévation de la température de 3,5 à 4°, cet état de choses durerait des semaines et s'étendrait même au-delà des tropiques. L'enjeu n'est donc autre que le maintien de l'habitabilité de la Terre pour l'espèce humaine et les autres espèces. (…)
Rappelons qu'à terme, en cette matière, il n'y a pas d'intérêts divergents : continuer sur la tendance actuelle, c'est aboutir à une planète inhabitable pour l'ensemble des espèces vivantes. (…)
La Covid-19 est l'une de ces zoonoses qui se multiplient depuis quelques décennies parce que nous détruisons des écosystèmes, et donc l'habitat de certaines espèces qui se rapprochent alors de nos habitats ; et parce qu'en détruisant la biodiversité sauvage comme la diversité génétique des espèces domestiques, nous déstabilisons les équilibres entre populations et facilitons la circulation des pathogènes.

 Comment sauver le genre humain
 Paul Jorion, Anthropologue, sociologue et psychanalyste, 
 Vincent Burnand-Galpin, étudiant à l'ENSAE ParisTech et Sciences Po Paris.
Dans son rapport du 26 novembre 2019, le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) parle d'une « décennie perdue » pour la période 2009-2019 en termes de lutte contre le réchauffement climatique. Les États « ont collectivement échoué » à réduire les émissions de CO2. Au contraire, entre 2008 et 2017, elles ont crû de 1,6 % en moyenne par an. Et la tendance ne s'atténue pas : les émissions mondiales de gaz à effet de serre ont augmenté de 3,2 % entre 2017 et 2018. Ce qui nous amène sur une trajectoire de 3,5° supplémentaires, sinon plus, en moyenne, à la surface de la Terre par rapport à l'ère préindustrielle d'ici la fin du siècle, selon le PNUE. Comme nous l'avons vu, les conséquences seront cataclysmiques. (…)
Monsieur Guterres, (secrétaire général des Nations unies) vous avez récemment déclaré à juste titre : « Si nous ne changeons pas d'urgence nos modes de vie, nous mettons en péril la vie elle-même. » Vous ne cessez d'avertir des dangers qui nous guettent, continuez ainsi ! Continuez donc à tirer la sonnette d'alarme !

 Atlas de l'anthropocène
 Jan Zalasiewicz, professeur de géologie (paléobiologie) à l'Université de Leicester, dirige le groupe de travail sur l'anthropocène de la Commission internationale de stratigraphie, Bruno Latour, sociologue, philosophe des sciences, professeur émérite à Sciences Po.
Un peu partout dans le monde, les records de température se succèdent : l'année 2018 a été l'année la plus chaude jamais enregistrée en France. L'année 2016 a été l'année la plus chaude enregistrée sur Terre, 2017 fut la deuxième et 2018, la quatrième. Le 24 janvier 2019, la température atteignait 49,4° à Port-Augusta, près d'Adelaïde en Australie. En juin 2019, la température dépassait 50° en Inde, battant tous les records. Ce même mois, la barre des 45° était franchie en France pour la première fois.
Une hausse qui s'accélère. En 2018, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) estimait qu'à cause des activités humaines, la température moyenne sur Terre s'était accrue de 1° depuis l'époque préindustrielle. Au rythme actuel des émissions de gaz à effet de serre (GES), la température moyenne augmente de 0,2° tous les dix ans. Le seuil de +1,5° sera atteint entre 2030 et 2052.
Lors de la signature de l'accord de Paris, en 2015, les pays se sont engagés à ce que la hausse de la température terrestre moyenne ne dépasse pas + 2° en 2100. En réalité, il existe un fossé entre cet objectif collectif et l'agrégation des engagements nationaux annoncés en parallèle. Si ces derniers étaient tous respectés, on se dirigerait plutôt vers une hausse de la température moyenne de 3,5° d'ici à 2100, donc très loin des 2°. Mais comme les engagements nationaux ne sont guère respectés, l'hypothèse la plus probable est celle d'une hausse de 4° en 2100 et le scénario, encore inimaginable il y a quelques année d'une hausse de 6,4° devient parfaitement envisageable compte tenu de la trajectoire actuelle des émissions de GES. La température terrestre moyenne, actuellement de 15°, atteindrait donc 21,4° à cette date si rien n'était fait d'ici là pour ralentir les émissions de GES.

