France versatile

par ddacoudre
lundi 11 juin 2012

Mélenchon avait fait de sa candidature sur les terres de Marine le Pen le point d'ancrage d’une opposition à l’extrême droite, dans la poursuite d'une lutte contre un FN à tendance fascisante, qu’il se flattait d’avoir été le seul à fustiger durant la campagne électorale.

Son élimination au premier tour est un échec patent dont il est difficile d'en retirer une analyse.

Il faut se souvenir que le FN durant la campagne présidentielle a retrouvé ses électeurs de 2002 dont une frange avait glissé vers l'UMP en 2007.

Il n'y avait donc pas eu contrairement aux affirmations médiatiques une percé du FN.

Pourtant son ancrage n’est plus à contester et a justifié le va-t’en guerre de Mélenchon

En fait ce qu'il est plus difficile de percevoir c’est que les thèmes qui caractérisaient le FN se sont imposé grâce au concours de Sarkozy qui en avait fait son surplus électoral dans la perspective des élections de 2007.

Durant ce quinquennat aucun parti n’a pu s’éloigner de ces thèmes au risque de se faire distancier. ainsi le PS a eu son homme tourné vers ces thématiques « sécuritaristes » en la personne de Valls, tandis que l’UMP affichait sans honte la prise en compte de thématiques jusqu’à là référence du FN, « sécuritarisme », « immigrationisme », nationalisme.

Ceci conduit à conclure que si le FN, n'engrange pas une progression de son électorat depuis 2002, par contre ses thèmes sécuritaires, intégrationniste, nationaliste ou anti corruption ont fait des émules tant au PS que plus nettement à l'UMP, de laquelle il faut s’attendre à ce qu'une frange rallie le FN.

C'est donc en ce sens que l'échec de Mélenchon représente l’ancrage d'un glissement d'une partie de la population vers des valeurs thématiques de l’extrême droite, est constitue une évolution problématique pour la démocratie.

Mélenchon aura donc échoué dans sa volonté d'attirer l'attention des français sur les dangers fascisants que véhiculent les thématiques du FN.

Il est difficile d'envisager les conséquences compte tenu que le présent ne ressemble pas à la situation de 1934, même s'il y a des ressemblances, l’environnement international et européen n'est pas le même, ni les technologies. Nous risquons donc de ne pas reconnaitre quand nous franchirons le pas en toute bonne conscience.

Il est courant d’entendre la mise en cause des dépenses publiques à tous les niveaux qualifiés abusivement de gaspillage. Ce point de vue semble faire une unanimité, mais ce n’est qu’une unanimité de stupidité. Il n'y a pas de gaspillage quand les prélèvements publics sont redistribués, ils changent seulement de poche, ils circulent et permettent donc une consommation. En ce sens ce que l'on peut discuter ce sont les choix prioritaires, ce qui n'est pas la même chose. Cet absence de discernement, hélas trop répandu, laisse inaugurer qu'il n'apparaitra pas plus judicieux quand l'extrême droite se mobilisera et qu’il conviendra de distinguer les franchissements fascisants, de la même manière qu’une partie des français ne furent pas plus judicieux en se rassemblant en toute bonne conscience autour du "vrai travail" au Trocadéro.

Il y a donc lieu de s'attendre à des tempêtes, car la situation économique, même avec la réussite d'un investissement Européen, ne s’embellira pas d'un coup de baguette magique.

C’est en cela que l’abstention record de ce premier tour semble démonter que dans cette présidentielle une fois de plus les citoyens ont recherché une baguette magique plus qu’une espérance dans un changement politique, ce qui est une mauvaise nouvelle pour la démocratie. Je ne crois pas du tout au phénomène de saturation qui poserait que les français votent trop.

J’ai le souvenir des employeurs se plaignant dans les années 70 que les élections étaient une période attentiste préjudiciable aux décisions économiques, ils ont réclamé et obtenu que l’état n’interviennent plus dans la création monétaire et s’engage dans un processus de stabilité.

Nous en payons les conséquences aujourd’hui, et si pour satisfaire ceux qui pensent que l’exercice de la démocratie crée des périodes attentistes, nous entrions dans cette logique reprise par des médias, il ne faudrait pas être surpris de voir le seul pouvoir qui reste au français devenir une formalité inutile au bénéfice de dieu c’est qui, mais certainement pas d’un processus démocratique.

L’on a évité le choix d’une « dictature » en votant Holllande, mais pas les difficultés à venir du fait de la droitisation de l’électorat ou de son désaveu (42%).

En fait nous retrouvons une France sans espérance et quelque peu versatile même pas capable de relayer l’espoir qu’avait éveillé le front de gauche, pourquoi en serait-il autrement, puisque les électeurs se retrouvent aujourd’hui comme hier, hier comme avant-hier et bien plus mal qu’avant-hier, alors que depuis tous ce temps les mêmes leur promettent toujours les mêmes choses.

Il y a une chose qu’ils n’ont pas encore compris c’est qu’en réalité tout véritable changement leur fait peur et ils n’en veulent pas, et faute de le repousser ils le subiront.


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