FabLab : l’âge de faire

par Saltz
lundi 16 mars 2015

Vivons-nous un tournant de mode vie avec ces Fablabs ?

Est-ce l'avant-garde d'une nouvelle industrialisation ? 

Est-ce une réponse à la crise ?

Est-ce l'annonce d'une nouvelle société ?

Un fablab (contraction de l'anglais fabrication laboratory, « laboratoire de fabrication ») est un lieu ouvert au public où l'on met à sa disposition toutes sortes d'outils, notamment des machines-outils pilotées par ordinateur, pour la conception et la réalisation d'objets. 

Le concept de FabLab est né à la fin des années 90 au MIT (Massachusetts Institute of Technology), sous la forme d’un cours intitulé « How to make (almost) everything », sous l’impulsion du professeur Neil Gershenfeld. Pour ce cours, ce dernier s’était doté d’un ensemble de machines industrielles dernier-cri afin que les étudiants viennent créer leurs propres objets, de l’élaboration jusqu’à la réalisation physique. 

Le concept s'est répandu et c'est devenu un lieu de partage des possibles, un prétexte pour se rencontrer, un héritage des cafés où l'on venait plus poussés par une soif de relations sociales que par l'envie d'ingurgiter un quart de rouge ou un demi de bière. 

C'est l'alchimie qui résulte de l'amalgame de la réunion de jeunes et de vieux, d'individus étiquetés ailleurs les uns intellectuels et les autres manuels, chacun étant différent de l'autre par ses spécialités et ses techniques. 

C'est la transposition dans le monde concret (je n'aime pas dire le monde réel) des univers créés dans le monde numérique avec les logiciels opensource et avec leurs réseaux sociaux. Aux clics « veux-tu être mon ami » et « j'aime » répondent la claque dans le dos et la bise sur la joue. Aux codes ouverts voilà les méthodes et les tours de mains révélés.

Il faut être une dizaine pour atteindre la taille critique et avoir des compétences différentes et complémentaires pour que le FabLab puisse vivre. 

On lui donne un local, puis un canapé et une machine à café. L'essentiel est fait. Viennent ensuite les outils et les machines : une perceuse, une imprimante 3D, un machine à découpe laser, une machine à coudre … ce ne sont que des exemples, pas des obligations. 

On ne vient pas consommer. Pour utiliser l'espace et ce qui s'y trouve, il faut donner. Donner de son temps. Donner de ses compétences. Alors seulement on a droit à profiter de tout : des conseils et des machines. 

On y vient pour réaliser un objet qui tient à cœur, pour le réparer ou pour le détourner de sa fonction d'origine. C'est un changement de mentalité, une rupture avec la société de consommation qui impose des marchandises à l'obsolescence programmée (ah ! S'il y avait des écologistes dans les partis politiques, ou mieux, un parti écologiste ! …) et une rupture avec les industriels qui interdisent la curiosité intellectuelle (on a tous lu la mention : si vous ouvrez le produit, la garantie cessera). 

Ce n'est pas un atelier. C'est une révolution. La philosophie des gadgets à la pomme croquée y est étrangère. On n'y demande pas de s'extasier devant un bidule au fonctionnement obscur et caché, mais au contraire on cherche à comprendre, à démonter et à reconstruire. On est loin de la boite noire avec sa magie blanche : ça marche, on ne sait pas pourquoi, mais c'est beau et c'est magique. C'est cet esprit magique, anti-rationnel, qui impose à nos dirigeants parmi les plus incultes numériquement d'Europe, à croire que les échecs de l'éducation nationale pourront disparaitre grâce à une lampe magique de la forme d'une tablette. Magiciens américains et constructeurs asiatiques s'extasient devant une telle naïveté avant d'encaisser de gros chèques. Mais fermons la parenthèse de cet "establishment bashing" et revenons à des comportements plus intelligents : le fablab.

L'enseignement n'est pas déversé verticalement par un maître omniscient envers des élèves qui écoutent sagement, passivement éperdus d'admiration devant le savoir mandarin. La connaissance y est transmise à celui qui la demande par celui qui sait la posséder partiellement. 

Pour ceux que ça titille, voici des conseils pratiques. Vous pouvez créer votre fablab sans le logo officiel ni aucune obligation. Mais vous pouvez aussi utiliser le "logo" des Fab Labs du MIT. Pour cela il est nécessaire de suivre la "charte des Fab Labs". Vous pouvez la retrouver ici en anglais : http://fab.cba.mit.edu/about/charter/  Et ci dessous en français (cf http://fablab.fr/projects/project/charte-des-fab-labs/) 

- Mission  : les fab labs sont un réseau mondial de laboratoires locaux, qui rendent possible l'invention en ouvrant aux individus l'accès à des outils de fabrication numérique. 

- Accès  : vous pouvez utiliser le fab lab pour fabriquer à peu près n'importe quoi (dès lors que cela ne nuit à personne) ; vous devez apprendre à le fabriquer vous-même, et vous devez partager l'usage du lab avec d'autres usages et utilisateurs. 

- Education  : la formation dans le fab lab s'appuie sur des projets et l'apprentissage par les pairs ; vous devez prendre part à la capitalisation des connaissances à et à l'instruction des autres utilisateurs. 

- Responsabilité  : vous êtes responsable de :

- La sécurité  : savoir travailler sans abimer les machines et sans mettre en danger les autres utilisateurs ;

- La propreté : laisser le lab plus propre que vous ne l'avez trouvé ;

- La continuité : assurer la maintenance, les réparations, la quantité de stock des matériaux, et reporter les incidents ; 

- Secret  : les concepts et les processus développés dans les fab labs doivent demeurer utilisables à titre individuel. En revanche, vous pouvez les protéger de la manière qui vous choisirez. 

- Business  : des activités commerciales peuvent être incubées dans les fab labs, mais elles ne doivent pas faire obstacle à l'accès ouvert. Elles doivent se développer au-delà du lab plutôt qu'en son sein et de bénéficier à leur tour aux inventeurs, aux labs et aux réseaux qui ont contribué à leur succès. 

Etes-vous convaincus ?

Allez-vous en rejoindre un ? voire à un créer un ?

 

Voici quelques références

Webographie :

http://wiki.fablab.is/lablocations/lablocations.html carte mondiale des fablabs

http://www.faclab.org/

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fab_lab

http://wiki.fablab.is/wiki/Portal:Labs avec un liste de fablabs dans le monde, y compris en France 

Livre : FabLabs, etc. Les nouveaux lieux de fabrication numérique

- Auteurs : Camille Bosqué, Ophelia Noor, Laurent Ricard

- Editeur(s) : Eyrolles Collection : Serial makers

- Nombre de pages : 208 pages

- Date de parution : 31/12/2014 

- EAN13 : 9782212139389 

- thème : les FabLabs sont des espaces dédiés à la fabrication, ouverts à tous et "pour tout faire". Ces lieux collaboratifs équipés de machines de toutes sortes mettent en jeu des valeurs de partage, de débrouillardise et d'émancipation. Nous croisons ici les éléments de nos observations de terrain avec de nombreux témoignages de faiseurs ou penseurs, agents discrets ou gourous incontournables de cet élan international. Par une plongée au coeur de scènes quotidiennes de ces espaces alternatifs, nous apportons ici les premières briques d'une analyse des grands enjeux contemporains liés au développement du mouvement maker. Ce livre est un instantané de la situation du réseau des FabLabs et autres tiers-lieux de fabrication numérique en France et dans le monde. Face à un sujet devenu extrêmement médiatique et politique, cet ouvrage offre une vision concrète et détaillée d'un phénomène en pleine expansion.


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