Facebook, le droit universel d’un compte sécurisé dans une plateforme humanisée ?

par grellety
jeudi 14 octobre 2010

A l’instar de tout le capitalisme qui définit des propriétés et qui concèdent des « droits d’usage » précis, Facebook invite les citoyens à devenir des utilisateurs sous conditions, c’est-à-dire avec une épée de Damoclès. Le « contrat » est type et non discutable, et tout est à l’avantage de la matrice de Californie. Pourtant, à l’instar de ce que les Sociétés Coopératives Ouvrières de Production établissent dans leur esprit, contrat et bénéfices, Facebook n’est rien sans la réalisation de la virtualisation, l’Usage, qui n’est pas simplement un flux provisoire de données comme un appel téléphonique mais l’offre d’un monde personnel, avec des textes, des messages, des photographies, des vidéos, le réseau des amis. Or, pour l’heure, alors que les usagers donnent tant, leur reconnaissance et leur respect par Facebook est très relatif. Ce texte est la fusion d’un « appel pour le respect des droits des usagers-créateurs », et d’une lettre envoyée à Facebook.

Mieux que le "lien social" qui ne fut qu’un concept d’une communication de propagande pour un candidat à l’élection présidentielle en 1995, notre nouveau monde a crée les conditions de possibilité d’un "lien humain" qui dépasse l’espace et le temps de notre condition, localisée. Après le téléphone mobile qui nous rend joignable (et surveillable) comme pour notre interlocuteur, le réseau social a ouvert l’espace-monde aux échanges, entre des habitants du monde qui, avant lui, ne se connaissaient pas, ni de nom, ni... Désormais, 1/12ème de l’Humanité vivante utilise cette plateforme de fonctions. Mais qu’est-ce que Facebook ?

Die Link

"Avoir des amis, se faire des amis, approfondir une amitié, ou au contraire, en finir pour en commencer une nouvelle, vivre par et pour une amitié qui bien souvent compte tellement plus que l’amour-haine, c’est dans notre vie de citoyens d’un nouveau monde en gestation devenu un principe de vie, pour lequel nous utilisons et privilégions des outils. Chacun sait que l’on peut heureusement vivre sans, mais tout le monde ne sait pas (les ailleurs, les anti) que l’on peut aussi vivre heureusement avec, précisément parce que les conditions de possibilité techniques résumées dans le nom et la marque « Facebook » nous permettent de découvrir des personnes passionnantes, remarquables, étonnantes, nous permettent avec elles de parler, d’échanger, de construire des amitiés, superficielles parfois, profondes aussi parfois. 

Facebook est une co-création

Facebook, à l’instar de l’économie en général, est une CO-CREATION qui dépend autant des uns (les créateurs et techniciens de Facebook) que des autres, les usagers-créateurs. Car si ceux-ci se retirent, Facebook n’est plus rien. C’est ce qui est en train de se passer pour l’autre grand réseau social qui a précédé Facebook et qui pendant un temps le dominait, Myspace. PROBLEME : si l’usager est un bénéficiaire qui crée des bénéfices pour Facebook (notamment monétaire), ses DROITS en regard de son être-acte sont faibles voire inexistants, puisque, en effet, selon un fait du prince, arbitraire et dictatorial, des comptes Facebook sont purement et simplement supprimés. A des degrés moindres, ce sont des photographies, des textes, qui peuvent l’être. Pour ces suppressions, l’usager découvre un message sur son compte lorsqu’il se connecte. Lorsqu’il s’agit de la pure et simple suppression d’un compte, il n’y a même pas de mail d’explications et de justifications.

Un problème et la censure tranche

En somme, Facebook se débarrasse d’un compte et de quelqu’un en le jetant. Ce quelqu’un avait des contacts, il a parfois publié des messages pendant des semaines, des mois, sur le mur central de Facebook, auquel ses amis, ses contacts, avaient répondu, et tout est détruit, perdu pour… Pour ? Parce que nous vivons à une époque dans laquelle les puritains Tartuffe tentent ici, comme ailleurs (les Talibans), de s’attaquer à toute l’expression humaine artistique et « érotique », Facebook a la phobie du téton, le bout des seins des femmes. Vade retro Venus ! Tout un pan de la vie culturelle est interdite. Courbet et son « Origine du Monde » peuvent rester au Musée d’Orsay. Les nus d’Hamilton peuvent rester dans les livres et les films. Etc, la liste est longue, très, trop longue. Celles et ceux qui osent, parce qu’ils sont photographes, peintres, modèles, placent leur compte sous une épée de Damoclès, attendant que Big Brother Facebook décide. Mais de quel DROIT ? Nous retrouvons les mêmes problématiques que celles du 18ème siècle lorsqu’il devint nécessaire de confronter les droits des Princes à ceux des peuples. Un usager crée un compte avec ce qu’il exprime, diffuse : ce qu’il crée est sa propriété. Un usager-artiste fait la même chose, en ne se contentant pas d’un petit effort (publier ses photos de vacances), mais le fruit d’une réflexion, d’un travail, d’un effort : ce qu’il crée sur son compte est alors plus encore sa propriété.

