Fin de règne républicain

par William Kergroach
mardi 10 novembre 2020

 

 Si l'on compare le mécontentement de la rue thaïlandaise et celui de la rue française, la situation démocratique de la France n'est pas nécessairement bien meilleure que celle du royaume de Thaïlande. La France n'arrive qu'en vingtième position sur l'indice de démocratie du journal britannique The Economist, derrière le Costa Rica et l'ensemble des pays du monde occidental ; et 34e, derrière le Ghana, dans le classement annuel de Reporters sans frontières sur la liberté de la Presse. Au contraste des revendications thaïlandaises, examinons ce qui laisse à désirer dans notre fin de règne républicain.

 

« Quel temps fait-il en Allemagne ? » est une allusion ironique au roi de Thaïlande, Vajiralongkorn, qui passe plus de temps dans sa maison bavaroise qu'à Bangkok. Le roi siamois est de plus en plus sévèrement critiqué, en dépit de l'article 112 du code pénal thaïlandais qui menace de quinze ans de prison toute critique du monarque. C'est le danger de tous les vieux ordres établis d'oublier les fondamentaux. La noblesse française a payé ses privilèges sans contrepartie au moment de la Révolution. Cette fin de règne républicain accumule les fautes qui entraînent la désaffection des Français.

 

Le pouvoir autocratique de Macron

Les manifestants thaïlandais pro-démocratie exigent que le Parlement exerce un contre pouvoir à celui du roi. On aimerait de même en France que les députés soient autre chose que des pions serviles entre les mains du gouvernement, que le scandale de l'Affaire Benalla semble déjà oublié. Le parti d'Emmanuel Macron vient de perdre sa majorité absolue en mai 2020, mais on entend toujours aucune divergence au sein du groupe LREM.

 De même, quand les opposants thaïlandais exigent que l'on accorde au peuple la liberté d'expression pour critiquer la monarchie, on pense encore à la France où la loi anti-fake news de Françoise Nyssen, votée en octobre 2018, fait écho aux censeurs du journal le Monde, gens politiquement orientés, qui s'autorisent à juger de la fiabilité des informations à travers leurs Decodex... On doit également dénoncer les nombreuses lois liberticides, dont la récente et funeste loi Avia, et les algorithmes de Facebook, Twitter, YouTube qui "enterrent" les articles non politiquement corrects, quand ils n'excluent pas les internautes coupables de mal penser.

 

Les « machins » inutiles de la République

Les Thaïlandais demandent l'abolition des "organes inutiles", comme le conseil privé. Que devrions-nous dire de nos innombrables commissions inutiles ? Le ministre du Budget, Jean-François Copé, promettait en 2006, de faire le ménage dans les centaines de commissions rattachées aux ministères et aux préfectures. Ces fameuses "commissions Théodule", raillées déjà par le général de Gaulle, produisent du papier qui finit, oublié, dans les tiroirs des ministères. À part entretenir l'orgueil de quelques notables, de gens localement "importants", ces réunions de grandes gueules ne servent à rien puisqu'elles ne sanctionnent jamais rien ni personne.

 

Les dépenses de maquillage de Macron

Les opposants thaïlandais souhaitent réduire le budget royal en fonction de la situation économique du pays. Nous souhaitons, nous, que M. Macron et ses ministres réduisent enfin fortement leur train de vie, y compris les 26 000 euros de "maquillage" du président.... Avec un budget de 100 millions d'euros annuels, l'Elysée coûte plus cher aux Français (3,50 euros par an) que Buckingham Palace (71 centimes). Le budget de l’Assemblée nationale est supérieur à 517,8 millions d’euros annuels, plus de 300 millions d’euros pour le Sénat. Ces millions dépensés en voitures, déplacements, dîners, repas et tralalas nourrissent le dégagisme français.
Malgré le remarquable travail du député socialiste René Dosière, nos ministres dépensent toujours plus et sans transparence. On regrette que ces fanatiques européistes ne suivent pas l'exemple de leurs homologues suédois : la ministre Mona Ingeborg Sahlin a, elle, été virée pour avoir acheté des barres chocolatées et des couches avec sa carte bleue professionnelle !

 

William Kergroach

 


Lire l'article complet, et les commentaires