Faillite de l’école conséquence de l’échec de l’éducation ?
par Jean Hartman
samedi 11 février 2012
On nous ressasse continuellement que « l’école n’est plus ce qu’elle était », « que le bac ne sert plus à rien » et l’on s’empresse d’en rendre les enseignants et le système éducatif responsable. Mais ce n’est pas un enseignant qui écrit cet article, c’est un étudiant.
"Toute tolérance, disait Clémenceau, devient à la longue un droit acquis"
Cet aphorisme traduit ma malheureuse expérience dans une école. On nous ressasse continuellement que « l’école n’est plus ce qu’elle était », « que le bac ne sert plus à rien » et l’on s’empresse d’en rendre les enseignants et le système éducatif responsable.
Mais ce n’est pas un enseignant qui écrit cet article, c’est un étudiant. Un étudiant qui s’est vu proposer par la ville de Besançon (il faut croire que la ville considère la réussite des élèves comme importantes vu qu’elle se donne les moyens de les aider) un poste dans une école afin d’aider les enfants à faire leur devoirs.
Je peux vous dire que j’ai vite déchanté. Du haut de mes 20 ans, j’ai le sentiment d’appartenir à un autre monde, pourtant, la primaire c’était il n’y a pas si longtemps pour moi. On aurait pu comprendre si j’avais été dans des écoles du genre collège Henri IV pour les primaires coupé des réalités et materné par mes parents. Et pourtant ce n’est pas le cas, j’ai fréquenté de nombreuses écoles, privée en ville, publique à la campagne et je n’ai jamais été confronté à une situation pareille. D’ailleurs pour couper court à toute conclusion hâtive, mon école en question ne se trouve même pas dans un quartier sensible (d’ailleurs, une légende urbaine voudrait que la situation soit bien meilleure là-bas.)
Lorsqu’une majorité de CE2 (puisque c’est la classe dont je suis responsable) peine à lire, à calculer et à écrire il est clair que l’enseignement est en faillite. Seulement, j’ai pu constater autre chose : l’absence totale d’investissement parental.
Laissez-moi vous donner un exemple : Dans les faits, notre rôle se résume à du maintien de l’ordre. Ce terme peut faire sourire mais c’est bel et bien notre travail, éviter que des enfants de 10-12 ans s’attaquent telle une horde (ou peut-être devrais-je dire une harde dans ce cas) à un gamin de 6 ans, éviter aussi que des enfants s’échappent pour aller au bureau de tabac à 12 ans !
Ayant encore foi en la sévérité parentale et ne voulant pas surcharger l’administration de travail en envoyant des avertissements écrits (on notera aussi l’aspect écologique de mon action puisqu’il parait que c’est de mode) nous avions décidé avec nos collègues de nous adresser directement aux parents pour leur faire part des problèmes liés à leur enfants. Pour vous donner une petite idée, j’ai surpris une de mes élève simulant une fellation au squelette de la salle de science ou encore une autre qui surfait sur Facebook (avec son portable) et dont la photo de profil la montrait en sous-vêtements. C’est Marcel Lechien qui aurait été content !
La réaction la plus courante chez les parents est de garder le silence quand il est question de la stupidité de leurs enfants. J’ai l’impression qu’ils gardent ce silence méprisant que vantait Montesquieu. On a parfois l’impression de leur parler de quelqu’un d’autre, c’est toujours les enfants des autres.
On a eu droit dernièrement à ce débat sur le châtiment corporel. Je crois que la République s’immisce dans la vie privée des citoyens que quand ça l’arrange et ne tient pas compte de certaines réalité. La perte de valeurs morales, l’absence de considérations civiques, bref, à mon sens, c’est l’éducation parentale qui engendre cet échec de l’éducation nationale. C’est là que j’en reviens à ma citation première : L’école a été trop tolérante, désormais, tout n’est que droits acquis.
Peut-être me direz-vous pour finir : Mais d’où vient cette perte des valeurs morales et civiques ? Sans doute d’un déclin de l’école elle-même.
Est-ce la poule de la faillite de l’enseignement ou l’œuf de l’éducation parentale qui est arrivé le premier ?
Cet article étant mon premier, je fais appel à l'indulgence du lecteur tout en lui rappelant qu'il s'agit plus du partage d'une expérience personnelle que d'une réflexion aboutie.