GDF : et le scandale continue
par Olivier Bonnet
vendredi 28 décembre 2007
"Vous êtes peut-être comme moi : vous avez peut-être été cueilli, au réveil, par la désagréable nouvelle de la prochaine hausse du prix du gaz, écrit aujourd’hui Daniel Schneidermann sur Arrêt sur images. Hausse non négligeable : 3,5 %. Ou peut-être bien 4 %, ou même 4,2 %. On n’a pas parfaitement compris. Mais on ne va pas s’arrêter à ces peccadilles. On le verra bien sur les factures. Peccadilles, car aussitôt, vous avez été rasséréné par la seconde partie de la phrase, dans la bouche des speakers unanimes du matin : ’on est loin de la hausse de 6 % qui était demandée par Gaz de France’. Là, votre journée a été sauvée. Rendez-vous compte : on a échappé à 6 % ! Merci le gouvernement, tout de même. Cette information ainsi construite, c’est ce qu’on appelle : une certaine présentation des choses. Elle n’est pas fausse, notez bien. Il est sans doute exact que Gaz de France avait réclamé une augmentation de 6 % des tarifs. Et si les speakers unanimes du matin adoptent cette présentation, c’est parce qu’ils y sont incités par les agences de presse qui, dans la nuit, ont livré la même présentation." Et le journaliste d’ensuite rappeler les éléments contenus dans notre billet du 19 décembre, Pourquoi la hausse du gaz est scandaleuse, en y renvoyant aimablement ses lecteurs. Voilà ainsi, souligné par Schneidermann, comment fonctionne l’information, façonnée suivant un moule unique, qui zappe d’un sujet à l’autre sans la mise en perspective qui permettrait aux citoyens de se forger une opinion.
Et, justement, il est un autre élément dans cette affaire qu’il nous
semble indispensable de préciser : alors même que ses dirigeants
obtiennent du gouvernement la permission d’augmenter les tarifs du gaz,
non seulement GDF fait d’énormes bénéfices, non seulement son PDG
Jean-François Cirelli touche une prime sur résultats, qui l’incite à
faire davantage payer les clients de l’entreprise pour augmenter sa
rémunération personnelle, non seulement les dividendes distribués aux
actionnaires explosent, mais, comme si tout cela ne suffisait pas, GDF a
entamé vendredi dernier un programme de rachat en bourse de ses propres
actions, pour un montant d’un milliard d’euros ! L’information a été
livrée par l’AFP, dans une dépêche en date du 21 décembre, reprise par
le site de Paris Match et des Echos le jour même, puis par L’Humanité le 24. Objectif de l’opération expliqué par la direction : "redonner de l’argent aux actionnaires". Tel quel ! "Quand une entreprise rachète ses propres actions, elle diminue le
nombre de titres sur le marché et augmente donc la valeur de chaque
action, explique Anne Renaut pour l’AFP, reprise par Bétapolitique. Les bénéficiaires de cette opération seront les actionnaires
privés de GDF, car le groupe va racheter des actions qui sont sur le
Comme il est dit dans le film La Haine de Mathieu Kassowitz, "jusqu’ici, tout va bien".