François Asselineau conseille aux Gilets jaunes de demander à leurs députés et sénateurs la destitution du président Emmanuel Macron

par Flud
lundi 26 novembre 2018

Une fois n'est pas coutume, l'AFP (Agence France Presse), qui irrigue les médias de ses dépêches, a relayé une initiative de François Asselineau.

François Asselineau est le président de l'UPR, un parti souverainiste très peu médiatisé malgré son poids en nombre d'adhérents, plus de 20 000 à jour de cotisation, et sa forte présence sur internet, où son site a le meilleur classement Alexa de tous les sites des partis politiques.

Sur le site de l'UPR, François Asselineau met en ligne un article qui permet de prémâcher le travail aux Gilets jaunes en leur proposant des lettres type à envoyer à leurs députés ou sénateurs de leur département. En effet, selon l'article 68 de la constitution française, la procédure de destitution du président de la République peut être initiée par les sénateurs ou les députés.

Cette procédure de destitution du président de la République existe depuis 2014. Bien sûr, une telle procédure n'aurait aucune chance d'arriver à son terme, et il est même fort probable qu'elle échoue assez rapidement, lors des nombreuses étapes qui la constituent. Même en admettant que les premières étapes de la procédure soient franchies, il paraît impossible que la Haute Cour de justice ne soit missionnée pour juger le président, puisque les deux assemblées doivent donner leur accord pour que la Haute Cour commence son travail. Certes, le Sénat pourrait donner son feu vert à la Haute Cour, mais il paraît inconcevable que les députés y consentent, puisque La République en Marche est majoritaire au Parlement.

Mais, assez astucieusement, François Asselineau fait remarquer que si les Gilets jaunes contactent les députés et sénateurs pour leur demander de déclencher la procédure, cela permettrait peut-être de se faire une idée plus précise de la véritable opposition à Emmanuel Macron. On se rappelle par exemple que le président des Républicains Laurent Wauquiez a tenu à soutenir les Gilets jaunes. Mais aurait-il le cran de soutenir le déclenchement de la procédure de destitution de Macron ? Il serait vraiment intéressant de le vérifier. Etant donné qu'il suffit qu'un dixième des députés, ou un dixième des sénateurs donnent leur accord pour que la procédure soit déclenchée et que l'« opposition » a un nombre de parlementaires ou sénateurs largement suffisant pour atteindre ce dixième requis, il est théoriquement tout à fait possible que les Gilets jaunes puissent accomplir ce tour de force.

Le motif qui pourrait être invoqué serait que le comportement personnel d'Emmanuel Macron est « indigne de sa fonction ». Cela fait partie des motifs utilisables, selon Didier Maus, constitutionnaliste. Or François Asselineau fournit dans son article tout une série d'arguments démontrant une « indignité ». Il est vrai qu'Emmanuel Macron est un président atypique, puisqu'il se permet de mépriser les français dans les grandes largeurs, accumulant les agressions verbales comme aucun président ne l'avait jamais fait avant lui. Nous serions, selon lui, des « Gaulois réfractaires au changement  » : il fustige les « fainéants » qui s'opposent à la réforme du code du travail, et, selon lui, il suffit de « traverser la rue pour trouver du travail ». Ce genre d'affirmation est particulièremet odieux lorsque l'on sait que le chômage complet ou partiel touche environ 10 millions de personnes en France, et que le nombre de postes vacants se situe aux environs de 300 000.

La déclaration d'Emmanuel Macron la plus ignoble est de faire une distinction entre les français « qui réussissent et ceux qui ne sont rien ».

François Asselineau rappelle de façon très juste que la philosophie des traités européens à laquelle souscrit très largement Emmanuel Macron nous conduisent à une société « où chacun serait en compétition avec tous, et où la seule valeur suprême serait le culte de l’argent, au mépris de toute autre considération, qu’il s’agisse des valeurs de partage, de protection de l’environnement, de don, d’honnêteté et de respect de tout être humain, à commencer par les plus démunis ». Et François Asselineau souligne fort à propos qu'il est indiqué dans le premier article de la constitution française, que « la France est une République indivisible, laïque, démocratique et SOCIALE ». Or les lois travail, promulguées par ordonnance par le président Emmanuel Macron, constituent une régression sociale, et ne procurent en outre aucune contrepartie, puisqu'elles ne permettent pas de relancer l'emploi.

Le portrait dessiné par le président de l'UPR dans son article offre largement de quoi justifier le lancement d'une destitution d'Emmanuel Macron et donnerait une dimension nouvelle à la colère des Gilets jaunes, qui réclament déjà une démission du Président de la République, sans avoir pensé à se tourner vers leurs députés et sénateurs pour donner un aspect plus pratique et officiel à leur revendication.

Remarquon enfin que François Asselineau invite les Gilets jaunes à réclamer la destitution du président Macron aux « députés dits d'opposition » qui « critiquent tous vertement Macron », mais aussi « aux députés de la majorité, dont un nombre croissant en a assez d'être pris pour des larbins sans cervelle par un exécutif méprisant ». Il serait vraiment très intéressant de voir si certains députés de la République en Marche auraient le culot de demander le déclenchement de la procédure de destitution de leur propre leader ! ! !

 


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