Foot : les bleus dans le rouge

par Fredon
mercredi 23 juin 2010

A propos du spectacle pitoyable que l’équipe de France nous offre en ce moment, je suis atterré par certains commentaires allant jusqu’à comparer la déclaration de Patrice Evra à « des propos de mafioso » ou comme Finkielkraut qui parle « d’exclure les caïds, les 11 petites frappes qui ne font pas une équipe « ! Rien que ça. Anelka est battu.

Heureusement il y a la lecture rafraîchissante de Gilles Vervisch (De la tête aux pieds : philosophie du foot-ball) sur le sens et les dérives du foot professionnel, du sport-spectacle transformant quelques idoles en symboles de la réussite sociale dans une société où l’étalage de la richesse de quelques-uns sert de « carotte » sous le nez de l’immense majorité qui survit ou vit de moins en moins bien, jusqu’à devoir travailler plus longtemps pour une retraite amputée !
 
Puisse cette crise sans précédent dans le foot et dans le sport français, s’avérer nécessaire et bénéfique à terme ? Elle n’est jamais que le reflet de la société telle qu’elle est.
 
Mais comment peut-on « lâcher les chiens » sur les seuls joueurs, fussent-ils les premiers responsables des très mauvais résultats de ces derniers temps ?
 
Qui les a sélectionnés ? Qui les a entraînés, préparés physiquement et mentalement ? Et qui a nommé le dit sélectionneur ?
 
Qui a laissé s’accumuler les problèmes au sein d’un groupe dont l’osmose en équipe de France est, depuis quelque temps, assez problématique ?
 
Un groupe par ailleurs soudé pour défendre unanimement l’un des siens qui a « pété les plombs » dans le vestiaire, tenant des propos indéfendables…qui ont fait aussitôt la « Une » d’un quotidien « sportif ». Par quel canal ? Dans quel but ?
 
Que ces joueurs –comme tous les autres dans quelques pays- ne méritent pas les ponts d’or qui leur sont faits, relève de l’évidence.
 
Mais qui fixe leur « valeur » ? Et qui empoche le plus d’argent dans cette indécente débauche de milliards dont la provenance est tout sauf propre et transparente ? Comme les dividendes et les hauts salaires des « capitaines » de l’industrie et de la finance, des stars du trading et autres richissimes trafiquants en tous genres, sans compter les adeptes de l’évasion fiscale…souvent les mêmes.
 
Leurs gains constituent une insulte à la misère humaine, une illustration des délires d’un système économique, politique, médiatique par ailleurs tout à fait cohérent dans sa perversité et qui fuit en avant pour durer le plus longtemps possible.
 
Il lui faut pour cela offrir des jeux et du cirque au peuple en espérant entraîner les plus désespérés à y laisser la chemise pour voir de près les gladiateurs qui ne sont, en réalité, que des panneaux publicitaires chèrement payés ! Désormais les paris envahissent nos écrans télé et d’ordinateurs : passez la monnaie.
 
Et l’on entend se déchaîner la meute de ceux qui ne voient dans ce groupe que la couleur de la peau et l’origine sociale qui prédisposeraient à des excès de langage et de comportements !
 
Finie la France black-blanc-beur de 1998 ? Proprement ahurissant même si c’est dans l’air avec le débat sur l’identité nationale, le voile, l’islamophobie, les sans-papiers, l’immigration d’où nous vient tous nos maux ??
 
Cet épisode peu glorieux autant que très médiatisé (on est en coupe du monde sans l’avoir vraiment mérité) a l’immense avantage de faire passer au second plan les problèmes autrement plus importants qui tombent sur les Français en ce moment : les retraites c’est un tout autre enjeu et la partie se joue maintenant !
 
René Fredon

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