Pour un rappel de la loi

Nous savons tous que des citoyens exagèrent : dans la liberté totale, ils publient et publieront des propos racistes, antisémites, qui appellent à la haine et à la violence, qu’ils diffuseront de la « pornographie », mais il y a des lois pour et contre ceci, et il suffit d’en appeler à leur exercice pour que les citoyens en faute doivent s’en expliquer. Mais pour les usagers de Facebook en France, il y a et les lois nationales et les règles spécifiques du réseau ! Le rappel des lois et à la loi devrait beaucoup suffire.

Différence entre érotisme et pornographie

Reste le problème de la différenciation entre érotisme et pornographie : si nous acceptons de nous en tenir au sens de ces mots simplistes, le second désigne toute représentation explicite de relations intimes, et donc, à priori, tout ce qui montre une certaine nudité SANS une telle représentation explicite de relations intimes N’EST PAS de la pornographie. Mais là encore, il appartient à Facebook de rappeler l’usager fautif à la loi nationale et s’il n’écoute pas, à en informer les autorités. L’affaire de l’exposition des photographies de Larry Clark dont l’entrée est interdite aux moins de 18 ans à l’instar d’un film X diffusé en salle doit nous permettre de constater que, quelle qu’en soit la cause, à l’instar de l’évolution des violences et de l’augmentation de l’hypersensibilité à l’égard de celles-ci (sans compter même la part proprement hallucinatoire), il existe une tendance talibanesque à voir de la pornographie là où il n’y en a pas, et du coup à la mettre en cause en tout et partout. Il existe, en France et dans le monde, une créativité artistique et notamment photographique immense, qui, pour l’essentiel, se trouve interdite d’accès à Facebook ou s’en retrouve brutalement retranchée, par la suppression soudaine et irréversible d’un compte personnel, au motif qu’une photographie laissait voir un sein, ce fameux sein que Tartuffe ne voulait voir mais... (il n’est pas question ici des nus entiers ni des images provenant de l’industrie du x).

C’est pourquoi des utilisateurs de Facebook ont décidé d’écrire à la matrice omniprésente et omniabsente, ainsi qu’aux avocats de Facebook, avec la lettre suivante, légèrement modifiée (l’originale se trouve ici) :

"Nous sommes des utilisateurs, français, de votre offre de connection via Internet et la téléphonie mobile à un réseau d’amis et de nouveaux amis. Nous nous adressons à vous ici, en nos noms, et en celui d’un nombre indéterminé (cf. la page communauté « L’appel pour le respect des droits des usagers-créateurs »). Nous sommes obligés de vous écrire une lettre imprimée et envoyée par la poste, parce que, sur votre plateforme, il n’est pas possible aisément de s’adresser à un ou plusieurs responsables de Facebook, sauf via les « suggestions ». Mais même avec celles-ci, Facebook est actuellement un espace de publication qui, en dehors de ce que nous publions, nous et nos amis, n’a pas d’humanité, puisqu’il n’y a aucun interlocuteur que nous puissions identifier et auquel nous pourrions nous adresser. Facebook, c’est, pour un utilisateur, une compilation de fonctions et des conditions d’utilisation, mais c’est surtout ce qu’il ou elle y publie, donne, transmet, écrit, montre, révèle, découvre, apprend, par lui-même, par elle-même, par les actions de nos amis. C’est pourquoi dans « l’appel pour le respect des droits des usagers-créateurs », nous avons parlé d’une co-création. Facebook est votre offre, MAIS SANS NOUS, SANS L’ENSEMBLE DE NOS PUBLICATIONS, Facebook n’est qu’une compilation de fonctions virtuelles. Est-ce à dire que nous réclamions des droits sur votre production ? Nous n’aimons pas et ne soutenons pas les confusions. Facebook est, en tant que compilation de fonctions, VOTRE production, et sur CETTE production, les usagers que nous sommes ne peuvent et ne veulent réclamer aucun droit. PAR CONTRE, sur ce que NOUS PUBLIONS et de la manière dont nous le publions, nous vous demandons de respecter notre volonté, nos « dons » via l’interface et à nos amis, leurs dons via l’interface et à notre intention, le temps passé sur l’interface à y construire un espace personnel, somme de contacts, de messages, de publications, de signes, et, par conséquent, nous vous demandons de considérer que la création et le développement d’un compte personnel ne sont pas un jeu ou un divertissement qui peut être, PAR VOTRE FAIT, détruit d’un simple clic, comme malheureusement c’est encore le cas pour trop d’usagers. A chaque fois, tous leurs contacts ont été perdus. Tous les messages postés par leurs amis sont détruits, Les centaines de commentaires postés par sles amis le sont aussi, alors même que vous n’avez rien à leur reprocher ! Vous invitez, incitez des millions de citoyens à devenir des utilisateurs de Facebook, et vous vous permettez de détruire un compte d’un simple clic, sans justifications précises et sérieuses, sans avertissement préalable. Aussi, en tant qu’utilisateurs, nous vous demandons de nous proposer des comptes sécurisés. Par là nous voulons dire :

 

a - compte personnel indestructible (sauf par la volonté de l’utilisateur)

b - compte artistique

c - compte adulte

d - réaction pondérée et progressive

e - justificatif des demandes de modération

f - rappel à la loi dont dépend l’usager


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