Nicolas Hulot : « La planète est en train de devenir une étuve, nos ressources naturelles s'épuisent, la biodiversité fond comme neige au soleil. Et on s'évertue à réanimer un modèle économique qui est la cause de tous ces désordres. Je ne comprends pas comment, après la conférence de Paris, après un diagnostic imparable, ce sujet est toujours relégué dans les dernières priorités. » Ainsi s'exprimait Nicolas Hulot en annonçant en direct sa démission du gouvernement sur France Inter, le 28 août 2018. Le poids des lobbyistes de l'agriculture productiviste, du nucléaire ou des énergies fossiles a fini par vaincre ses velléités de mettre l'écologie au cœur de la politique gouvernementale. Pendant des mois, le ministre aura dû avaler couleuvre sur couleuvre.

Greta Thunberg : « Les gens souffrent, ils meurent. Des écosystèmes entiers s'effondrent, nous sommes au début d'une extinction de masse, et tout ce dont vous parlez,
c'est d'argent, et des contes de fées de croissance économique éternelle ? Comment osez-vous ! » 

 La terre inhabitable
 David Wallace-Wells
 Chercheur à la New America Foundation, éditorialiste et rédacteur en chef adjoint au New York Magazine.
Même si, par miracle, les humains cessent immédiatement d'émettre du dioxyde de carbone, nous aurons droit une dose de réchauffement supplémentaire, simplement du fait de ce que nous avons déjà produit. Et bien sûr, puisque les émissions continuent d'augmenter à l'échelle du monde, nous sommes très loin du bilan neutre, donc très loin de freiner le changement climatique. (…)
Même sous un régime global de réduction des émissions particulièrement agressif, le réchauffement de la planète simplement dû au CO2 injecté dans l'atmosphère augmenterait les précipitations mondiales de façon spectaculaire.
En tout, avec seulement 1,5° de hausse, l'augmentation des dégâts dus aux inondations se situerait entre 160 et 240 % ; à 2°, le nombre de morts serait 50 % plus élevé qu'aujourd'hui. Aux États-Unis un modèle récent a calculé que 40 millions d'Américains courraient alors le risque d'être inondés, un résultat trois fois supérieur aux dernières estimations de la FEMA (Federal Emergency Management Agency - Agence fédérale des situations d'urgence). (…)
Mais le changement climatique n'est pas un crime du passé qu'il nous revient de résoudre ; nous détruisons notre planète au présent, chaque jour. (…)
Nous sommes tellement imprégnés, encore aujourd'hui, de la propagande du progrès humain et de l'amélioration générationnelle qu'il semble presque inconcevable d'imaginer que nos petits-enfants vivent à jamais parmi les ruines d'un monde naguère plus riche et plus paisible.

 Dans ce même livre des conséquences dont on parle peu.

