Faudra-t-il demain être en bonne santé pour entrer dans un logement ?

par CHALOT
jeudi 19 janvier 2023

Des propriétaires privés, des bailleurs sociaux se plaignent de locataires bruyants et de comportements inappropriés.

Il n'y a pas que des personnes volontairement malveillantes qui troublent le voisinage. Nous rencontrons –nous, les bénévoles de la solidarité– des familles qui ont une fille, un fils ou des parents touchés par un « trouble du comportement ».

Que faire ? Ne pas les aider ? Penser à leurs voisins ou essayer de leur trouver un logement ?

Beaucoup de personnes, bipolaires, par exemple, qui sont suivies et accompagnées, ne posent aucun problème. En revanche, d'autres en posent de réels.

Tout le monde à droit d’être logé mais certains devraient être en même temps aidés et accompagnés. Il ne faudrait pas trier entre ceux qui sont en bonne santé et les autres – d'ailleurs, nous pouvons tous nous trouver nous aussi, un jour, en situation de fragilité psychique.

Les colibris solidaires et SOS hébergement – qui agissent de concert en Seine et Marne – ont été alertés, le même jour par trois personnes inquiètes pour un membre de leur famille.

Pour les hébergements d'urgence et la demande de logement, il existe des freins certes mais aussi des leviers comme le 115, la DDETS, les bailleurs sociaux eux-mêmes, dans le cadre de procédures.

Aujourd'hui, nous sommes en face de trois cas concernant des personnes souffrant de troubles psychiques et là nous sommes démunis.

Que faire quand une mère éplorée nous demande d'aider son fils, majeur, qui, sans aucun moyen de défense, subit la présence permanente dans sa résidence-foyer d'un homme sans logement qui a vu de la lumière et s’est imposé chez lui ?

On ne peut pas dire non....

La police informée par la mère affolée ne peut rien faire car le fils, sous « emprise », ne veut pas porter plainte ?

A priori c'est d'autant plus difficile à gérer que les deux responsables du foyer n'osent pas intervenir.

Que faire quand une femme schizophrène ou bipolaire réveille les voisins de son appartement et se met en danger en ouvrant la porte au tout venant qui vient se servir. Elle se tape la tête contre les murs et s'allonge parfois dans la rue en période de crise.

Et il ne s’agit pas là d’un « cas social » mais d'une femme de « bonne famille », comme on dit. Elle a de l'argent et règle ses loyers. Elle est simplement malade. Pour l'instant nous ne trouvons pas le moyen de la faire soigner, car elle n'est pas consentante. Dire qu'il suffirait peut être qu'une infirmière passe tous les jours lui donner ses médicaments. Nous ne lâchons pas l'affaire mais le SAMU qui l'a emmenée plusieurs fois à l'hôpital est évasif.

Nous venons d'être saisi sur une autres situation : un monsieur atteint d'un cancer et vivant seul, à la suite d'un divorce très traumatisant qui l’a conduit à quitter son travail. Il vit reclus dans un logement privé. Sa propriétaire a décidé de fermer l'accès au compteur électrique ; il s'éclaire donc à la bougie et a annoncé qu'en toute illégalité, il devrait être expulsé en fin de semaine.

Il y a là deux infractions graves :

- Même en cas de facture impayée, l'électricité et le gaz ne peuvent être coupés du 1er novembre au 31 mars de l'année …

- Une expulsion locative ne peut résulter que d'une décision de justice et et pas en période hivernale.

Étant là dans notre champ de compétence, nous empêcherons le bailleur de violer la loi.

Mais cela ne règle pas tout le problème.

Ce monsieur n'est pas en bonne santé ; il se laisse aller, il ne s'est même pas occupé de demander le RSA ou une aide. Il faudrait que cet homme puisse disposer d'un accompagnement médical et psychologique adapté.

Nous allons chercher des solutions, non pas seuls mais en interrogeant les professionnels. La mère de cet homme est prête à établir un signalement : il ne peut plus vivre tout seul en autonomie et il doit se soigner.

Ce qui nous importe à nous, bénévoles de la solidarité, c'est le point de vue humain.

Il ne s'agit pas d'opposer les locataires aux propriétaires mais de trouver des solutions de protection équilibrées et adaptées, décidées par des professionnels mais dans l’immédiat, sans attendre. Dans les trois « cas » cités il s’agit d'urgence absolue.

Pour notre part, simples bénévoles, nous allons frapper à toutes les portes pour tenter d’aider à la résolution des problèmes.

Jean-François Chalot

dessin de Sapiens

 


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