Garantissons l’indépendance des médias !

par Vigilance Orange
lundi 10 septembre 2007

Devant la concentration de plus en plus forte de la presse et des médias en général, nuisant au pluralisme de l’information, ainsi que la détention des grands médias de presse et de chaînes de télévision grand public par des actionnaires représentant des puissances financières dépendants de marchés de l’Etat, l’indépendance des médias est gravement menacée, ce qui représente un grand danger pour notre démocratie.

Nous demandons par cette pétition de mesures légales garantissant l’indépendance de la presse et des médias, telles que :
-  une restriction de l’actionnariat dans les médias dès lors qu’il dépend de commandes de l’Etat ;
-  un pouvoir accordé aux rédactions de journalistes de s’opposer à un directeur de la rédaction.

Pour signer la pétition, cliquer ici !

Le grand nombre de titres de presse écrite, de chaînes de télévision, d’éditeurs de livres masque l’ampleur de la concentration dans les médias et ses effets dévastateurs. Les médias sont en majorité intégrés à des groupes industriels (Lagardère, Bouygues, Dassault...) :

- TF1, contrôlée par Bouygues, est en position dominante, représentant plus du tiers de l’audience totale de l’ensemble des chaînes de télévision en France. Bouygues dépend de contrats d’Etat, de collectivités locales, dans ses activités de bâtiment, de construction. La famille Bouygues, dont nous connaissons la proximité avec l’actuel président de la République, est le premier actionnaire du groupe. Les groupes Pinault et Arnault sont aussi actionnaires de Bouygues ;

- l’alliance Vivendi-Lagardère domine dans la télévision payante (Canal+, Canalsatellite). Lagardère contrôle en propre cinq chaînes de télévision et produit et distribue des programmes pour la télévision. Le groupe Lagardère dépend de commandes de l’Etat dans le domaine de l’armement ;


- la concentration connaît la même ampleur dans le secteur de la presse écrite : l’avionneur Dassault a pris le contrôle de la Socpresse (80 %) détenant L’Express, Le Figaro, Valeurs actuelles ainsi que plusieurs quotidiens nationaux et régionaux. Les liens de ce groupe avec l’Etat sur le marché de l’armement sont évidents. Lagardère, également présent dans l’armement, a aussi une position dominante dans la presse au travers de Hachette-Filipacchi (Paris-Match, Elle, Le Journal du dimanche, La Provence, Ici Paris, Nice Matin...). Enfin dernière affaire en date : Arnault, détenteur de La Tribune, envisage le rachat au groupe Pearson du quotidien financier Les Echos ;

 
- enfin dans l’édition, la domination de Lagardère s’impose au travers de la liste des maisons d’édition qu’il contrôle : Hachette, Fayard, Grasset, Hatier, Hazan, La Masque, Marabout, Pluriel, Stock, Le Livre de Poche, Larousse, Armand Colin, Dalloz, Dunod... Il est le premier éditeur de livres et le deuxième libraire de France (réseau Relay, magasins Virgin).

Ces groupes sont eux-mêmes liés entre eux : certains administrateurs de groupe Lagardère sont administrateurs du groupe Bouygues. Arnaud Lagardère lui-même est administrateur de LVMH qui appartient au groupe Arnault, lequel est actionnaire de Bouygues ! Arnaud Lagardère est aussi actionnaire de EADS qui dépend de commandes également liées à l’Etat.

Le pouvoir politique dépend du pouvoir télévisuel en même temps que les groupes contrôlant les médias télévisuels peuvent utiliser le pouvoir conféré par la télévision au bénéfice de leurs autres activités (défense, bâtiment, téléphone...). La législation anti-trust et anti-concentration est manifestement insuffisante pour entraver cette concentration et les liaisons dangereuses entre les activités industrielles et le contrôle de la télévision.

L’ampleur de cette concentration met en cause l’indépendance des hommes politiques vis-à-vis des médias, le pluralisme et la qualité de l’information et rend donc nécessaire et urgente l’adoption d’une loi limitant réellement la concentration dans les médias.

Par ailleurs, les journalistes eux-mêmes craignent pour leur indépendance et s’insurgent contre des dérives concernant la direction de leur journal, notamment suite au licenciement d’Alain Genestar de la direction de Paris Match, aux tentatives de perquisitions au Canard enchaîné dans le cadre de l’affaire Clearstream et désormais à la crise aux Echos et à La Tribune (rappelons-nous également les pressions sur Le Journal du dimanche pour ne pas publier le « non-vote » de Cécilia Sarkozy et l’avis demandé par Jean-Pierre Elkabbach à Nicolas Sarkozy sur le journaliste devant suivre sa campagne !). Dans une lettre récemment adressée au président de la République, les sociétés de journalistes de 27 médias demandent des mesures légales garantissant l’indépendance de la presse.

Face à cette menace, nous proposons la mise en place de dispositions légales visant à garantir le pluralisme et l’indépendance des médias :

- en limitant la concentration du contrôle des médias (télévision, presse et édition) par les grands groupes : un observatoire des médias calculerait les parts de contrôle des groupes industriels et financiers, tenant compte des interactions croisées entre eux, et veillerait à donner l’alerte dès qu’un seuil de contrôle serait franchi (seuil à fixer, par exemple 20 % du total dans chaque catégorie de médias) ;

- en limitant l’actionnariat et le pouvoir de contrôle dans un média télévisé ou de presse grand public à un certain seuil (par exemple 20 %) dès lors que l’actionnaire est lié à l’Etat par ses marchés (armement, construction...) ;

- en proposant que l’existence des sociétés de journalistes soit reconnue par la loi et qu’un droit de veto soit instauré afin de donner aux rédactions le pouvoir de s’opposer à un directeur de rédaction.


Lire l'article complet, et les commentaires