François Fillon, comme une évidence en 2017

par Bernard Dugué
lundi 9 janvier 2017

La démocratie se vit sereinement que si l’on accepte que l’équipe dirigeante ne soit pas de son bord. C’est l’alternance. Ce n’est qu’une fois les élections achevées que l’on se réjouit de la victoire de son camp ou que l’on entame un travail de deuil fort peu contraignant pour peu que l’on prenne ses distances avec la politique et que l’on reconnaisse qu’aucun des gouvernements n’a lésé une partie des citoyen. Tout au plus, quelques ajustements. Les mesures politiques se chiffrent à quelques centaines d’euros pour les classes moyennes et un peu plus pour les classes aisées, selon la couleur politique. Il se dit que les électeurs de Fillon vont voter avec leur portefeuille mais on peut en dire autant des électeurs de la gauche qui pour un grand nombre, sont aussi près de leurs sous que les gens de droite.

La sérénité peut se produire avant les élections. C’est comme le travail de deuil. Quand un proche est affecté d’une maladie incurable, on peut faire le deuil avant le décès de la personne. J’en ai fait l’expérience aussi, je fais la même expérience et j’ai fait le deuil de la gauche en 2017. Ce qui laisse entendre que la gauche est atteinte d’une maladie incurable. Ce qui est inexact sur le long terme mais avéré sur le moyen terme. La gauche est malade. C’est pour cette raison que je pense à l’élection de Fillon comme une évidence, juste pour conduire notre pays cinq de plus dans un contexte difficile mais avec des atouts non négligeables.

La présidentielle, c’est la rencontre d’un homme et d’un peuple aurait dit je ne sais plus qui. La formule a été reprise par Dominique de Villepin. C’est aussi la rencontre d’un homme avec une conjoncture, avec l’Histoire parfois. Mitterrand a rencontré l’Histoire et les émancipations des classes moyennes, contre-culturelles et jeunes (pour l’époque). Le mouvement était historique. En 2017, les Français sont sortis de l’Histoire. Pour preuve ce qui reste des classes ouvrières et populaires et qui ne font plus l’Histoire, attendant d’être récupérées par la voiture balai du Front national.

La démocratie n’impose pas de contourner l’éthique de la responsabilité quand l’éthique de la conviction conduit dans l’impasse. C’est pour cette raison que Fillon est une presque évidence alors que les Socialistes sont délaissés pour de bonnes et mauvaises raisons. C’est dommage. Le peuple de gauche n’a pas su se mettre au service des valeurs de gauche. En plus, la conjoncture est difficile. L’économie et surtout les conséquences géopolitiques avec le sentiment d’insécurité lié aux attentats et à l’afflux de migrants. Sans oublier l’anomie généralisée, les incivilités et autres délinquances que l’on peine à mesurer. Bref, la conjoncture ne se prête pas à une élection de gauche en 2017. C’est dommage.

Difficile de tracer les responsabilités à gauche. Ou plutôt les irresponsabilités. Avec surtout des médias sans envergure au service d’une propagande molle de gauche et d’une promotion de la culture de masse décadente. Les gens sont en règle générale ignorants des lois de l’économie et du fonctionnement de la politique. L’ignorance des peuples détermine aussi la conjoncture historique et politique. La situation actuelle ne peut pas être considérée comme une époque de haute culture. Mais beaucoup de gens sont informés, en bien ou en mal. Il y a un déficit quelque part et c’est le ressort de l’élection probable de Fillon comme une évidence parce que en face, il n’y a pas d’alternatives puissantes. Juste des oppositions molles face à un favori un peu moins mou mais attention aux surprises. Ce serait une bonne nouvelle que l’élection d’un président de gauche… mais…

Les Français ne sont plus à gauche et près de leurs sous, qu’ils soient riches ou des classes moyennes. Les figures politiciennes ne jurent que par l’économie, la production et le travail. Ce sont là des principes dépassés qui ne peuvent pas faire émerger une société nouvelle. Tout au plus maintenir le statu quo et dans le pire des cas conduire au chaos. Et Fillon candidat et président par défaut. Un futur président qu’il va falloir accepter faute d’avoir pris soin d’inventer un monde nouveau en s’éclairant et en partageant des intentions et des valeurs. C’est le côté positif de la démocratie. Il rend responsables les citoyens. Et si ça ne convient pas, la responsabilité en incombe aux citoyens. J’accepte en bon stoïcien le destin de la France dans un contexte d’impuissance citoyenne. Vive la France, vive la République, vive la Chrétienté !


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