Fillon pris à son propre piège

par ddacoudre
mercredi 1er mars 2017

Ce matin le suspense était total au salon de l'agriculture. Fillon reportait sa venue et l'on n'en connait pas la raison. Situation idéale pour les médias qui se perdent en conjectures et suppositions. Bien joué, la presse s'est agglutinée devant le QG. Tout le monde était donc là pour sa déclaration, de huit minutes, fort bien construite. Ainsi, celui qui durant des années s'est présenté comme monsieur propre à l'instar du FN qui joue sur le même registre, parce que la population, soumise au matraquage de « tous pourris » depuis des années, offre un potentiel de voix qui grandit. Cela a permis l'élimination de Sarkozy et Juppé. Mais voilà il ne lavait pas son linge parlementaire avec du OMO et de fait il n'est pas tout à fait blanc. En position de leader ses opposants ont gratté de toute part, comme c'est la pratique dans ce milieu de crocodiles. Strauss Kahn en sait quelque chose, si son affaire s'était déroulée en France il serait en prison. Qui se souvient de son affaire, se souvient de la thèse « complotiste » pour éliminer un candidat gagnant à la présidentielle, dans laquelle Sarkozy aurait trempé. Fillon n'a pas de mémoire pour déclarer qu'il n'y a pas eu de précédent et de se plaindre d'un complot fomenté par la justice, qui dépend étroitement du garde des sceaux, comprendre du pouvoir.

D'autre part, sous le matraquage médiatique depuis que les faits divers ont remplacé à la Une la politique, environ autour des années 1990 (nous le vivons en direct cela dans cette campagne) par besoin et recherche de probité la présomption d'innocence a été jetée aux oubliettes. D'un autre côté la presse est devenue l'outil de la justice d'opinion fabriquée par ses faiseurs d'opinions qui commentent l'actualité, souvent sans souci du conditionnel ou de vérification que les citoyens de bouches à oreilles ou sur le net transforment en rumeurs assassines. C'est ainsi que la garde à vue est devenu monnaie courante, comme au temps du franquisme en Espagne, que la mise en examen est devenue synonyme de culpabilité. Ce dérapage qui fait de l'opinion publique une instance de condamnation est une porte ouverte vers des folies « meurtrière » à vouloir rechercher le chevalier blanc, quand nous savons et les citoyens le savent pour le faire que nous transgressons la loi tous les jours et nous voudrions que les hommes politiques soient blancs comme neige. Pour cela il faut aller vivre sur Mars, la réalité humaine est plus complexe. L'intolérance grandissante devient un danger pour la démocratie, mais surtout ce besoin de probité absolue qui ne tolère aucune analyse de situation, qu'elle présente comme du laxisme et conduira inévitablement ceux qui s'y adonnent à dresser des piloris dans la presse, les bruler sous des fagots de mots avant de les finir à la guillotine.

 

Développer la haine et l'exaspération des foules, comme le fait le FN et plus sournoisement d’autres hommes politiques en fouillant dans les poubelles de la vie pour en nourrir les débats, ne peut pas nous grandir, puisque c'est qui ira le plus bas. Fillon a joué à ce jeu, lui qui disait qu'un élu doit être blanc et que le moindre soupçon doit le porter à renoncer, encore plus s'il est mis en examen. Dans sa déclaration il se renie sur tout ce qu'il a dit. Il développe la thèse du complot et se pose en victime d'une situation qu'il a lui-même créée. Il a raison sur un point, une affaire de rien du tout, qui avant 1990 se serait réglée sans éclat. Du fait d'une intolérance crasse, bornée, ignorante, fascisante qui se précipite à la curée dès que quelqu'un chute un tant soit peu, cette affaire est devenue le Fillongate. Expression qui démontre ces excès de langage auquel l'on se livre pour frapper l'opinion, comme si cela pouvait être du même niveau que le Watergate. La conséquence en est comme je l'écrivais dans mon dernier article, de provoquer chez les citoyens des perceptions faussées..

Dans sa déclaration Fillon n'y va pas avec le dos de la cuillère, en s'en prenant à lui il déclare que la justice s'en prend à la France et à son redressement. Contrairement à la chanson de M. Sardou « ne m'appelait plus jamais France » il va falloir appelait Fillon « Monsieur France » car il semble qu'il soit investi du pouvoir divin d'être le salvateur du pays. Allez, j'y vais d'une méchanceté, c'est normal il est catholique est naturellement fidèle au Christ salvateur. Une chance pour lui qu'il ne ressuscite pas, car c'est lui qu'il chasserait du temple.

Enfin, il termine son intervention en faisant le peuple seul juge et en prenant pour soutien son parti et les quatre millions de votants aux primaires, alors qu'il ressort de ces primaires que justement ils ont éliminé ceux qui n'étaient pas blancs.

Une note favorable bien que je pense que c'est bien fait pour lui de s'être fait pendre à la corde qu'il a préparée pour les autres. Il rebondit avec courage face à l'adversité.

Je ne sais pas si ce qui lui est reproché est fondé ou non, mais il s'en sert pour justifier ses reniements.

 


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