En 2017, la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration - Administration océanique et atmosphérique américaine) jugeait une hausse de 2,5 mètres envisageable durant ce siècle. Sur la côte est, les scientifiques ont déjà lancé une nouvelle expression,
« inondation par beau temps », lorsque la marée montante à elle seule, sans la moindre averse, vient inonder une ville. (…)
Une des principales inquiétudes est liée au méthane, particulièrement celui qui pourrait être libéré par la fonte de l'Arctique, dont le permafrost contient jusqu'à 1 800 milliards de tonnes de dioxyde de carbone, soit beaucoup, beaucoup plus que ce qui est actuellement en suspension dans notre atmosphère. Au dégel, une partie s'évaporera sous forme de méthane qui est, selon la façon dont on le mesure, un gaz à effet de serre au moins douze fois plus puissant que le CO2. (…)
« L'effet d'albédo ».
La glace, blanche, réfléchit la lumière du soleil en direction de l'espace, elle ne l'absorbe pas. Donc, moins il y a de glace, plus la lumière du soleil est absorbée, accroissant le réchauffement. La disparition totale de la glace, selon les calculs de Peter Wadhams, pourrait signifier l'équivalent, en réchauffement massif, de la totalité des émissions de CO2 de ces vingt-cinq dernières années. Soit, souvenez-vous, environ la moitié de ce qu'a produit l'humanité durant toute son histoire - une quantité de dioxyde de carbone qui a fait basculer le climat de la planète de la stabilité quasi complète au bord du chaos. (…)
Quand les arbres meurent - que ce soit naturellement, par incendie ou de la main des hommes, ils relâchent dans l'atmosphère le gaz carbonique stocké en eux depuis parfois plusieurs siècles. De cette manière, ils sont comme le charbon. C'est la raison pour laquelle l'effet des incendies sur les émissions constitue l'une des rétroactions climatiques les plus redoutées : les forêts du monde, l'exemple même du puits de CO2, deviendraient sources de CO2, relâchant tout le gaz carbonique stocké. L'impact est particulièrement dramatique lorsqu'elles sont plantées sur tourbe. Les feux de tourbe en Indonésie, en 1997 par exemple, ont relâché jusqu'à 2,6 milliards de tonnes de gaz carbonique — 40% des émissions globales annuelles moyennes. Plus il y aura d'incendies, plus il y aura de réchauffement, plus il y aura d'incendies. En Californie, un seul feu est capable d'éliminer entièrement les gains d'émission réalisés dans la même année grâce aux politiques environnementales agressives de l'État. Des sinistres de cette envergure se produisent désormais chaque année.
En Amazonie, qui en 2010 a connu la deuxième « sécheresse du siècle » en l'espace de cinq ans, 100 000 incendies ont éclaté en 2017. (…)
Il existe aujourd'hui, prises au piège de la banquise arctique, des maladies qui n'ont pas circulé dans l'air depuis des millions d'années - et, pour certaines, qui précèdent la présence humaine sur Terre. Nos systèmes immunitaires se trouveront bien dépourvus pour organiser la riposte lorsque ces épidémies préhistoriques émergeront de la glace. Déjà, plusieurs microbes ont été réanimés en laboratoire : une bactérie « extrêmophile* » vieille de 32 000 ans réactivé en 2005, un microbe de 8 millions d'années ramené à la vie en 2007, un autre de 3,5 millions d'années qu'un scientifique russe s'est injecté par curiosité, juste pour voir. (Il a survécu.) En 2018, des scientifiques ont redonné vie à quelque chose d'un peu plus gros - un ver figé dans le permafrost depuis 42 000 ans.
* Un organisme est dit extrêmophile lorsque ses conditions de vie normales sont mortelles pour la plupart des autres organismes. Source : futura-sciences.
L'Arctique regorge également de maladies terrifiantes plus récentes. En Alaska, les chercheurs ont découvert des traces de la grippe de 1918 qui a infecté pas moins de 500 millions de personnes, dont 50 millions sont décédées - soit 3 % de la population mondiale à l'époque et presque six fois plus que le nombre de victimes de la Première Guerre mondiale tout juste achevée. La pandémie a fait office d'effroyable épilogue. Les scientifiques soupçonnent la glace sibérienne de receler la variole et la peste bubonique, entre autres maladies légendaires. Une histoire condensée des maladies les plus ravageuses, abandonnées comme une salade aux œufs sous le soleil de l'Arctique.
Nombre de ces organismes congelés ne survivront pas au dégel ; les conditions pour les ramener à la vie, généralement fastidieuses, impliquent un passage en laboratoire. Mais, en 2016, un garçon est décédé, vingt autres ont été infectés, par une libération d'anthrax : le permafrost en régression avait fait apparaître à l'air libre la carcasse gelée d'un renne tué par la bactérie au moins soixante-quinze ans auparavant ; plus de deux mille rennes d'aujourd'hui en ont aussi été victimes. (…) 
Mais prenons l'exemple du saïga une adorable antilope naine native d'Asie centrale. En mai 2015, près des deux tiers de la population mondiale sont décédés en à peine deux jours : sur une zone aussi vaste que la Floride, absolument tous les saïgas sont morts, et la terre soudain s'est trouvée jonchée de centaines de milliers de cadavres. Pas un survivant. Un phénomène de mort de masse aussi frappant, digne d'une fiction de cinéma, a immédiatement donné lieu à toute une série de théories du complot : extraterrestres, radiations, largage de carburant de fusée. Mais aucune toxine n'a été découverte par les chercheurs qui ont parcouru les charniers - que ce soit dans les animaux eux-mêmes, dans la terre, ou dans les végétaux. Le coupable, en réalité, était une simple bactérie, Pasteurella multocida, logée dans les amygdales des saïgas depuis toujours, qui n'avait jamais menacé son hôte de quelque manière que ce soit, depuis des générations. Soudain, cette bactérie avait proliféré, migré vers le système sanguin et de là jusqu'au foie, aux reins, à la rate. Pourquoi ? « Les endroits où sont morts les saïgas en mai 2015 étaient extrêmement chauds et humides », écrit Ed Young dans The Atlantic. « En fait, le niveau d'humidité était le plus haut jamais enregistré dans la région depuis les premiers relevés, en 1948. Les mêmes conditions avaient provoqué deux précédentes hécatombes, beaucoup plus réduites, en 1981 et 1988. Lorsque les températures sont très hautes, que l'air est très humide, les saïgas meurent. Le climat est le détonateur, Pasteurella est la balle. »

