France, lève-toi !

par Candide
lundi 11 janvier 2010

Le 10 Janvier 2010,

 Au seuil de cette nouvelle année, début de la deuxième décade du 21ème siècle, je voudrais adresser à tous mes meilleurs vœux de bonheur, de santé et de prospérité.

Et dans ces moments moroses et neigeux, j’adresse à ce pays cher à mon cœur, la France, mes vœux les plus sincères ainsi qu’un peu de soleil de l’Arizona.

Cela fait un peu plus d’un an que je vis aux USA, en Arizona. Fin 2008 et 2009 ont été catastrophiques pour le monde entier au niveau de l’économie réelle. Je ne suis pas venu ici au meilleur moment, c’est le moins que l’on puisse dire. Et pourtant…Pour autant que je puisse le constater au travers de mes lectures, des informations diverses que je reçois tous les jours, ce n’est pas ici en Arizona que les choses sont au pire.

D’abord, restons pragmatique, ici il y a le soleil, tous les jours. Et même en ce moment on mange sur les terrasses, ce qui est appréciable quand on sait à quel point le beau temps influe sur le moral. L’Arizona n’est pas le Nord Est américain, je sais. L’Espagne n’est pas non plus la Norvège. Je ne parle que du temps qu’il fait, bien sûr.

Ensuite, il y a la vie de tous les jours. Eh bien, malgré la crise, malgré tout ce que j’entends et lis ici et là sur Internet, à la télévision française, dans les journaux français, je ne ressens pas autour de moi de catastrophe. Mes amis américains sont, ou en tout cas le laissent paraître, parfaitement heureux et détendus. Il n’y a pas de miséreux aux carrefours, les rues sont toujours d’une propreté impeccable, les voitures sont toujours neuves, silencieuses et propres. Le carburant super coute toujours $2.50 le gallon de 3.72 litres, les prix n’ont pas augmenté et parfois même ont diminué (vêtements, voitures, maisons, électronique). Le gouvernement aide au maximum ceux qui ont perdu leur emploi, fournit des aides pour diminuer les factures d’assurance, de crédit, d’études. On pense même à l’écologie : ici plutôt qu’une taxe carbone, on peut déduire le montant de ses investissements dans le solaire, et partout on vend des panneaux solaires pour les particuliers à des prix sans commune mesure avec les prix français.

Comme je le disais dans un précédent article, les américains sont pratiques, disciplinés et pensent d’abord à ce qu’ils peuvent faire pour leur pays plutôt qu’à ce que le pays peut faire pour eux. Ils savent que cette crise est profonde, qu’elle n’est pas terminée et qu’elle laissera des cicatrices. Alors ils se mettent à étudier, pour changer de métier, se reconvertir. Les collèges sont débordés d’inscriptions d’adultes, chômeurs où non. A tout âge on peut apprendre un nouveau métier, car il n’y a aucune discrimination à l’embauche, surtout par rapport à l’âge. La seule chose qui compte c’est la compétence. Evidemment, ici il y a la préférence nationale et ce sont les citoyens américains qui ont droit en priorité aux aides américaines et aux emplois américains. Charité bien ordonnée commence par soi-même.

 Cette crise leur a aussi fait perdre un peu de leur confiance dans le monde de la finance, complètement déconnecté de leur capitalisme à eux, qui est entrepreneurial avant tout. Alors ils se mettent à épargner, ce qui n’est pas une mauvaise chose pour eux, car ils ne manquent de rien et sont autosuffisants dans tous les domaines. Mais c’est une catastrophe pour le monde car quand les américains n’achètent plus, la Chine, l’Asie, l’Europe vacillent. Les marchés financiers ne se soucient que de la santé américaine, peu leur importe les faillites de Dubaï, de la Grèce ou de l’Islande. Peu leur importe les déboires industriels de la France, le chômage européen, la crise qui empire partout dans le monde. Seule compte l’Amérique à leurs yeux. Peut-être ouvriront-ils les yeux lorsque la bulle chinoise explosera.

Ils ont laissé filer le dollar par rapport à l’Euro afin de favoriser leur économie. Les japonais, les coréens ont retrouvé les allemands sur le sol américain pour produire en zone dollar. Hyundai fait en ce moment une publicité sur son nouveau SUV « proudly made in USA ». Mercédès, BMW, Volkswagen, Toyota ont compris depuis longtemps qu’il fallait produire sur place. Vous ai-je dit qu’il n’y a pas l’ombre d’une voiture française ici ? GM a commencé la production de sa voiture électrique aux USA. Ici on ne parle plus de délocalisation mais de relocalisation. C’est une des différences énormes entre la France, l’Europe et les Etats-Unis. Les entrepreneurs sont libres, ils n’ont pas les carcans administratifs et les obligations européens.

