France Insoumise : vers un spectaculaire virage politique ?
par Fergus
mercredi 1er avril 2020
En cette période de confinement lié à la pandémie de Covid-19 s’est produit, il y a 48 heures, un évènement politique qui, la chose mérite d’être soulignée, n’a pas été ébruité dans les médias. En l’occurrence, un sommet confidentiel des caciques de La France Insoumise dont la tenue a été initiée par Jean-Luc Mélenchon. C’est à un cousin de la femme d’un député LFI que l’on doit aujourd’hui de savoir en détail ce qui s’est dit lors de cette importante réunion…
Il n’est évidemment pas question de dévoiler l’identité de ce député. Mais les éléments du verbatim de la « réunion stratégique » à laquelle il a été convié – par visio-conférence comme tous les participants – n’en sont pas moins authentiques et auraient pu être appelés à faire l’effet d’une bombe dans le paysage politique français comme vous pourrez le constater en lisant ce texte. Je vous livre ces éléments, retranscrits d’une vidéo, sans commentaire ni analyse de ma part, tels qu’ils m’ont été communiqués par ce « cousin » qui a tenu à garder l’anonymat.
Lundi 30 mars. 10 h 15. Les connexions effectuées, des échanges ont lieu entre les participants sur la situation sanitaire de notre pays et la nécessité – « une fois passée la crise du coronavirus », soulignent plusieurs élus – de « demander des comptes » aux gouvernants successifs sur l’incurie dont ils ont fait preuve, notamment dans l’« Affaire des masques » et sur le manque « révoltant » de lits de réanimations et de tests de dépistage. 10 h 30. La réunion proprement dite débute. Le président du groupe La France Insoumise à l’Assemblée Nationale, prend la parole le premier sur un ton solennel :
Mélenchon : Mes amis, l’heure est grave. Comme vous avez tous pu le constater, depuis que le Covid-19 a sévèrement grippé (si j’ose dire) l’économie de notre pays, Macron vient sans vergogne piétiner nos platebandes. Il se gargarise des mots « fraternité » et « solidarité ». Mieux encore, il affirme que : « la santé gratuite sans condition de revenu, de parcours ou de profession [et] notre État-providence ne sont pas des coûts ou des charges, mais des biens précieux. » Plus à gauche que lui, tu meurs !
Corbières (avec un haussement d’épaules) : Bof ! C’est une grossière manœuvre de triangulation politicienne qui ne trompera personne…
Autain : … et qui ne peut gêner que les socialos…
Bompard : … ou les écolos pastèque.
Mélenchon (dubitatif) : J’aimerais le croire. Mais l’animal est rusé, et une partie de notre électorat, peu familiarisée avec l’outil informatique – et donc privée d’accès aux décodeurs citoyens du web – est sans doute trop naïve pour flairer la duplicité. Ces gens pourraient se laisser berner par cette conversion miraculeuse du bébé Rothschild au Progrès social, à l’État protecteur, et aux valeurs de l’Humanisme.
Coquerel : Pas faux ! Surtout qu’en ce moment, nos compatriotes ont besoin de croire qu’émergera un nouveau projet de société en sortie de crise du Coronavirus.
Quatennens (approbateur) : D’autant plus que Macron a martelé le mot « guerre » le 16 mars et filé, depuis cette date, la métaphore guerrière. Il est possible que, dans sa mégalomanie, il se prenne pour De Gaulle. Or, il est incontestable que le Grand Charles a favorisé la création du Conseil National de la Résistance et facilité l’émergence des lois sociales de 1946, très majoritairement inspirées par les camarades communistes…
Rufin : Adrien a raison de rappeler ces faits. Pour peu que Macron se glisse dans la peau de De Gaulle, avec un petit zeste de Jeanne d’Arc investie d’une mission – autrement dit qu’il ait vu la Vierge –, il est possible qu’il effectue un virage à 180°… Franchement, j’ai beaucoup de mal à y croire, mais le risque peut exister dans un pays en situation d’« après-guerre », pour parler comme Manu 1er.
Lachaud (l’air préoccupé) : Oui, et si c’est le cas, on sera mal. Très mal…
Mélenchon : Vous avez tout compris, les amis. C’est pourquoi, je vous propose une stratégie audacieuse pour contrer Macron : trianguler nous-mêmes en nous positionnant sur l’ancien créneau socialiste, au moins au niveau du discours, à savoir de gauche, mais pas trop, façon Canada Dry.
Suit, dans un silence de cathédrale, un moment de sidération collective, rompu par le député de la 1ère circonscription de Seine-Saint-Denis :
Coquerel (sur un ton sarcastique) : Si j’ai bien compris, Macron nous double sur la gauche, et nous le doublons sur la droite. Mais que devient L’Avenir en Commun ? On en fait des confettis ?
Aubry (manifestement agacée) : Ou du PQ ? Il en manque dans les rayons des hypers… N’importe quoi !
Quatennens (un pli soucieux barre son front) : Perso, je trouve ce stratagème dangereux. Et plus encore déloyal à l’égard de ceux qui nous ont élus. Qui plus est, si ça nous fait gagner des voix d’anciens électeurs du PS, ce genre de tambouille n’a aucune chance de passer auprès du noyau dur de nos troupes. Désolé, Jean-Luc, je ne te suis pas !
Autain : Les camarades ont raison : il s’agirait d’une stratégie suicidaire de notre part. Et surtout aussi pourrie que celle de l’adversaire.
Rufin (avec une moue d’approbation) : Ouais, bel et bien pourrie ! Et sans doute inutile : n’est pas de Gaulle qui veut ! Qui dit que Manu 1er ne va pas se planter avec sa triangulation bidon ? N’oublions pas que Macron est foncièrement, et définitivement, un type de droite, un suppôt du capitalisme décomplexé, un valet des ploutocrates ! Qui peut croire à un virage social venant de lui ? Chez nous, en Picardie – mon ex-condisciple de La Providence* devrait le savoir et le méditer –, les vieux disent : « Chti qui piche conte eul vint, is rinche ses dints ! »
Sourire général.
Mélenchon (après un bref instant de réflexion) : Mes amis, je vous ai écoutés. Et rassurez-vous, je vous ai entendus : il n’y aura pas de triangulation hasardeuse !... Comme disent les vieux Marseillais du Panier ou de Noailles : « Lou tems e l’espérienço rendon l’òme sage ! » Or, de sagesse, je l’avoue humblement, j’en ai manqué sur ce coup-là. J’ai même « fait le cacou », comme disent les jeunes sur la Canebière. Sans doute une réminiscence inopportune de mon passé d’apparatchik socialiste friand de combines politiciennes… Oublions cela, les amis, et restons fidèles, sans y déroger de quelque manière que ce soit, à nos valeurs de Progrès et de Justice sociale... Merci pour votre engagement et votre lucidité !... Allez, Adessias ! Et respectez bien les « gestes barrière », cette cochonnerie de coronavirus ne doit pas être prise à la légère !
Un grand merci à Ferréol Batifoulier… Zut ! j’ai donné le nom du « cousin » !
* « La Providence » est un lycée privé jésuite d’Amiens où Macron et Rufin ont fait une partie de leurs études.
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