Finissons-en

par alinea
vendredi 5 mars 2021

 

Des manifs, des appels, des cris, des larmes, des blessés, on se retourne, on est tous frustrés.

On demande, on quémande, on supplie, on provoque, on menace, équivoque, on rentre fatigués.

Des mois, des années, des lustres, des décennies qu’on joue à jouer à la démocratie, mais le lundi au boulot, on se plie.

Là, je sens que ce statu quo ne va pas durer.

J’ai vu, là, un appel en avant première, j’ai écouté des conversations, entendus des messages, regardé des films, des reportages, magnifiques. Il y a longtemps que dans notre humanité se tient tout le savoir du monde, il y a longtemps que l’on sait que les découvertes, les travaux, les progrès sont faits par le peuple.

Et pourtant, sous-jacents aux discours, aux écrits, une quête, une supplique… on a, inscrit en nous, l’enfantillage. Nous demandons. Nous demandons l’autorisation. Toute la société est bâtie sur ce principe au lieu d’une organisation horizontale basée sur la confiance vers un but commun. Le fait est tellement ancré que quatre vingt dix neuf pour cent des gens diront que c’est impossible. La fratrie s’entre-déchire, l’autorité parentale tranche.

J’ai idée qu’entre le quémandage et la révolte, il y a une plage inexplorée. Entre la quête, la requête, et l’enquête, nous avons un travail à faire.

La voie n’est pas tracée, mais j’ai idée qu’on ne la voit pas parce que nos yeux, nos sens, sont bouchés par la certitude que la hiérarchie artificielle qui fait l’injustice et l’inégalité, est tellement inscrite dans nos gènes de civilisés, qu’on n’a pas le choix.

Avant d’être civilisés, et cela ne fait pas si longtemps, nous étions anarchistes, libres chasseurs cueilleurs. On ne demandait rien à personne, il fallait juste être assez alertes pour se nourrir, ingénieux pour se vêtir, s’abriter. Je reviens dessus parce que j’ai l’impression que nous ne l’avons pas assez en tête : tous les progrès ont été imaginés et réalisés par le peuple.

La religion, la philosophie éternelle, étaient dans l’esprit du peuple, rien de cet universalisme était discriminant, c’était au contraire un don adressé à tous. Un progrès souhaité.

Seulement, toute organisation sociale nécessite des lois pour le vivre ensemble ; en fait, quand on y réfléchit, ça tombe sous le sens, la conduite à tenir quand on vit ensemble, mais, des mauvais sujets ont dû se multiplier pour qu’on arrive aujourd’hui à tenir en prison cent pour cent d’une population avec des lois qui n’en concernent qu’à peine dix sur cent ! Tous délinquants ou fraudeurs potentiels, nous acceptons de vivre dans une société imposée oppressive et répressive alors que c’est en haut lieu que le pourcentage de malfrats est le plus important !

Nous sommes donc hyper conditionnés aux contrôles, aux contraintes alors que nous sommes majoritairement responsables et plutôt gentils.

Le nœud du problème est là : on acquiesce parce qu’on n’a pas dénoué l’artifice premier. On acquiesce parce que comme infiltrées par notre sang, l’acceptation et la reconnaissance du chef, quasi de droit divin, c’est-à-dire inatteignable, circule en nous comme un élixir vital.

Or c’est faux. Le petit péquin qui porte sa casquette est littéralement aussi couillon que celui en bas de l’estrade qui l’a ôtée. Le problème n’est pas de violenter ou de nuire, juste tourner le dos aux injonctions ineptes de ce genre d’individus. Certes ils sont mieux habillés, mais c’est bien tout.

C’est incroyable cette hiérarchie sociale imposée comme un précepte religieux.

Il est bien temps de reconnaître, par les intéressés, le charisme ou la supériorité de l’un ou l’autre en l’une ou l’autre situation. On peut vouer respect et admiration à ses égaux par ailleurs !

Nous n’avons rien à demander à personne mais nous devons tenir compte des autres, leurs réalités, leurs talents leurs défauts, pour avancer ; et franchement, avancer c’est satisfaire nos besoins, puis laisser le temps de la créativité, la récréation, le repos, la fête. Ce qu’on nous vend comme progrès, c’est l’abrutissement du peuple pour enrichir les salauds. Merci, on n’en veut plus !

Notre société est si perverse qu’elle a descendu la créativité dans le domaine de l’argent, le gain. Et tous ont accepté. Jadis, l’artiste n’avait pas de nom, et des mécènes lui permettaient de vivre. L’art est nourrissant profondément, pas besoin de p’tites pépés au bord de piscines ! Pas besoin de photographies retouchées ! De médium, il est devenu producteur. L’artiste.

Comme rien ne nous hisse plus haut que le ras des pâquerettes, nous errons en quête de transcendance et l’errance est une impasse où tout le monde s’agglutine.

La science nous a été donnée comme valeur suprême apportée par les Lumières ; mais pas le dévoiement de la science !

Or aujourd’hui ceux qui déplorent, accusent ou combattent le dévoiement de la science sont traités avec mépris « d’anti-science » ; mais les aveugles qui se laissent glisser sur sa force d’inertie sont de moins en moins convaincants.

Parce que la science ne nourrit ni le cœur ni l’esprit, elle ne console pas le mourant ou l’endeuillé, elle ne se hisse pas sur le belvédère des faits de société, elle n’a pas de recul, elle fonce droit devant sans savoir où, et elle nous a menés dans bien des horreurs. Elle nous leurre comme le faisait la religion, elle nous inhibe, nous culpabilise, nous régresse dans l’ignorance de ses calculs, mais à vouloir toujours conquérir des marchés, elle se met au service de n’importe qui pour prouver n’importe quoi. Elle n’est plus crédible. Déjà qu’elle prétendait avoir réponse à tout, aujourd’hui elle égare.

C’est pourquoi, sans nier les énormes progrès de la chirurgie ( est-elle science ou technique ?), je veux bien être traitée d’anti-science. La philosophie, l’art, la spiritualité, le buen vivir, la contemplation, la compréhension, la bienveillance… sont plus utiles au monde, que la science évince.

Aujourd’hui, elle sert les intérêts de l’industrie du tabac, de la chimie, de l’industrie pharmaceutique beaucoup plus que les nôtres.

Alors pourquoi certains la prônent-ils encore comme horizon ?

C’est tout ça qu’il faut dépasser, c’est remettre les choses à leur place, c’est laisser notre petit ego tranquille et, plutôt que le confiner dans sa petitesse d’éternelle victime, hissons-le haut.

Gardons l’enfant qui est en nous pour la curiosité et l’émerveillement mais pitié ne gardons notre dépendance qu’au monde.

Comment on va arrêter de demander : il faut le savoir vite.

Menacer, c’est aussi demander, la violence c’est aussi demander.

On n’a que peu de temps, il faut s’y mettre tous.


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