France, pays en voie de sous-développement...

par Eleuthera
vendredi 5 septembre 2008

Hier matin, j’ai pris le train pour me rendre de Béziers à Marseille dans le cadre d’un déplacement professionnel.

Dès mon arrivée à la gare de Béziers, j’ai été abordée par un homme d’une trentaine d’années, déguenillé et les yeux brillants, signe d’un alcoolisme avéré. Il me réclamait « un peu de temps » ; ce temps-là pour finir par me demander des pièces pour vivre. Je ne lui ai rien donné parce que j’ai douté que cet homme utilise cet argent pour manger et non pour boire. Et je n’avais pas envie de participer à ce déclin.

Dans l’après-midi, ma mission terminée, j’ai repris le train pour Béziers. Une fois montée dans celui-ci, je me suis assise pensant à cet homme du matin. Je me suis posée. J’ai ouvert les yeux et j’ai regardé autour de moi. Une vingtaine de personnes (j’ai pris le temps de les compter) se trouvaient dans ce wagon. Je me suis posée cette question « c’est ça la France ? Ceux sont ces gens, là, autour de moi, qui représentent la France ? ». J’ai retournée la tête pour me rendre compte que nous étions trois femmes de couleur blanche, au profil bien français (une jeune femme d’une vingtaine d’années, une femme âgée et moi-même). Puis j’ai écouté. J’ai entendu parler africain, anglais, arabe, toutes les langues sauf la mienne. Un moment, je me suis demandée si j’étais en France ou ailleurs ? J’ai alors regardé par la fenêtre. Et, je n’exagère pas, j’ai eu l’impression d’être sur le continent africain.

J’étais en train de me dire « non, ce n’est pas possible, où suis-je ? Qu’est-ce qu’il se passe ici, dans ce pays… ? » Lorsqu’un homme est monté dans le wagon. Ce monsieur, bien mis, propre, vêtu d’un jean et d’un polo et des chaussures a décliné son identité, carte d’identité en main. Et il nous a raconté (en citant les noms et les adresses des gens) : il a 45 ans, il travaillait dans une imprimerie à Marseille. Du jour au lendemain, il a été licencié. Il est rentré le soir de son travail et le lendemain, lorsqu’il y est retourné, sa « boîte » était fermée. Les employés étaient tous là. Le matériel avait été enlevé et ils se retrouvaient tous au chômage (je n’ai pas retenu le nombre de personnes). L’huissier marseillais les a rassurés « vous ne craignez rien… leur a-t-il dit, vous ne resterez pas sans rien ». Cela fait trois ans aujourd’hui.

Il est habillé par le Secours populaire. Il arrivait d’Avignon où on lui a refusé un logement. Et, bien évidemment, il était là pour nous demander de l’argent « Juste pour survivre, j’ai honte et j’en ai marre de vivre comme ça… ». J’ai renversé mon porte-monnaie sur ma tablette et je lui ai donné tout ce qu’il y avait. Il m’a remercié, il se retenait de pleurer. J’ai crié « J’ai honte d’être Française ! Pas vous » regardant ma voisine d’en face. Elle m’a répondu… Je ne suis pas Française… J’étais atterrée… Curieuse, je lui ai demandé sa nationalité. Hollandaise m’a-t-elle répondu. Nous n’avons pas été plus de trois personnes à lui donner de l’argent. Il est parti en s’excusant de nous avoir dérangés… No comment…

Le train est parti. J’ai regardé le paysage : identique à ce que je voyais dans le train. Des bâtiments délabrés, des citées sales, des bordures de voie mal entretenues, tous les murs tagués. A Montpellier, j’ai changé de train. Je suis montée dans un train aussi pourri que le précédent. En plus, il n’y avait pas de lumière dans les derniers wagons et les vitres étaient, non, pas teintées, mais bien sales !

Chaque jour, j’ouvre les yeux de plus en plus grands et je vois une France, un pays beau à l’origine, devenir de plus en plus petit… Quel est ce monde que nous laissons à nos enfants ? Quel est ce pays ? Qui sont les gouvernants ? Que font-ils pour la France ? Avant de s’occuper des autres, ne faudrait-il pas s’occuper de notre pays et surtout de ceux qui y vivent ? Il y a du ménage à faire avant d’aller faire celui des autres…

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