Gaļa

par Jean Keim
jeudi 8 novembre 2018

Si l’Univers est vivant, une planète l’est tout autant, alors ses défenses immunitaires réagissent à des symptômes pathologiques.

La journée promet d’être magnifique, au-dessus de la vallée traversée par les pointillés du petit cours d’eau régulièrement masqué par la végétation dense, quelques filaments blancs s’étirent dans un ciel céruléen parcouru par les accolades d’un couple de milans à la queue d’aronde se laissant portés par un ascendant thermique ; tout est à la joie et s’offre au soleil sans retenue. 

Il est assis dans son canapé, devant l’immense baie vitrée encartée dans une tour ouvrant sur le monde, un casque virtuel fait quasiment défiler dans son cerveau un paysage fantastique imaginé par un artiste numérique.

Notre avenir n’est fait que de conjectures, est-il dans une gouvernance mondiale qui nous prescrira nos modes d’existence, appuyée par une religion syncrétique qui justifiera toutes les mesures prises par les puissants, et nous inculquera comment penser ? 

Dans un temple-banque, engrammé dans son serveur-coffre-fort, le dieu argent numérique insatiable enflera sans cesse.

La société sera-t-elle quelque part entre "Le meilleur des mondes" et "1984" ? Entre une société de castes chimiquement policées et une tyrannie technologique et idéologique absolue.

Il est possible que sur notre planète, la disparition de plus en plus d’espèces vivantes soit due en partie non seulement à nos activités délétères, mais également une réponse de la Vie à la pensée monolithique matérialiste de notre propre espèce, sans exclure d’autres facteurs pour autant.

Pourquoi la Vie gérerait-elle une planète avec une surabondance de vies ?

Il y a à foison des oiseaux, des fleurs des arbres et d’autres plantes, des insectes, des poissons, des primates, des multitudes de vies, quand au mieux un seul représentant de chaque espèce suffira à notre mode de pensée étriquée, en attendant que des artefacts avec leur foutue I.A. remplacent à la fois chaque forme de vie et chacun de nos organes, en attendant également de pouvoir emprisonner hypothétiquement notre esprit dans un substrat d’où la vie et son intelligence de par leur nature insaisissable seront absentes, remplacées par une pauvre copie de vie virtuelle, contrainte et limitée par des algorithmes.

La planète a eu le temps d’apprendre à nous connaître, elle a eu pour cela beaucoup de temps, de patience et de sang versé, elle s’adapte pour le pire qui est à venir, il viendra sans aucun doute si un éveil inconditionnel d’une saine conscience ne se produit pas dans la communauté humaine ; si massivement nous aspirons à devenir semblables à des machines dans un monde mécanique, alors cette liberté ne nous sera pas refusée.

Nous deviendrons peut-être une nouvelle espèce animale, éventuellement dans le pire des scénarios seule dans un monde lunaire désertique et quasiment stérile, à l’image de notre conscience synthétique, ou serons-nous des cyborgs transhumains, ou encore des machines artificiellement intelligentes limitées par leurs propres artifices, et le temps auquel nous aurons sacrifié notre Intelligence et notre liberté, ainsi que notre choix de refuser de mourir de notre vivant, auront raison de nous.


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