France : bienvenue en décroissance (subie) !
par llecuyer
mardi 3 août 2010
La consommation d’énergie en France en 2009 a fortement baissé : moins 5% pour les énergies primaires, selon les chiffres publiées en juillet par le gouvernement. Il faut remonter à 1975 pour trouver une baisse de cette ampleur, qui fait de la France un cas d’école pour les chercheurs en "décroissance subie".
En effet, la principale raison de cette baisse de consommation tient non pas à l’évolution volontaire des comportements et des process industriels, mais à la crise économique et de consommation : pour preuve, en 2009, les transports routiers ont chuté de 12% et la production industrielle de 15%. C’est la crise, et non pas le Grenelle de l’Environnement, la crise et ses répercussions négatives sur les échanges et les transports, et non pas les changement de comportements, qui sont pour l’essentiel à l’origine de la baisse de notre consommation énergétique.
Guère besoin d’être devin pour pronostiquer que ce phénomène est à son début et qu’il va se prolonger. L’épuisement des ressources naturelles est gravé dans la roche-mère :=). Une fois qu’on a dit ça, quoi faire ? Eh bien de l’économie circulaire. Autrement dit, éco-conception à fond les manettes, avec la prise en compte systématique des déchets comme des produits à valoriser, et l’optimisation des flux de matière et d’énergie avec les entreprises voisines. Là, force est de constater qu’en France, tout reste à faire.
Quelle inertie dans nos sociétés de marché !! J’en veux pour preuve l’extrait de cet ouvrage, trouvé ce week-end dans un squat parisien (les squats, espaces de recyclage eh oui, y compris pour les livres abandonnés) :
En effet, la principale raison de cette baisse de consommation tient non pas à l’évolution volontaire des comportements et des process industriels, mais à la crise économique et de consommation : pour preuve, en 2009, les transports routiers ont chuté de 12% et la production industrielle de 15%. C’est la crise, et non pas le Grenelle de l’Environnement, la crise et ses répercussions négatives sur les échanges et les transports, et non pas les changement de comportements, qui sont pour l’essentiel à l’origine de la baisse de notre consommation énergétique.
Guère besoin d’être devin pour pronostiquer que ce phénomène est à son début et qu’il va se prolonger. L’épuisement des ressources naturelles est gravé dans la roche-mère :=). Une fois qu’on a dit ça, quoi faire ? Eh bien de l’économie circulaire. Autrement dit, éco-conception à fond les manettes, avec la prise en compte systématique des déchets comme des produits à valoriser, et l’optimisation des flux de matière et d’énergie avec les entreprises voisines. Là, force est de constater qu’en France, tout reste à faire.
Quelle inertie dans nos sociétés de marché !! J’en veux pour preuve l’extrait de cet ouvrage, trouvé ce week-end dans un squat parisien (les squats, espaces de recyclage eh oui, y compris pour les livres abandonnés) :
L’ouvrage est intéressant quand il est remis dans son contexte : il a été publié en 1973, un an après le rapport Meadows du Club de Rome, un an après la première conférence de l’ONU sur l’environnement, à Stockolm. Je vous livre le début de l’ouvrage, et on poura ensuite reparler de l’inertie (les marins appellent ça l’erre) de nos sociétés :
Extrait de "Tout savoir sur la pollution et l’environnement", éditions FILIPACCHI 1973 :
"Pollution et environnement sont actuellement à la mode. Ce sont des sujets de conversation pour les intellectuels "dans le vent" du Vè arrondissement, dans les salons bourgeois du XVIè, et des souces de profit pour la presse et l’édition. Pourtant, cette manière typiquement française et latine de "parler" des problèmes plutôt que d’essayer de les résoudre cache une réalité, dont on commence enfin à reconnaître la gravité.
Il suffit d’ouvrir les yeux : chaque fin de semaine, des millions de citadins fuient leurs villes empuanties et bruyantes : en avril 1972, plusieurs centaines de jeunes manifestaient à bicyclette pour protester contre l’envahissement de Paris par l’automobile : ils étaient 10 000 à Bugey pour protester contre l’installation d’une centrale nucléaire. Beaucoup - jeunes et moins jeunes - choisissent la "vie verte" et vont s’installer dans des fermes abandonnées pour essayer de mener au rythme des saisons une existence saine, tout en préservant la nature. Les magasins d’aliments "naturels" font fortune en vendant à prix d’or des oeufs, des poules nourries naturellement, des poireaux non traités aux pesticides, du pain de blé biologique".
Presque 40 ans plus tard, l’auteur, Liliane Elsen, est présidente d’Ile de France environnement Essonne. Dans cet ouvrage de jeunesse, sans doute un des premiers livres de "vulgarisation" sur les impacts de nos sociétés sur l’environnement, Liliane Elsen dresse un constat qui reste en partie d’actualité !
Il est assez saisissant de mettre en parallèle la rapidité des évolutions technologiques et des changements sociétaux avec la lenteur des prises de conscience. Pourquoi a-t-il fallu 40 ans pour que les signaux d’alarme tirés par Meadows, Copenhague et consors (dont Liliane Elsen) soient pris au sérieux par les médias et le grand public ?
Celles et ceux qui cherchent une clef d’explication (même réductrice) pourront utiliser celle-ci, que j’emprunte à l’ami Jean-Marc Jancovici (voir son excellent livre "le plein s’il vous plaît") : l’abondance énergétique a représenté pour nos sociétés (je parle au passé par optimisme :=) une véritable drogue, procurant une réduction de douleur (mécanisation, soins modernes, etc) et une euphorie (vitesse, transport, glaces en plein été etc) inédites.