François Hollande : « Déjà, il existait des traités, on ne les soumettait pas aux peuples, pas davantage à des instances de représentation »
par Le Canard républicain
vendredi 31 juillet 2015
Traditionnellement remis le jour de l’Ascension à Aix-la-Chapelle [1], le Prix Charlemagne a été décerné cette année au président du Parlement européen, Martin Schulz, « pour son travail de promotion de la démocratie » [2]. En 2014, ce dernier avait été « le bon Allemand » candidat à la présidence de la Commission européenne [3].
Environ un mois et demi plus tard, il a fait honneur à son prix et en tant que « grand social-démocrate », il attendait la nomination d’un « gouvernement de technocrates » en Grèce en cas de victoire du oui au référendum et de démission du gouvernement [4].
Lors de la remise du prix, François Hollande a « rendu hommage au récipiendaire, “défenseur inlassable de l’idée de la démocratie” » [5] et prononça un discours insipide [6]. Dans celui-ci, un passage est à mettre en perspective avec son piétinement de la souveraineté populaire lors de la ratification du Traité de Lisbonne [7], copie du Traité Constitutionnel Européen refusé par le Peuple français en 2005 par référendum, ainsi que lors de la ratification du TSCG dit Pacte budgétaire, traité voulu par Merkel et Sarkozy qui devait être « renégocié » d'après le candidat Hollande.
Transcription écrite de ce passage :
« Ici, à Aix-la-Chapelle, c’est un lieu chargé d’histoire. Ici, chacun ressent l’esprit des origines puisque c’est à Aix-la-Chapelle qu’un monarque – dont nous partageons tous ici finalement le souvenir – un monarque qui était encore nomade en ces temps incertains, Charlemagne, qui a décidé de fixer la capitale du Premier empire où devaient coexister de gré ou de force – convenons-en – les populations européennes.
Plus que tous autres, cette ville d’Aix-la-Chapelle témoigne de la fécondité d’une grande idée, celle d’un regroupement imaginé il y a plus de 12 siècles, le regroupement d’un continent. Ce rappel historique et géographique nous invite aussi à une interrogation, à une grande question : pourquoi en dépit de cette matrice commune a-t-il fallu tant de séparations, tant de conflits, tant de haine ? Pourquoi aura-t-il fallu un millénaire entier pour que le continent trouve enfin le chemin de la réconciliation, de la concorde et de l’unité ?
Non pas qu’il n’y ait pas eu de tentative pendant tous ces siècles, non pas qu’il n’y ait pas eu des rebondissements inattendus, mais il y a eu des guerres fratricides pour finir avec les deux plus grandes tragédies meurtrières du siècle dernier. Et donc, il a fallu attendre cette hécatombe qui aurait pu engloutir à jamais l’idée européenne que pour ne plus jamais revoir ces images, ne plus jamais revivre ces catastrophes, un acte de volonté admirable fut posé.
Hommage soit rendu à celles et ceux qui ont eu cette lucidité, cette force, cette conviction. C’était sans doute un réflexe de survie, mais il fallait revenir à l’unité originelle dont Aix-la-Chapelle était le symbole pour bâtir une Union européenne.
Je reviens sur cette région qui, à l’époque, s’appelait la Lotharingie, elle était issue du traité de Verdun. Déjà, il existait des traités, on ne les soumettait pas aux peuples, pas davantage à des instances de représentation. » François Hollande
Le Prix Charlemagne a été attribué à de multiples personnalités - la liste sur le site http://www.karlspreis.de/ - depuis 1950, en particulier américaines (George C. Marshall, Henry A. Kissinger, ...) et françaises (Jean Monnet, Robert Schuman,...).
Enfin, pour mémoire, Napoléon III avait signé un traité de « libre-échange » avec l’Angleterre le 23 janvier 1860. Actuellement, le Traité transatlantique se prépare [9]. François Hollande, Jeune Leader (1996) de la Fondation franco-américaine [10], le soumettra-t-il au Peuple français ? Nous pouvons sérieusement en douter...
J.G., Primidi 11 Thermidor an CCXXIII
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