Faites le mur, faites la guerre : Trump, Netanyahu même combat

par Abdelkarim Chankou
vendredi 26 avril 2019

La cour suprême d’Israël glisse progressivement et à pas sûr vers une institution totalement acquise aux idées des ultra-orthodoxes alors que les pères fondateurs de l’État hébreu l’avaient voulu un rempart contre les dérives des majorités et un ultime recours pour les minorités particulièrement arabes

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Il y a tellement de points communs entre Donald Trump et Benyamin Netanyahu que l’on se demande si l’un a singé l’autre. En tout cas, en comparant le comportement des deux hommes - au demeurant plus qu’amis- l’on se rend compte que le premier ministre israélien a fait du trumpisme il y a près d’un quart de siècle, et de ce fait le président américain n’a donc rien d’original. Pour les deux alliés intimes, excepté les pétrodollars dégoulinant de billets verts, les Arabes sont moins que rien. Quant aux pauvres africains et asiatiques n’en parlons. De même, ces deux personnages semblent bien être prisonniers de leurs bases électorales qui les ont portés au pouvoir. Certains diraient que c’est normal qu’un politique soit l’obligé de ses électeurs. Soit. Mais pas au point de faire n’importe quoi pour eux. Pour ne citer que deux exemples, l’Américain maintient toujours contre vents et marrées la construction de son mur de séparation avec le Mexique pour ne pas perdre l’estime des ultras de son noyau dur électoral alors que l’Israélien promet à ses fans ultra-orthodoxes, au mépris des accords d’Oslo et du droit international, d’annexer toutes les colonies israéliennes de Cisjordanie (Judée-Samarie pour les intégristes).

OTAGE

Ironie de l’histoire. D’un côté on a un Trump qui bataille dur pour éviter la prison à cause d’ chapelet de casseroles qu’il traîne derrière lui (entrave à la justice, collusion avec les Russes, évasion fiscale, amourettes…) mais il tombe plein dedans. La geôle dont les murs sont constitués de ses électeurs ultraconservateurs. C’est la pire des prisons ! Idem de Bibi Netanyahu. Il semble bien être l’otage de ses électeurs ultrareligieux et ce depuis 1996. Des fans capables de le tuer si jamais il leur tourne le dos. L’assassinat de son prédécesseur Yitzhak Rabin à Tel Aviv le 4 novembre 1995 par un jeune fanatique religieux farouchement opposé aux accords de paix d’Oslo restant encore gravé dans les esprits. Pas la peine de se poser la question si l’on peut en dire autant de Trump à ce sujet. Car là aussi il y a des précédents : le meurtre de Kennedy et la tentative d'assassinat sur Ronald Reagan commise par un individu présenté alors comme un « aliéné mental ». Autre similitude entre Trump et Netanyahu : la volonté des deux hommes de faire main basse sur la cour suprême de leurs pays respectifs. Pour le premier, le but du contrôle de cette institution vénérée est de se munir d’une assurance vie intégrale contre tout imprévu défavorable. Notamment contre une éventuelle tentative de destitution « téléguidée par les méchants démocrates ». En effet, Trump promet déjà de se tourner vers la cour suprême si l’on tente de le destituer ! Il est sûr du résultat grâce à la validation le 6 octobre 2018 par le sénat de la nomination du juge Brett Kavanaugh - qui lui est acquis- à la cour suprême « vient déséquilibrer sa composition idéologique, faisant basculer la juridiction dans une majorité résolument conservatrice, en position de force pour trancher sur des sujets sociétaux de première importance. » Pour le deuxième, même constat. La cour suprême d’Israël glisse progressivement et à pas sûr vers une institution totalement acquise aux idées des ultra-orthodoxes alors que les pères fondateurs de l’État hébreu l’avaient voulu un rempart contre les dérives des majorités et un ultime recours pour les minorités particulièrement arabes. Mais avec Netanyahu qui traîne lui aussi un chapelet de casseroles (sous-marins allemands, corruption, cadeaux…) au diable les contre-pouvoirs ! Il faut savoir que « la ministre de la Justice Ayelet Shaked (parti nationaliste religieux Foyer juif) a annoncé mercredi 22 février [2017] l'élection de quatre juges pour remplacer ceux qui partent à la retraite dans les prochains mois. Trois d'entre eux au moins sont présentés comme très conservateurs, ce qui n’est pas anodin alors que la Cour pourrait avoir à se prononcer sur des lois touchant aux droits des Palestiniens. » Dont les expropriations manu militari des Arabes au bénéfice des colons, l’annexion de leurs terres… Et Dieu soit quoi encore…

http://chankou.over-blog.com/2019/04/faites-le-mur-faites-la-guerre-trump-netanyahu-meme-combat.html


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