Donc chacun sait que quand la crise sera terminée c’est l’Amérique qui en sortira renforcée et plus forte que jamais. Tout simplement parce l’Amérique c’est un peuple vraiment souverain, solidaire, entrepreneur et volontaire.

Evidemment, le chemin sera long, les américains le savent. L’immobilier, surtout le commercial est au plus bas, la dette fédérale est énorme, ainsi que le chômage. Ils savent que la prospérité d’avant ne sera plus jamais la même et ils s’y préparent.

Il ne sert à rien de rendre l’Amérique responsable des problèmes du monde. Ce n’est pas parce que votre président accusera les américains de tous les déboires économiques de l’Europe que cela changera les choses. Si l’Europe est si fragilisée, c’est tout simplement parce qu’elle n’existe ni politiquement, ni économiquement, ni militairement. L’Europe est un amalgame disparate de 27 pays qui n’ont aucun point commun, ni la langue, ni le système judiciaire, ni la fiscalité, ni surtout la même volonté et la même motivation. Quant à l’Euro il n’a pas du tout protégé les économies de l’Euroland, contrairement à ce qu’on vous rabâche à longueur de journée. L’Euro est responsable de la perte de compétitivité de l’Euroland et du chômage endémique qui le frappe. D’ailleurs les pays européens qui n’ont pas la monnaie unique s’en sortent mieux en terme de chômage et de dette. Sans l’Allemagne, prisonnière de ce système pour des raisons historiques, l’Euro n’existerait plus depuis longtemps. Il est fort probable d’ailleurs qu’il implose en 2010, car l’Europe n’est même pas solidaire de la Grèce ou de l’Irlande, elle les laisse se débrouiller avec leurs problèmes, sans oublier les critères de Maastricht piliers de la stabilité de l’Euro et complètement explosés. Une sacrée différence avec l’Amérique, où un habitant du Kansas, du Nebraska ou de Virginie se sent chez lui en Californie, en Arizona ou à New-York. Même langue, même monnaie, mêmes lois fédérales partout. Et chaque Etat a ses spécificités en plus, comme les limitations de vitesse, les taxes locales (en Arizona, la TVA est à 8.5%).

Certains me rétorqueront et ils auront raison qu’il y a 30 millions d’américains (sur 310) sous le seuil de pauvreté (notion très fluctuante suivant les pays et qui correspond ici à un salaire de cadre (exploité) français), qu’autant ont des tickets d’alimentation ou de logement (je n’ai pas entendu que le RMI offrait la possibilité en France de se loger, se soigner et manger en même temps). Il y a en outre de nombreuses associations caritatives et n’oublions pas que les américains sont un peuple solidaire, qu’ils s’entraident en famille ou même entre amis.

Plutôt que de critiquer les autres et faire croire aux français qu’ils s’en sortent mieux que les autres alors que la situation française est pire que catastrophique, économiquement, politiquement, structurellement, certains feraient mieux de laisser leur arrogance au vestiaire et de cesser de vouloir donner des leçons au monde entier. Vos politiques vous ont trahis depuis trop longtemps et ils continuent, vos économistes vous ont menti et ils continuent. Vos divisions les arrangent bien.

J’ai malheureusement assez peu d’espoir de voir le village gaulois se réconcilier et s’assagir.


Quand je repense à cette France de mon enfance, les larmes me viennent aux yeux. Cette France là restera toujours et charnellement dans mon cœur, cette France si belle naturellement, cette France de la bonne chère et du plaisir de vivre, cette France de la fraternité, du dialogue, de l’humanisme, des droits de l’homme et des grands hommes.

Cette France qui n’existe plus, hélas.

Cette France n’existe plus car elle n’aurait pas dû se livrer depuis plus de 40 ans à des apprentis sorciers qui l’ont vidée de sa substance, spoliée, salie, dévaluée, meurtrie, polluée, saignée, dissociée, disloquée, appauvrie, et reléguée au rang de république bananière. Elle s’est livrée à une oligarchie, une nomenklatura avide, dénuée de scrupules qui n’a pas hésité à sacrifier des générations entières pour son seul profit immédiat. Elle n’a plus de démocratique que le nom. Les mots « Liberté, Egalité, Fraternité » ne veulent plus rien dire.

France il est temps de te réveiller. Tu ne peux pas accepter l’esclavage et l’exploitation auxquels tu es soumise. Tu ne peux pas accepter de payer de ton sang, de celui de tes enfants les erreurs commises par ceux qui t’écrasent, te trahissent et te violent chaque jour d’avantage.



France, lève-toi !


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