Finkielkraut et l’impossible débat

par gruni
jeudi 22 octobre 2015

Alain Finkielkraut se ferait "régulièrement insulter" sur les réseaux sociaux et il n'est pas le seul. Sur les forums également, dénigrer la personnalité de l'auteur d'une idée d'une réflexion ou d'une analyse et souvent l'unique argument de certains internautes. D'ailleurs ne faudrait-il pas s'interroger sur le profil réel des ces "petits agents de police" qui avec Finkielkraut comme avec d'autres, "se font passer pour des universitaires qualifiés" et " cherchent aussi à le transformer en propagandiste réactionnaire". C'est peut-être "La seule exactitude", le philosophe n'apporte pas tous les réponses aux questions qui se posent, Mais un homme qui n'aime ni la gauche ni la droite, et qui considère que le FN est un parti irresponsable et dangereux, mérite lui aussi un peu d'attention.

Rien de tel de bon matin pour réveiller l'esprit encore en pilotage automatique, qu'un café noir sans sucre et l'apparition de Finkielkraut chez Bourdin. Une émission dans laquelle il contestait l'expression "choc de civilisations" pour la remplacer par "choc de cultures" et revenait sur l'arrivée massive de migrants en Allemagne. Bien que d'accord avec l'accueil des réfugiés, le philosophe remarquait que dans un pays où l'antisémitisme plus encore qu'ailleurs est inadmissible, la venue massive de Syriens amenait de l'antisémitisme.

Finkielkraut est revenu également sur les déclarations de Nadine Morano. Certes, il n'est nullement fan de la député européenne mais reconnaît que ses déclarations polémiques sur la race blanche avaient un sens. Car selon lui, sans parler de grand remplacement de la population blanche de culture chrétienne par une autre musulmane, la question qui se pose est celle du seuil de tolérance acceptable par les Français qu'il ne faut pas dépasser.

Le plus difficile étant de définir avec exactitude la proportion d'étrangers acceptable par les Français "dit de souche". Quant à sa remarque sur De Gaulle, lorsqu'il prétend que si le Général vivait aujourd'hui et tenait les mêmes propos sur les origines du peuple Français, il aurait "le MRAP au derrière", on ne peut guère douter de son exactitude.

Mais en France le débat n'est plus possible

Non, Finkielkraut n'est pas d'accord avec cette gauche qui fait de l'égalitarisme au nom de l'égalité, ni avec cette droite qui se voudrait utile et qui oublie la culture. Quant au Front National, il le considère comme "irresponsable et dangereux"

"Finkielkraut n'en peut plus d'entendre certains petits sermonneurs progressistes nous expliquer que les années 1930 seraient de retour, généralement ralliés à une forme d'antifascisme parodique qui n'en finit plus d'assimiler tout ce qui contredit le métissage euphorique du monde à une nouvelle peste brune". 

La personnalité auteur de la phrase ci-dessus est Mathieu Bock-Côté, docteur et sociologue qui travaille principalement sur le multiculturalisme et les mutations de la démocratie contemporaine. Dans cet article il donne son avis sur Finkielkraut et son dernier ouvrage "La seule exactitude". Son opinion mérite le détour.

Car finalement, peut-on encore débattre sereinement de l'immigration en France sans être accusé d'appartenir au Front national. Voilà également un amalgame bien commode, le mot amalgame est très à la mode, mais qui en fait le plus pour éviter de parler d'un sujet qui intéresse pourtant au plus au point la population française.

Vous avez sans aucun doute entendu parler du projet de Naja Vallaud-Belkacem, qui avec la ministre de la justice est la cible préférée de la presse d'extrême droite. Son idée restée un certain temps confidentielle, serait de modifier la carte scolaire afin d'arriver à une plus grande mixité sociale. L'annonce de cette réforme n'a pas encore fait trop de vagues, mais on pense majoritairement cette initiavive ne peut réussir qu'avec le consentement des citoyens de ce pays. Pourtant, vous verrez peut-être un jour qu'on parlera dans les médias d'un camouflage de "l'invasion migratoire". Voilà un exemple pour illustrer ce qui rend le débat si difficile. La démagogie, le mensonge et le sectarisme comme politique. 


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