France Inter, la matinale du 10/01/20 : Ce matin Carlos Ghosn se plaint que la France ne l’a pas soutenu mais cela ne dure pas

par Octave Lebel
samedi 11 janvier 2020

Léa et Carlos. Deux vedettes de la communication au summum de leur art. Un art puissant, redoutable qui ne rend de compte si on l’observe bien au-delà des artifices et des leurres qu’à lui-même et ses commanditaires. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ce texte parle de journalisme. Dans le service public de l’information. Non ? Si.

"Il faut aller auprès des jeunes pour leur expliquer comment on fabrique l’information" Sybille Veil (présidente-directrice générale de Radio France).

Heureusement, France Inter a lavé l’affront fait à ce condottiere de l’économie mondialisée du XXI° siècle par la bouche et le talent de Léa Salamé égérie consacrée et maintenant omniprésente du service public de l’information. Mieux que ne l’aurait fait Paris Match et l’Opinion réunis. Admiration pour l’artiste. Si. On peut admirait la maîtrise et le savoir-faire même si on trouve la prestation inappropriée vis-à-vis du sujet et de l’invité dans une radio de service public aux heures de grande écoute. Admiration pour le culot des deux aussi. Ce n’est jamais que la deuxième fois en quelques jours sur les mêmes antennes qu’ils se produisent ensemble au service de la même cause. N’y aurait-il pas là matière à investigations pour le service éponyme de Radio-France ?

Un mélange de bienveillance et de questions moralisantes qui permettent au vilain garçon présumé victime de déployer sa touchante absolution de lui-même. D’infantiliser un peu aussi l’auditeur qui mis en condition se souvient que petit on lui a appris qu’il fallait respecter l'autorité de la maîtresse d’école. Si la prestation avait été répétée, la fluidité des réponses aurait pu être difficilement améliorée. Un délicat ballet servi par une petite musique de chambre qui vous prend par le bras avec une fermeté juste un peu appuyée et qui vous conduit dans la ronde avec les deux interprètes .Si vous avez des questions encore mieux choisies et mieux balancées pour permettre à une victime de se défendre contre un complot ourdi par un pays non démocratique et sa diabolique justice, faites-nous en profiter. Cela peut toujours servir au cas où. Et aussi pour se prémunir d’être aspiré dans ce type de danse à l’insu de son plein gré par de belles voix aux modulations richement travaillées et un rythme binaire envoûtant qui comble si bien notre curiosité en proposant des questions aux réponses déjà prêtes. Cela permet de bien commencer la journée avec des certitudes confortables et le sentiment d’être dans le coup. Merci Léa.

Si vous n’êtes pas d’accord, faites-vous une idée par vous-même, il n’y a pas mieux. Vous pouvez écouter le podcast. Cela vaut le coup, c’est touchant même. On a l’impression de voir deux acteurs plus que confirmés servis par les dialogues bien inspirés de certaines séries. C’est beau à voir et à entendre. C’est là qu’est le tour de force. C’est là paraît-il que maintenant dans le métier on gagne ses galons. Si vous vous laissez gagner par le doute, n’ayez pas peur, c’est bon signe. C’est vrai que ce n’est pas confortable de douter et de s’appliquer à se construire sa propre opinion. Et pourtant quand vous avez commencé, vous avez du mal à revenir sur vos pas. Ce n’est pas spontané et il est difficile de dire « en fait, je ne sais pas » mais c’est un point de départ extraordinaire et jubilatoire qui ne vous conduira pas dans les bras de quelqu’un qui prétend savoir et vous dire ce qu’il faut penser ni où regarder ou alors vous vous êtes fourvoyé. Dans un vieux pays, il y a longtemps, certains avaient rêvé que tous les citoyens soient éclairés tout au long de leur vie pour pouvoir exercer leur citoyenneté.

Pour le quotidien urgent et immédiat, si vous ne voulez pas que ce type de journalisme ne l’emporte définitivement - il n’y a aucune raison pour que cela s’arrête tout seul, il est extrêmement puissant, cela n’a pu vous échapper qu’il s’est développé à la vitesse d’un champignon à qui on offre les meilleures conditions et ce n’est jamais assez si on écoute ses promoteurs et entrepreneurs - soutenez entre autres le mouvement de résistance qui existe au sein du service public de l’information avant qu’il ne soit trop tard. Ne vous y trompez pas, ne regardez pas ailleurs comme on vous y invite si bien ou alors le réveil sera très douloureux et la perspective d’une démocratie aboutie à la hauteur du développement économique et culturel de notre pays se trouvera encore plus fortement repoussée.N'en avez-vous pas assez de ce sentiment d'impuissance et de démocratie confisquée après chaque élection.Ne vous laissez pas dépouiller de richesses qui sont notre bien commun et qui sont indispensables à une démocratie. Vous imaginez un monde dans lequel Carlos Gohsn serait propriétaire de plusieurs types de médias et Léa Salamé sa directrice de l’information ? Renseignez-vous, réveillez-vous oserais-je dire, ce ne sont pas les mêmes noms mais c’est déjà le cas presque complètement. Et il n’y a là aucune raison de se résigner. Cela commence simplement par un premier pas .Le premier pas personnel est le plus important, c’est celui que vous faites pour vous que personne ne pourra faire à votre place.


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