Facebook, c’est de la merde !

par Caroline Courson
vendredi 17 août 2012

Voilà (le titre comme l’illustration) ce que vous répètent chaque jour les âmes charitables. Et moi, c’est Caroline, bonjour, je suspends les petits points, et je considère que mon temps n'est JAMAIS perdu, c'est une expression idiote inventé par des matérialistes qui pensent que les activités peuvent être partagées entre "utiles" et "inutiles", ces dernières regoupant la pensée, l'écriture, le rêve, la flânerie, les parlottes avec les copines - mais il y a quand même une tonne de repassage qui attend depuis des lustres...

Voilà aussi ce que nous a affirmé, d’une manière plus policée certes, notre prof’ d’informatique dûment rémunérée par le Conseil Général pour nous enseigner les rudiments de la cybernétique que nous, pauvres victimes du baby-boom, étions totalement incapables de découvrir en solitaire à l’instar de nos rejetons gâtés ayant eu la chance insigne d’être vaccinés à la souris dès leur premier sourire.

Alors que nous avions passé 4 longs jours sans fin et avec faim à apprendre comment mettre en page une lettre commerciale à l’américaine, ce dont je me moquais royalement comme d’un article de FOG (en cherchant la chose au monde dont je n’avais vraiment rien à cirer, c’est la première idée qui m’a sauté à l’esprit, et tant pis pour Le Point ), elle nous a gratifiés de ses ultimes conseils avant de nous lâcher, seuls et totalement inconscients, sans protection aucune, devant les écrans blancs de toutes les errances :

1 – Ne faites JAMAIS de double-clic sur Internet (j’ai demandé stupidement : « Pourquoi, sinon, ça explose ? » mais je n’ai toujours rien compris à cette recommandation).

2 – N’allez JAMAIS sur Facebook , c’est extrêmement dangereux (alors là, silence consterné dans les rangs des ignares, personne n’avait aucune idée de ce que cela pouvait bien vouloir dire.)

Mais comme, vous l’avez remarqué, j’ai l’âme naturellement frondeuse, l’esprit de contradiction très développé et que tous les interdits m’attirent, je m’y suis aussitôt précipitée, sur ce Facebook si décrié ! Depuis, je me roule avec délectation et quotidiennement dans la boue immonde de ce lieu maudit où étaient censées m’attendre les perditions les plus diaboliques.

Eh oui, « dire du mal » de FB, c’est extrêmement tendance dans les familles et les villages français, chez les curés, les gendarmes, les profs d’informatique, bref tous ceux qui marchent au pas d’une pensée unique dont la crainte principale est d’être contredite.

Ouh là là là là ! Parler avec des gens que vous ne « connaissez » pas, afficher à la face du monde votre date de naissance, votre tronche, vos goûts, vos opinions, vos désirs et vos délires, mais voyons « ça ne se fait pas », inconscient que vous êtes des risques majeurs encourus par un tel déballage malsain mettant en jeu votre intégrité la plus totale…

Et pourtant, bravo Mark Zuckerberg, autrement nommé montagne de sucre (ou de blé, non ?) par mes amis du réseau : votre idée géniale, bien mieux que des fenêtres, nous a ouvert des horizons inédits, nous a appris à « créer des liens » (tiens, ça n’était pas la belle définition d’ « apprivoiser » que le Renard donnait au Petit Prince ?), à débattre de tout avec tout le monde et à partager des informations, des idées, des textes, des images, et même des œuvres d’art, d’un bout à l’autre de la planète.

Quoique, en regardant dernièrement l’émission d’ARTE intitulée « Tous rebelles ! Le réseau c’est nous », j’aie un peu compris ce qui pouvait faire peur aux croquants de L’Auvergnat furieusement anti-FB : c’est une contestation planétaire qui, depuis 2011, s’est installée durablement sur le net, démarrant des réseaux sociaux puis descendant dans la rue, renversant sur son passage quelques régimes dictatoriaux et essayant de faire vaciller les bases de la finance internationale ( Les Anonymous et Occuper Wall Street, c’eût été impossible sans la puissance de la toile…). A l’image de la culture populaire, ces groupes issus du web ont leurs propres règles, et surtout pas de chef, toute hiérarchie y étant proscrite. Evidemment, « Ni dieu ni maître » à la puissance dix millions (alors que jusque-là, y’en avait pas un sur cent !), on comprend que ça fasse trembler dans les chaumières de la bien -pensance hexagonale…

Curieusement, ce phénomène est peu relayé par les médias traditionnels (on les comprend, ils craignent pour leur taf !). Alors qu’articles et reportages sur les politiques sont pléthore jusqu’à l’indigestion, ils parlent peu de ce nouveau pouvoir qui, par-delà la limite des contre-pouvoirs, pourrait bien devenir le VRAI pouvoir grâce à sa dimension internationale.

Et qu’on ne vienne pas me dire que le virtuel n’a rien à voir avec le réel, et qu’il faut « vivre dans la vraie vie » ! Elle est ici, la vraie vie, bien plus que dans les bureaux, les usines, les écoles où chacun gagne péniblement sa croûte sans avoir le temps de se parler, et en craignant pour son emploi au moindre bavardage ou à la plus petite incartade.

Grand merci à mon « amie Facebook » qui, incidemment, m’a soufflé le titre de ce billet et, en conséquence, l’idée du sujet. Avant, j’écrivais des articles stupides pour des journaux stupides et des publicités performantes pour des firmes avides de profits – mais ça c’était avant. Maintenant, je peux enfin crier à la face du net ce que je pense vraiment, et le partager avec ceux qui approuvent (ou pas, d’ailleurs…) !

Et puis, internet en général et FB en particulier, c’est la seule chose qui fonctionne encore au cœur de ce sacré mois d’Août désertique, quand tout s’est délité dans la langueur supposée du repos des guerrier(e)s et de l’exode obligatoire.

Faudrait être fou pour ne pas en profiter !


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