Faut-il supprimer le ministère de la Culture ?
par Emile Mourey
jeudi 1er janvier 2009
Interrogé sur sa suppression éventuelle, Jean-Jacques Aillagon, ancien ministre, estime que la question peut se poser même si elle est politiquement taboue. Depuis de longues années, selon lui, l’action de ce ministère serait devenue incompréhensible et perçue comme injuste. A la Culture, la difficulté serait que le ministre a beaucoup de mal à prendre ses distances par rapport aux populations qu’il administre (Le Monde du 19/12/08).
On ne peut pas être plus clair. Ce ministère ne sert à rien d’autre qu’à présider en se substituant aux élus qui ne demandent que cela, à accorder des subventions alors que les caisses de l’Etat sont presque vides et à soutenir des corporatismes sous prétexte de défendre la Culture.
Question de bon sens, rendons aux autres ministères ce qui leur revient. Laissons l’animation culturelle
aux collectités locales, le suivi du patrimoine classé à un secrétariat du tourisme et les questions législatives à la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale. Et puis, supprimons les Directions Régionales des Affaires Culturelles qui ne remuent que du vent tout en faisant double emploi avec l’organisation préfectorale et les collectivités territoriales.
Quant à l’archéologie et à son organisation, il me semble qu’un audit ne serait pas une mauvaise chose.
En 2003, encouragé par plusieurs élus dont je peux montrer les courriers, j’ai posé au ministre de la Culture une simple question qui me semble pourtant importante. Force est de constater que le dossier a été mis sous le coude par son directeur du patrimoine suivant les mauvaises habitudes de notre administration.
Cette demande avait été, elle-même, précédée en 2001, d’une question écrite à la ministre Catherine Tasca, laquelle, dans une superbe réponse "langue de bois", s’était défaussée sur le collège de France en la personne de son professeur titulaire de la chaire des Antiquités Nationales.
La ministre de la Culture serait-elle aux ordres du collège de France ? Dernier vestige de la monarchie, le collège de France échappe aux règles de la République et n’a de comptes à rendre qu’à lui-même. Et le brave citoyen en est à se demander qui dirige l’archéologie en France : le professeur titulaire de la chaire des Antiquités Nationales ou la Sous-directrice de l’Archéologie du ministère de la Culture ?
Faut-il rappeler mes articles qu’Agoravox a bien voulu publier sur ce sujet ?
Si la ministre de la Culture s’occupait vraiment des dossiers importants de l’archéologie française, elle serait allée sur le chantier du futur parc archéologique d’Alise-Sainte-Reine où les experts en tous genres pataugent pour donner l’explication de la bataille alors qu’à l’étranger on l’a parfaitement comprise Batalha de Alésia. Aux dernières nouvelles, on laisserait aux visiteurs le choix entre plusieurs scénarios. En revanche, pas question de relocaliser Gergovie au Crest malgré l’article de Gasty et mon explication de la bataille reprise par un site italien : Battaglia di Gergovia.
Par respect pour le contribuable, il faudrait exiger de la ministre qu’elle mette un terme à l’interminable et très coûteuse campagne de fouilles menée sur le mont Beuvray, fausse Bibracte, vrai site stratégique de l’oppidum boïen de Gorgobina selon moi, fouilles qui n’ont pratiquement rien donné de plus que celles de Bulliot sous Napoléon III.
Mais quelles sont donc les réussites dont peut se prévaloir ce ministère de la Culture ? Serait-ce les très étranges œuvres d’art moderne de Jeff Koons exposées dans les grands appartements du château de Versailles ? Triste bilan, en vérité : beaucoup de visiteurs scandalisés et une image dégradée de la France auprès des étrangers qui étaient venus dans la capitale pour voir, non des baudruches, mais la splendeur artistique du siècle de Louis XIV.