François Hollande, vous êtes en danger d’être éliminé au premier tour de 2017

par Bernard Dugué
mercredi 26 juin 2013

Cher Président François Hollande, veuillez lire ces quelques lignes que je vous adresse avec respect mais sans concession avec la vérité. Ces quelques lignes d’un citoyen normal souhaitant vous éclairer sur quelques événements possibles à venir et sur ce que peut légitimement penser un Français depuis sa province en lisant les médias et en écoutant ses voisins et proches non sans jeter quelques regards sur la rue, ses gens déambulant, ses SDF et cette tristesse ambiante. Monsieur Hollande, je vous suggère de ne plus écouter vos conseillers et tous ces commensaux d’intellos et autres experts ou journalistes de masse qui ne peuvent que vous égarer car ce sont des bonimenteurs, des observateurs dilettantes, des flagorneurs prêts à vous faire entendre ce qui vous plaît et vous flatte afin de conserver leurs prébendes.

Cher François Hollande, je peux vous affirmer que pour des millions de Français, le pacte républicain est déchiré. Ne croyez pas que ce ne sont qu’affaires de fisc, d’arbitrage ou de détournement de fonds expliquant ce sentiment. C’est autre chose, c’est du vécu. Ecoutez les gens. Le triplet fondamental à la base du pacte républicain, emploi, retraite, santé, est rompu pour des millions de gens. Réfléchissez bien au sens de la réforme des retraites que vous esquissez. Vous nous jurez que la solution la plus juste sera privilégiée. Mais nous savons qu’il n’y a pas de solution juste et que l’alternative sera entre sacrifier un peu plus notre jeunesse à l’entrée de l’emploi en reculant l’âge de départ ou alors augmenter la durée de cotisation ce qui aura un double effet, celui de réduire la pension des millions de Français à la carrière incomplète et dieu sait s’il y en aura de plus en plus, tout en accentuant les inégalités car d’autres millions pourront s’ils exercent les « bonnes professions » bénéficier d’une confortable retraite. Quant au système de santé, vous savez bien que de plus en plus de gens diffèrent les soins ou même décident de s’en passer. Et sachez que ce n’est pas en leur imposant une mutuelle qu’ils seront mieux lotis car au vu des tarifs, ils devront faire l’impasse sur d’autres postes de budget familial comme la nourriture. Vous voyez bien que le sens de l’alternative pour les plus précaires c’est sacrifier les soins ou la bouffe.

La rigueur n’indigne point quand elle est répartie équitablement. Or ce qui se passe, c’est que les politiques menées depuis des décennies ont pour principe directeur le délestage et le sacrifice. Je suis bien placé pour le savoir, moi qui ai eu six mois de bourse de docteur ingénieur sucrée en 1985 au nom de la rigueur. Le délestage et le sacrifice fragilisent ceux dont les situations ne sont pas consolidées. Alors, qui sait si en 2017, les Français ne vont pas être tentés par le délestage du PS au premier tour ? Vous avez certainement scruté les résultats du Lot, département plutôt à gauche mais qui vient d’éliminer le candidat PS et pas par la faute des Verts quoique en dise Harlem Désir à qui je vous suggère d’offrir une calculette. Ce département incarne la France profonde, celle que vous auriez tendance à oublier mais qui se manifeste à diverses occasions et notamment lors de ce scrutin partiel se présentant tel un prodrome de 2017.

Le FN au second tour en 2017 est une hypothèse assez probable qui risque de se produire si rien n’est fait pour restaurer le pacte républicain. Je crois qu’il y a des mesures radicales et fortes mais elles demandent du courage. D’abord songer aux formes de précarité et aux travailleurs pauvres en créant une fiscalité négative qui assure un complément de revenus à ceux qui ne peuvent pas vivre décemment, qu’ils travaillent ou soient au chômage. Ensuite, casser le calcul des retraites en nivelant les pensions sur la base d’une retraite minimale pour chaque citoyen avec un montant d’environ 900 euros par mois. Et pour financer toutes ces mesures, une coupe dans les pensions les plus élevées, un appui de la BCE avec la planche éthique à billet et le poing sur la table pour convaincre les autres pays. Quant au système de santé, il serait bon de songer à supprimer les mutuelles et revoir les taux de remboursements. Par exemple 90 % pour tous les soins basiques avec une réévaluation équitable pour le dentaire, l’optique, ainsi qu’une refonte de la politique de santé avec plus de médecins formés et pourquoi pas des infirmières surclassées pour une médecine des pathologies courantes et de proximité dans les zones rurales. Mon imagination est sans limite. Je sais, supprimer les mutuelles ne serait pas populaire, surtout auprès de vos amis francs-maçons et des corporations qui vous soutiennent mais rappelez-vous que vous êtes le président de tous les Français et non pas celui des clans et des partisans. Et que tous ces Français sauront se faire entendre en 2017.

