Finkielkraut et banlieues : triste naufrage

par Gilles Klein
vendredi 25 novembre 2005

Invité de Jean-Pierre Elkabbach sur Europe 1, vendredi matin, le philosophe Alain Finkielkraut confirme, comme le montre le texte intégral de cette interview, le naufrage de sa pensée et son dérapage sur la crise des banlieues. Finkielkraut n’a pas dit qu’il regrettait ses propos ou qu’il les retirait. Il a simplement dit en termes alambiqués qu’il ne se reconnaissait pas dans les citations extraites de son interview à un journal israélien : "Du puzzle de citations qu’il y a eu dans Le Monde, surgit un personnage odieux, antipathique, grotesque, auquel je n’aurais pas envie de serrer la main et on me dit, et là le cauchemar commence, que ce personnage c’est moi, je suis sommé d’habiter ce corps textuel, d’en répondre devant le tribunal de l’opinion."

Étrange schizophrénie. Hélas pour nous et pour Finkielkraut, ce personnage, c’est bien lui. Noyé dans la confusion et la maladresse, Finkielkraut en arrive même à se présenter maintenant en victime : "Je suis quand même l’objet d’un véritable lynchage..." Il ne renie rien de ce qu’il a dit. Croit pouvoir dire qu’il a été mal compris. Se cache la vérité à lui-même en disant que l’article entier est bien, mais que les extraits ne le sont pas : "Mes propos n’ont choqué que ceux de mes amis qui ont lu le puzzle, ils n’ont pas choqué, même s’ils n’étaient pas d’accord, ceux qui ont lu l’article." Avant de finalement présenter ses excuses à la place de quelqu’un d’autre : "Je présente des excuses à ceux que ce personnage que je ne suis pas a blessés, je n’ai en moi aucun sentiment de mépris ou de haine à l’égard de quelque collectivité que ce soit."

On souhaiterait ne jamais avoir lu cet article. Triste spectacle, triste naufrage d’un intellectuel qui devrait pouvoir s’exprimer avec clarté, et rester lucide quand il n’a pas su le faire. Nous sommes gênés pour lui et pour nous. Plus tentés de le plaindre que de l’accabler.

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