D’où les climatosceptiques détournent leurs contre-arguments : « c’est déjà arrivé, c’est un phénomène naturel. » Du travail de vrais chercheurs innocents.

 Comment tout a commencé sur la terre
 Abderrazak El Albani et Alain Meunier, professeurs de géologie à l'institut de chimie des milieux et des matériaux de l'université de Poitiers-CNRS,
 Roberto Macchiarelli, professeur de paléobiologie au département géoscience de l'université de Poitiers et chercheur au Museum national d'histoire naturelle de Paris.
La planète gela entièrement ou presque, plusieurs fois en 250 millions d'années ... (-720 à -660 millions d'années) ... (-650 à -635 millions d'années) ... (vers -582 millions d'années)...
Vous pourriez découvrir l'alternance plus ou moins régulière d'épisodes plus chaud et plus rigoureux de quelques dizaines de milliers d'années seulement ! (…)
L'exemple le plus étonnant est, sans conteste, le maximum thermique du Paléocène-Eocène, qui eut lieu il y a environ 56 millions d'années. La planète entra alors dans une période de plusieurs millions d'années durant laquelle le climat fut particulièrement chaud.(…)
Comment les scientifiques expliquent ces déclenchements et basculements, en partie par « les influences de l'inclinaison de l'axe de la terre sur le plan de l'écliptique (période de 41 000 ans, plus l'axe est incliné, plus les saisons sont contrastées et vice versa), de la précession des équinoxes (période de 23 00 ans en moyenne) et l'excentricité de l'orbite autour du soleil » ( période de 100 000 et de 413 00 ans). (Rassurez-vous je n'ai pas tout compris non plus).

Ce qui s’est produit sur des millions d’années, aujourd’hui arrive en 2 siècles seulement et s’emballe ces 3 dernières décennies. Voilà pourquoi leurs arguments sont caducs et spécieux.
À présent le débat n’est plus sur ce qui risque d’arriver mais sur comment en limiter les effets.

Les auteurs cités ici ne se contentent pas d’alerter. Ils examinent les possibilités d’atténuer les conséquences du processus en cours.Dans un prochain article j’en ferai un compendium.

En complément des articles suivants :
Hé ! Les climatosceptiques. Non mais allo, quoi !
Changement climatique ; inégalités sociales. Rien à faire ! Rien à faire ?
Municipales. Les écologistes gagnants mais, l’Écologie peut-être pas


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