F.Desouche : l’imposture
par Florentin Gastard
lundi 15 février 2010
"France mère des arts, des armes et des lois,
Tu m’as nourri longtemps du sein de ta mamelle :
Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle,
Je remplis de ton nom les antres et les bois.
Si tu m’as pour enfant avoué quelquefois,
Que ne me réponds-tu maintenant, ô cruelle ?
France, France réponds à ma triste querelle :
Mais nul, sinon Echo, ne répond à ma voix..."
Du Bellay, Les Regrets, 9
Celui qui est selon les rumeurs exilé aux Etats-Unis d’Amérique, contrée du cosmopolitisme et des valeurs universalistes, de l’esprit aventureux et des grands espaces, ce fameux blogueur d’extrême droite, François Desouche, un anonyme qui n’ose signer de son nom ses billets au chauvinisme étriqué, regrette sans doute aujourd’hui le pays qu’il a aimé, et où il serait interdit de séjour, le pays qu’il a aimé et qui n’existe plus : nous parlons de la France nationaliste, conservatrice et fille aînée de l’Eglise catholique.
Le débat odieux sur l’identité nationale qui a été lancé par le gouvernement, dont M. Desouche s’est une fois de plus fait le valet, et même le mauvais génie, aura au moins permis de montrer une chose : le peuple français n’est pas prêt à suivre sur les pentes glissantes de l’extrémisme et du souchisme des personnages médiatiques soucieux avant tout de leur petite célébrité, et qui n’hésitent pas à faire croire aux gens toutes sortes de choses à des fins personnelles.
Quoi ! Il y aurait un esprit spécifiquement français issu du sang gaulois, à la fois fier et teigneux, tel le coq agressif à la crête bleu blanc rouge qu’idolâtrent les partisans de l’extrême droite ? Il y aurait des raisons légitimes de se prévaloir d’une origine franco-française, -ce qui est de nos jours rarissime-, pour réclamer plus de droits que les individus issus d’un mélange harmonieux des couleurs et des continents ? Il y aurait des raisons de croire que les siècles d’asservissement intellectuel imposés par l’Eglise vaudraient mieux qu’une éventuelle domination de l’Islam, qui effraye tant de nos concitoyens obsédés par la peur de l’étranger ?
L’Islam, au même titre que toutes les religions, est un danger pour la France, c’est-à-dire : un danger pour l’humanité. Mais la culture de l’eau bénite et des Croisades meurtrières, que ne dénoncent jamais M. Desouche et ses acolytes, c’est la mise en avant du mysticisme contre la raison : c’est la bêtise réactionnaire éigée en idéologie.
M. Maurras a dit : "Je suis pour le nationalisme intégral".
M. Desouche aurait pu dire : "Je suis pour le misonéisme intégral".
Au mépris de toutes les vérités historiques attestées, M. Desouche s’est plu, ces derniers mois, à affirmer que les Arabes n’avaient pas contribué à transmettre à l’Europe affaiblie par les siècles sombres du Moyen Âge le savoir antique qui lui a permis de reprendre sa marche vers le progrès ; il a affirmé que les immigrés n’avaient pas contribué à reconstruire la France détruite après la Seconde Guerre mondiale, autant d’inventions démagogiques visant à entraîner la population qui souffre de la crise dans la spirale de la violence verbale, dans l’enfer du délire paranoïaque et dans un mysticisme (ou druidisme) de la régénération nationale.
Malheureusement pour la petite entreprise de M. Desouche, la France n’est plus intéressée par ces questions d’identité qui relèvent d’un autre âge ; tous les sondages ont montré que le débat lancé par M. Besson la révulsait, à telle enseigne que le gouvernement a été obligé de l’arrêter pour limiter les dégâts avant les élections régionales de mars, alors que ce débat avait justement été lancé pour enrôler les électeurs traditionnels du Front National. Surtout, M. Desouche évite systématiquement d’aborder les question sociales car, en fin politicien, il sait très bien que c’est la pauvreté qui est le vivier de l’extrémisme. En critiquant le libéralisme économique depuis les Etats-Unis (selon les rumeurs), il se contredit lui-même : son chiffre d’affaires n’est pas en "anciens francs" mais... en dollars !
Désormais, dans une France largement favorable au multiculturalisme, le site de M. Desouche -qui figure dans les Favoris de Marine Le Pen- est la risée des citoyens, et l’augmentation importante de son audience est en grande partie due à cela. Avide du moindre "scoop", M. Desouche lasse même les internautes les plus désoeuvrés qui avaient pu, à un moment, se complaire dans la vitupération, et qui ont aujourd’hui, pour la plupart, retrouvé Voici, Gala, ou d’autres lectures plus innocentes...
Pour conclure, nous analyserons le déclin de l’influence des idées de M. Desouche dans l’opinion en soulignant le fait que ses thèses ne sont plus adaptées à la France du XXI ème siècle. Il n’a pas compris qu’il y avait d’autres façons de critiquer le capitalisme qu’en revenant obstinément au nationalisme, au protectionnisme et au traditionalisme.
Dénoncer les idées de ceux qui voudraient une telle politique, c’est là la priorité absolue pour la gauche progressiste, à l’époque de la mort des Nations.
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