Face au déclin irrémédiable du capitalisme-€-salariat, l’urgence d’un revenu minimum universel

par Zaouder Touré
mercredi 25 novembre 2020

Dans un article précédent, j'ai décrit le déclin du capitalisme-$-salariat américain sur les 40 dernières années avec en parallèle une explosion du nombre de chômeu.rs.ses et précaires. En Europe aussi et particulièrement en France on retrouve le même mouvement. Même au Royaume-Uni où officiellement le "taux de chômage" est au plus bas depuis 1975, la pauvreté a atteint des niveaux sans précédent, l'espérance de vie était en chute dans ce pays avant la crise sanitaire actuelle et cela pour la première fois depuis la fin de la seconde guerre mondiale. En réalité au Royaume-Uni ou en Allemagne beaucoup de "salarié.e.s" travaillent soit avec un revenu très inférieur au salaire minimum, soit en sous-emploi. Par exemple, un bac+5 qui travaille comme un bac+2 est un chômeur et un bac+2 qui fait le travail d'un ouvrier simple est aussi un chômeur. Un individu obligé de travailler 2h par semaine alors que la durée normale du travail est 35 h est aussi en situation de chômage, etc.

Pour la France, les statistiques sont clairs au début des années 1970, le taux de chômage tournait autour de 1 à 2% puis il commence sa hausse tendancielle sur plusieurs décennies. Le taux de chômage peut baisser sur une ou plusieurs années (que le parti au pouvoir s'empresse de récupérer alors que c'est la concurrence anarchique mondiale qui décide) mais sur le long terme sa hausse est continue et irréversible. Aujourd'hui si on prend en compte toutes les catégories de chômeu.rs.ses de Pôle Chômage, le taux de chômage tourne autour de 20%. La superclasse des chômeu.rs.ses est donc devenue une puissance économique et sociale qu'aucun parti politique ne peut ignorer même si les partis politiques actuels sont obligés de privilégier la superclasse capitaliste-€-salariale aux intérêts opposés à la première. Cette lutte de superclasses explique l'explosion continuelle du chômage et de la précarité depuis 40 ans et l'absence d'une alternative majoritaire au sein de la population, et par conséquent, au sein des partis politiques.

Avec la crise sanitaire actuelle et la mise en place de confinements successifs sans consultations des représentants des chômeu.rs.ses et précaires, la situation matérielle de cette superclasse s'est gravement détériorée. Et pourtant, sans l'écoute et la prise en compte sérieuse des propositions des principales organisations du mouvement des chômeu.rs.ses et précaires, l'instabilité (inutile parce qu'évitable) politique et sociale deviendront la norme. L'exemple le plus frappant est le mouvement sans précédent des Gilets Jaunes. 

La nécessité d'un revenu minimum universel

Dès qu'on arrive à dépasser l'illusion du plein emploi (la révolution robotique, l'industrialisation mondiale et la saturation du marché mondial ne feront qu'accélérer le déclin du salariat), la nécessité d'un revenu minimum garanti et sans contreparties s'impose très vite. 

Les députés du Parti socialiste vont dans la bonne direction avec la proposition d'un revenu minimum garanti de 564 € maximum par mois à partir de 18 ans. 

Il y a aussi l'idée magnifique de Benoît Hamon d'un revenu mensuel de 750 euros versé à tous, indépendamment de la situation familiale, sans contre partie et tout le temps de la vie. Une idée incontournable pour l'avenir à court et moyen termes.

Pour les associations en contact direct avec les chômeu.rs.ses et précaires, comme par exemple les associations Aequitaz et Secours Catholique soutenues par le MNCP (Mouvement National des Chômeurs et Précaires), il faut un minimum vital de 867€ pour une personne seule (soit 50% du revenu médian).

La nécessité d'une alternative communiste stratégique

Pour compendre ce que j'entends par communisme, voir mes autres articles sur Agoravox car c'est très important de savoir que l'URSS n'a jamais été et ne pouvait pas être communiste. Sachant cela, poursuivons.

Le revenu minimum ne peut pas être un but stratégique (long terme) en soi mais un moyen pour basculer vers un nouveau système économique débarrassé du capitalisme-$-salariat. Et ce basculement se fera sur fond de mouvements de superclasses. Il faut pour cela une organisation politique des chômeu.rs.ses indépendante et consciente de la lutte des superclasses. Sans un Parti communiste des chômeu.rs.ses indépendant, il sera impossible aux chômeu.rs.ses et précaires de s'émanciper définitivement du chômage. 

Ce parti communiste inévitable a deux phases de développement nécessaires : une première phase où le chômage augmente mais reste minoritaire dans la population. Au cours de cette phase sa politique ne peut qu'être du socialisme réformiste.

La seconde phase débute lorsque le chômage devient majoritaire au sein de la population. A ce moment sa politique devient révolutionnaire car lorsque les chômeu.rs.ses deviennent majoritaires, l'idée communiste devient aussi dominante dans la population et la prise du pouvoir politique, une nécessité urgente.

 


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