Maintenant, faites ce que vous voulez. La France se dégrade, la jeunesse désespère, des tas de vieux crèvent de misère, d’autres jeunes errent comme des bêtes abandonnées dans les rues et vous avez la légitimité démocratique pour ne rien changer car vous avez été élu. Mais vous ne pourrez pas supprimer les mauvaises pensées citoyennes et stopper le choc électoral qui se prépare dans les urnes et vous fera boire une honte partagée avec la mauvaise conscience bourgeoise et vos amis élus du socialisme opportuniste. Imaginez que vous soyiez derrière le candidat de droite et la candidate du FN. Mais ce n’est pas ce qu’il y a de pire. Votre conscience ne pourra pas fermer les yeux sur le désastre républicain. Et quant bien même vous seriez réélu, vous ne pourrez stopper le déclin et n’aurez de solution que policière pour contenir les colères à venir. La république sera enterrée par l’Etat autoritaire, seule voie possible pour maintenir un ordre qui saura convenir à une majorité. Et si ce n’est pas vous, ce sera votre successeur qui se chargera de l’affaire. Mais tel que je vous connais, vous saurez trouver quelques circonstances atténuantes sur fond d’explications globalistes du genre la crise est internationale, l’Europe ne nous facilite pas la tâche et nous, les élus socialistes, n’avons pu que limiter la casse. Je ne vous condamnerai pas, la fonction présidentielle n’est pas de tout repos et elle ne peut pas se substituer aux responsabilités citoyennes qui, je vais être honnête, ne sont pas à la hauteur des enjeux. Votre mentor Mitterrand avait déclaré que tout avait été essayé contre le chômage. Je n’en suis pas sûr et je crois que vous, François Hollande, n’avez pas tout tenté et si vous ne savez pas ce qu’il est possible de faire, eh bien vous pouvez toujours me contacter.

Quoique, je ne sais pas si c’est vraiment utile. Je pourrais vous expliquer pourquoi les Français pensent que le pacte républicain est rompu, pourquoi les problèmes viennent des réseaux oligarchiques et corporatistes, comment on peut trouver des solutions économiques et monétaires alternatives, pourquoi il faut organiser un vrai débat de société. Mais vous allez me répondre que vous ne me croyez pas, que ce n’est pas possible que je puisse parler ainsi, que la France va se redresser, que le chômage s’inverser et que vous serez quand même au second tour. A entendre les voix du peuple nul ne vous oblige et d’ailleurs, quand le fourbe Barroso a parlé, nous le l’avez pas cru alors entendez ce que vous voulez. Vous verrez bien le jour venu mais sachez que les verrous ont sauté et que beaucoup de Français n’ont plus de réticences à voter FN. Ils se sentent trahis de jour en jour et n’ont plus la volonté de servir les desseins de votre gouvernement au service des oligarchies et corporatismes en jouant le front républicain alors que vous qui êtes au pouvoir avec vos confrères n’avez pas pu sauver le pacte républicain en prenant les meures radicales. Croyez moi, j’ai quelques antennes fiables, j’anime des cafés philo et je rencontre du monde. Voter FN ne fait plus peur et surtout, n’est plus ressenti comme un acte honteux.

Vous verrez bien en avril 2017, comme Lionel Jospin en 2002. Si vous n’êtes pas au second tour, ne soyez pas étonné. C’est d’ailleurs ce destin que vous avez peut-être amorcé depuis que vous avez été élu sans gagner les élections par une adhésion sincère des Français. Si vous êtes au pouvoir, c’est à la faveur d’un désamour des Français pour votre prédécesseur Sarkozy pour qui je vous avoue avoir plus qu’une aversion tant ce type me semble « douteux ». Bref, Jospin aussi était parvenu au pouvoir à la faveur de ce que Machiavel appelle la fortune et comme Machiavel avait dit vrai, le pouvoir acquis par la fortune est plus fragile que celui gagné par la vertu. Donc il ne vous reste que quatre ans pour reprendre les rênes de la vertu républicaine et amorcer le changement sinon, avec votre politique de bricolage et d’arrangements entre intérêts, vous façonnerez le contexte pour ne pas passer au premier tour. J’en suis désolé mais nous ne pouvons rien faire contre les forces de l’Histoire, surtout vous François Hollande, n’en déplaise à vos amis « courtisans du socialisme » qui semblent pratiquer le déni de réalité.

Si vous ne deviez retenir qu’une formule, ce serait celle-ci : le front républicain s’est effrité parce que pacte républicain s’est déchiré. Les Français attendent d’abord un nouveau pacte républicain avant de songer au front républicain. La comédie a assez duré. 20 ans ont passé. Faites donc l’inventaire de la France gouvernée par vos trois prédécesseurs.

Cher président Hollande, je vous adresse mes sincères salutations de gauche ainsi que l’expression de mon respect eu égard à la tâche qui vous est impartie.


Lire l'article complet, et les commentaires